L’Union européenne insiste fortement sur l’importance des compétences, qui sont particulièrement pertinentes sur le marché du travail actuel. Grâce à un certain nombre d’initiatives, l’UE aide des jeunes originaires des pays du voisinage Sud à développer leurs compétences et à s’assurer un avenir prometteur. 

Dans cette série intitulée « Rétrospective », nous nous sommes entretenus avec des jeunes qui ont bénéficié de ces projets. Aujourd’hui, ils font le point sur les effets positifs de ce soutien sur leur vie.

Youssef El Idrissi utilise ses nombreux talents pour « rendre visibles les invisibles ». Grâce à des travaux de recherche collaborative sur l’intersection de l’espace et de la psychologie, il cherche à mettre en lumière les forces créatives souvent marginalisées de la ville de Chefchaouen : les artisans.

Quels étaient vos rêves lorsque vous vous êtes lancé dans cette aventure ?

Je voulais rendre visibles les invisibles. En gros, je voulais mettre en lumière les artisans, qui sont des personnes qui ne retiennent pas notre attention et qui restent en marge ; en marge de la ville, de l’économie ou même des politiques nationales. J’aspirais à leur rendre hommage et à mettre en avant les forces créatives et actives de la ville de Chefchaouen [une ville située dans les montagnes du Rif, au nord-ouest du Maroc]. 

J’avais dans l’idée de découvrir les raisons pour lesquelles les vulnérabilités psychiques des habitants de cette région sont aussi importantes et de comprendre l’intersection entre l’espace et la psychologie. Pourquoi certains espaces favorisent-ils notre cohésion sociale et d’autres non ? Pourquoi certains espaces favorisent-ils l’enrichissement psychologique, social et communautaire alors que d’autres le négligent, voire le rejettent ?

J’espérais également amener d’autres jeunes et forces créatives à s’intéresser à ces questions.

Quelles compétences avez-vous acquises grâce aux divers programmes financés par l’UE et dans quelle mesure vous ont-elles aidé à réaliser vos rêves ?

Je dirais que j’ai surtout appris sur le plan du réseautage grâce au programme All-Around Culture. Il m’a permis de rencontrer de nombreux opérateurs culturels, artistes et créateurs de différentes régions, que ce soit en Afrique du Nord (Algérie, Tunisie), au Moyen-Orient (Jordanie, Palestine) ou en Europe. Nous avions pour objectif commun de favoriser la collaboration entre nos projets au-delà du cadre d’un programme en particulier pour qu’il y ait une certaine continuité dans notre travail. J’ai rencontré des personnes qui partageaient le même désir de mettre en lumière des gens talentueux qui restent dans l’ombre à l’écart de la ville, et de leur rendre ainsi hommage.

Étant ingénieur en performances, j’avais déjà acquis un certain nombre de compétences comme la prise de parole en public, l’argumentation ou la gestion de projet. Mais grâce à ces programmes, en tant que chef de projet, j’ai pu également approfondir et améliorer ces compétences. Je pense que cela sera très utile pour tous les projets que j’ai prévus par la suite. 

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier aujourd’hui ?

Ma plus grande fierté est d’avoir replacé les artisans dans la sphère de l’art contemporain. Ils sont souvent totalement invisibles alors qu’ils contribuent énormément à la réalisation de projets dans les arts plastiques et visuels.

Je suis fier de les avoir amenés dans un espace commun où ils peuvent participer à la discussion, partager leur point de vue et faire entendre leur voix.

Je suis également très heureux qu’un débat ait pu être lancé sur les dangers auxquels sont confrontés les artisans aujourd’hui, notamment en ce qui concerne la technologie. Mais le meilleur reste à venir avec notre prochain projet !

Retour sur ce parcours : https://south.euneighbours.eu/fr/ecard/youssef-el-idrissi/