« La Jordanie est un partenaire essentiel de l’Union européenne. Elle est un bastion de stabilité et de sagesse au cœur de la tempête actuelle. Je souhaite rendre hommage à Sa Majesté le roi Abdallah, avec qui j’ai eu l’honneur, hier, d’avoir un échange enrichissant sur la situation actuelle dans la région.
L’ampleur de la coopération entre l’Union européenne et la Jordanie ne cesse d’augmenter. Au lieu de me perdre dans les détails chiffrés, je préfère mettre en lumière le principe directeur qui nous anime : le renforcement de notre partenariat stratégique et global. Nos équipes œuvrent actuellement pour concrétiser cet engagement d’ici la fin de l’année.
Ce partenariat s’inscrira dans le cadre d’un engagement fort de l’Union européenne auprès de la région méditerranéenne : vous et moi avons eu l’honneur de coprésider les réunions de l’Union pour la Méditerranée à Barcelone ; une nouvelle stratégie pour le Moyen-Orient est en cours d’élaboration ; et l’Union européenne est déterminée à soutenir la Jordanie et la région autant que nécessaire. Ce partenariat nous permettra de renforcer la coopération dans des domaines essentiels, tels que la sécurité et la défense, le commerce, les investissements, l’énergie, le numérique et le développement humain.
Lors de mes réunions, j’ai également réaffirmé la volonté de l’UE de continuer à soutenir la mise en œuvre du triple processus de modernisation engagé par la Jordanie : les réformes politiques, économiques et de l’administration publique. Je tiens à saluer le bon déroulement des élections législatives tenues en septembre. Nous avons déployé une mission d’observation électorale, laquelle a conclu que ces élections ont été justes et transparentes. Je tiens à vous en féliciter. La Jordanie a tout notre soutien pour la mise en œuvre des deux autres volets de cette modernisation : l’économie et l’administration publique. Nous approuverons prochainement une assistance macrofinancière d’un montant de 500 millions d’euros afin de vous accompagner dans ce processus. De plus, pour aider la Jordanie à relever ses multiples défis en matière de sécurité, nous fournissons déjà un soutien militaire aux Forces armées jordaniennes dans le cadre de la facilité européenne pour la paix.
Permettez-moi maintenant d’aborder les problèmes de la région sous un angle plus large. Concernant Gaza, je tiens tout d’abord à exprimer ma profonde consternation face au coût humain insupportable et aux destructions à grande échelle causées par ce conflit. Les mots ne suffisent plus pour décrire l’horreur de la situation. Dès lundi prochain, les opérations humanitaires à Gaza risquent de s’interrompre, faute de nourriture et de carburant. Les hôpitaux ont été transformés en champs de bataille. Les habitations, les écoles, les abris, les garçons et les filles, tous sont la cible des attaques. Le nombre d’enfants tués est terrifiant. À Gaza, tout lieu est devenu une ligne de front ; nul n’est en sécurité, nulle part. Certaines zones du nord de Gaza sont au bord de la famine. Et dans le centre et le sud de la bande de Gaza, les rares acteurs humanitaires encore présents signalent une grave famine.
Depuis début novembre, les autorités israéliennes n’ont facilité que 40 % des mouvements humanitaires prévus dans la bande de Gaza. Les autres ont été refusés, entravés ou annulés en raison de problèmes de sécurité ou de logistique. Les habitants de Gaza ne peuvent plus attendre un accès et un soutien humanitaire durables. Je le répète : si rien ne change d’ici lundi, plus aucun approvisionnement – ni nourriture, ni carburant – ne pourra leur parvenir.
Comme la Jordanie, j’ai condamné les projets de loi de la Knesset visant à mettre fin aux activités de l’UNRWA (l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) en Israël et à Jérusalem-Est. Ces mesures compromettent sérieusement les opérations dans les territoires palestiniens occupés et mettent en péril les actions de l’UNRWA dans toute la région.
En septembre, nous avons lancé une Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États. Je continuerai à œuvrer pour cela. Mais aujourd’hui, l’urgence – l’extrême urgence – est de venir en aide aux personnes dans le besoin à Gaza. Mes chers amis, le monde ne peut détourner les yeux de cette tragédie. Au sein de l’Union européenne, je ferai de mon mieux pour sensibiliser tout le monde à cette situation. À Gaza, la société a cessé d’exister. Il ne reste que des individus qui luttent pour leur survie, pour vivre un jour de plus avant d’être fauchés par des bombes. Le monde ne peut se permettre de tolérer une telle situation. Au nom de l’humanité, au nom de ceux qui croient que chaque être humain mérite d’être traité avec dignité, ce massacre doit cesser. Voilà le message que j’ai tenu à transmettre durant ma visite en Jordanie. La communauté internationale doit agir pour mettre un terme à cette tragédie. »