L’Union européenne insiste fortement sur l’importance des compétences, qui sont particulièrement pertinentes sur le marché du travail actuel. Grâce à un certain nombre d’initiatives, l’UE aide des jeunes originaires des pays du voisinage Sud à développer leurs compétences et à s’assurer un avenir prometteur.
Dans cette série intitulée « Rétrospective », nous nous sommes entretenus avec des jeunes qui ont bénéficié de ces projets. Aujourd’hui, ils font le point sur les effets positifs de ce soutien sur leur vie.
Sandra Sleiman, une chercheuse particulièrement brillante, rêvait de partager son amour pour la nature avec les Libanais, en particulier ceux qui sont, comme elle, originaires de zones rurales. Grâce au festival REEF (Rural Encounters on Environment and Film, rencontres rurales axées sur l’environnement et le cinéma), Sandra et ses pairs ont réussi à mettre la culture à la portée des habitants des régions rurales du Liban par le biais d’événements articulés autour de nombreuses activités cinématographiques et sociales centrées sur l’environnement.
Quels étaient vos rêves lorsque vous vous êtes lancée dans cette aventure ?
REEF est né des efforts collectifs d’une grande équipe. En tant que pièce de ce puzzle, je rêvais de mettre en lumière des régions rurales comme celle dont je suis originaire.
Nous voulions « illuminer » ces zones rurales et rassembler les gens pour célébrer la beauté de leur environnement naturel et humain. Je suis très heureuse de constater les effets que le festival REEF a eus sur les communautés. Grâce à nos événements, les gens ont pu discuter de leurs problèmes communs, qu’ils soient d’ordre social, environnemental ou économique, et trouver ensemble des solutions.
Nous voulions montrer que le fait de créer des liens entre les gens grâce à un moyen d’expression artistique comme le cinéma ou le théâtre peut avoir des effets très positifs. Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que nos événements ont des retombées économiques importantes quel que soit l’endroit où nous allons. Les gens se rendent dans ces régions rurales précisément pour assister au festival ; ils louent des maisons et des véhicules, et font travailler les restaurateurs. Cette mise en valeur des régions rurales a également contribué à stimuler l’activité économique et à renforcer l’unité en permettant aux gens de s’attaquer collectivement à des problèmes communs.
Quelles compétences avez-vous acquises grâce au programme financé par l’UE et dans quelle mesure vous ont-elles aidé à réaliser vos rêves ?
Cette expérience m’a beaucoup appris tant sur le plan professionnel que personnel.
L’expérience avec le programme All Around Culture (AAC) a été pour moi [pour nous] une formidable occasion de concrétiser nos idées et de les traduire en un projet tangible et fructueux. Elle nous a ouvert l’esprit, que ce soit personnellement ou collectivement, et nous a fait prendre conscience que nous pouvions apporter la beauté et la culture dans des endroits isolés et y créer des liens.
Sur le plan personnel, j’ai acquis de précieuses compétences grâce aux ateliers, notamment en ce qui concerne la gestion financière, l’élaboration de rapports et la budgétisation. Malheureusement, ces compétences ne sont pas encore suffisamment enseignées à l’école ; c’est dommage. Généralement, ce type de formation coûte cher. Le programme AAC m’a ouvert ces portes et, aujourd’hui, je suis capable de gérer un projet ou une organisation puisque j’ai toutes les compétences nécessaires.
J’ai également compris l’importance de l’autonomie et du courage pour mes futurs projets. Ces expériences m’ont montré que je suis capable de produire des effets durables sur la vie des gens et sur ma communauté ; et que, même si je n’ai aucun soutien, je dois continuer à croire en moi et en mon projet pour réussir. Je pense que ces différents programmes ont vraiment renforcé mon épanouissement personnel et ma résilience.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fière aujourd’hui ?
Je suis très fière de mes réalisations dans le domaine de la mycologie, qui est l’étude des champignons et des moisissures. C’est un domaine souvent négligé au Liban, et j’ai été la troisième personne à prendre l’initiative de l’étudier. En tant que jeune femme de moins de 30 ans, j’ai réussi à publier trois articles sur ce domaine dans des revues internationales. Notre travail au Liban est ainsi devenu une référence dans de nombreux pays.
La reconnaissance de mes capacités et de ma fiabilité au cours de mes études supérieures m’a ouvert les portes de différents programmes et possibilités, et m’a permis de gagner la confiance et le respect des autres. Pour moi, c’est la preuve qu’il faut toujours croire en soi et en ses capacités.
Retour sur ce parcours : https://south.euneighbours.eu/fr/story/imagining-collaborative-pathways-to-culture-lebanons-one-of-a-kind-environmental-film-festival/