Au cœur de l’Afrique du Nord, une collaboration créative tisse des liens entre diverses traditions musicales. ConverSons, un partenariat entre l’Association Marocaine de Musique Électronique (AMME), Nuits Métis (France) et Assalamalekoum Cultures (Mauritanie), a pour objectif de démocratiser la musique électronique au Maroc tout en valorisant le patrimoine musical Amazigh.
« Nous voulions créer des lieux de rencontre entre le monde de la musique amazighe et la musique électronique dans deux buts spécifiques : promouvoir la musique électronique avec une touche marocaine et fournir une nouvelle plateforme pour la musique amazighe et marocaine au-delà de la scène folklorique traditionnelle », explique Mohamed Biyjeddiguene, cofondateur de l’AMME avec Dounia Benslimane.
Dans le cadre du projet de collaboration transfrontalière du programme All-Around Culture financé par l’UE, le trio a lancé Tekchbila, un projet de résidence musicale comprenant plusieurs activités allant d’ateliers de renforcement des capacités à la création de podcasts, en passant par l’échantillonnage de sons et la réalisation d’un court métrage.
L’équipe a déjà organisé trois voyages à Tafraout, un village pittoresque dans le sud-est du Maroc, à Miramas dans le sud de la France et à Nouakchott, en Mauritanie.
Là, ils ont assisté Women’s Independence Festival organisé par leur partenaire mauritanien, Assalamalekoum Culture. « Nous avons pu découvrir l’incroyable richesse musicale de la région », se souvient Mohamed, qui reconnaît qu’il n’est pas toujours facile de réunir différentes générations autour d’un nouveau genre musical.
« La musique électronique souffre de nombreux stéréotypes et la médiation culturelle est donc essentielle », explique-t-il. Malgré les défis que pose la fusion de genres musicaux de niche, ConverSons entend rester fidèle à sa mission de diffusion culturelle. « Avant chaque concert, nous dialoguons avec le public, nous discutons de ce qu’il s’apprête à écouter. Nous essayons d’expliquer que la musique ancestrale évolue aussi avec le temps ».
Avec Tekchbila, l’objectif est de « revaloriser le patrimoine musical traditionnel » et de le rendre plus attrayant pour les jeunes générations. « Nous avons hâte de commencer notre dernière résidence, qui mettra en lumière l’héritage ancestral à travers des instruments traditionnels tels que l’Ardîn, le Ribab et le Tallunt, combinés à des styles de musique électronique contemporains ».