L’Union européenne insiste fortement sur l’importance des compétences, qui sont particulièrement pertinentes sur le marché du travail actuel. Grâce à un certain nombre d’initiatives, l’UE aide des jeunes originaires des pays du voisinage Sud à développer leurs compétences et à s’assurer un avenir prometteur. Dans cette série intitulée « Rétrospective », nous nous sommes entretenus avec des jeunes qui ont bénéficié de ces projets. Aujourd’hui, ils font le point sur les effets positifs de ce soutien sur leur vie.

La jeune Syrienne Ruby Haji Naif est une activiste très engagée qui travaille sans relâche pour faire entendre la voix des femmes, des réfugiés et des défenseurs du climat. Lors de sa récente participation à la COP28, elle a mis à profit les compétences qu’elle a acquises grâce au programme D-JIL financé par l’UE afin de plaider pour un avenir meilleur pour tous.

 

Quels étaient vos rêves lorsque vous vous êtes lancée dans cette aventure ?

J’ai toujours rêvé de devenir journaliste, de raconter des histoires. En tant que réfugiée syrienne, je veux utiliser ma voix pour raconter les histoires de mon peuple. 

Dans le contexte européen en particulier, je pense qu’il est essentiel de raconter les histoires des immigrés d’une manière humaine. Je veux décrire leur vie dans un contexte lié à l’expérience humaine au sens large. Cet aspect a toujours été très important pour moi. 

Aujourd’hui, avec la crise climatique – qui fait aussi partie de mes domaines de recherche – je pense qu’il est encore plus important de chercher à comprendre « comment les êtres humains sont amenés à s’installer quelque part ». 

Cela est étroitement lié à mon rêve de lancer ma propre entreprise sociale, qui se concentrerait sur l’intersection entre la justice climatique et l’égalité de genre. 

 

Quelles compétences avez-vous acquises grâce au programme D-JIL financé par l’UE et dans quelle mesure vous ont-elles aidé à réaliser vos rêves ?

Même si je travaillais déjà dans le domaine du journalisme, je savais que je devais renforcer mes compétences pour pouvoir vraiment exceller et avoir une réelle incidence. J’ai alors décidé de me concentrer dans un premier temps sur ma manière d’écrire et de communiquer pour être une meilleure écrivaine et mieux raconter les histoires. Les compétences que j’ai acquises grâce à D-JIL et au programme de mentorat Raseef22 ont été extrêmement précieuses pour toutes les facettes de ma vie professionnelle. 

Ce qui a vraiment rendu cette expérience exceptionnelle, c’est le mentorat. Parce que j’ai pu non seulement acquérir des compétences, mais également rencontrer des journalistes incroyables avec lesquels je suis toujours en contact des années plus tard. Je sollicite leurs conseils et ils me donnent leur point de vue. L’un des gestionnaires du programme continue même à m’informer régulièrement des possibilités, que ce soit pour écrire des articles ou pour participer à des actions. 

Le programme m’a permis de nouer des liens inestimables, souvent difficiles à établir. J’ai réalisé que la croissance est un effort collaboratif et, aujourd’hui, une grande partie de mon travail repose sur cette conviction.

 

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fière aujourd’hui ?

C’est difficile de n’en citer qu’une, car mon travail de journaliste est étroitement lié à mes activités de plaidoyer et de militantisme. Mais je dirais que je suis fière d’avoir contribué à des causes axées sur les droits des femmes, les droits des réfugiés, l’égalité hommes-femmes et les enjeux climatiques, en tant que bénévole engagée. Ma participation à la 67e session de la Commission de la condition de la femme en mars 2023 est, elle aussi, importante, car elle m’a permis de raconter mon histoire en tant que femme syrienne et d’amplifier la voix de mes compatriotes féminines dans une enceinte internationale. Il ne s’agissait pas seulement d’être présente, mais surtout de profiter de cette occasion pour plaider pour leurs droits, mettre en lumière leurs contributions et nouer le dialogue avec des responsables politiques afin de réclamer des financements supplémentaires et une plus grande inclusion des femmes dans les processus d’élaboration des politiques.

J’ai également organisé mon tout premier événement, une session de deux heures sur la narration, au cours de laquelle j’ai demandé aux participants d’imaginer un avenir où l’égalité des sexes et la justice climatique seraient des réalités, et de raconter ces scénarios. Cet événement riche en émotions a été une grande réussite et j’ai ressenti une immense fierté de mettre à la disposition des jeunes une plateforme pour leur permettre d’échanger et d’imaginer un avenir meilleur. Cette réalisation est particulièrement importante à mes yeux, car elle m’a permis de transmettre les compétences et les connaissances que j’ai pu acquérir.

 

Retour sur ce parcours : https://south.euneighbours.eu/fr/ecard/ruby-haji-naif/ 

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