En décembre 2019, des membres de la société civile tunisienne ont participé à une table ronde du FEDEM intitulée « Un rôle évolutif pour la société civile dans la nouvelle réalité politique tunisienne ? » (An evolving role for Civil Society within Tunisia’s new political reality) afin de discuter des perspectives de changement en Tunisie et du rôle que pourrait jouer la société civile dans cette nouvelle période post-électorale. Parmi les orateurs figuraient Nesrine Jelalia, directrice exécutive d’Al Bawsala, un important organisme de surveillance tunisien, Ramy Khouili, médecin et militant des droits de l’homme et directeur des opérations de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), et Thameur Mekki, rédacteur en chef de Nawaat et journaliste indépendant publiant des reportages d’investigation axés sur les médias.
Mme Jelalia, dont l’organisation est engagée en tant qu’organisme de surveillance du parlement, des autorités locales et des finances publiques, a relevé des lacunes dans le programme de réforme des précédentes institutions politiques et a affirmé que cela avait eu de profondes répercussions sur le processus électoral et l’avenir politique du pays.
M. Mekki a fait remarquer que le rôle de Nabil Karoui dans les médias est un exemple du caractère opaque de la propriété et du financement des médias en Tunisie, ainsi que de l’utilisation prépondérante des médias comme outil politique et économique. Il a également fait état de la prédominance des médias sociaux, tels que Facebook, dans la manière dont les gens accèdent aux actualités et de l’influence des algorithmes de ces médias sociaux sur le contenu que les gens lisent et les opinions auxquelles ils sont confrontés. M. Mekki a souligné l’insatisfaction du public à l’égard de la politique et des pratiques traditionnelles, et a indiqué que ce constat était clairement illustré par le faible taux de participation aux élections parlementaires et par l’élection de Kais Said, un professeur de droit constitutionnel considéré comme une personne intègre et étrangère au paysage politique.
La modératrice du débat, Rosamaria Gili, chef de la division « Maghreb » au Service européen pour l’action extérieure (SEAE), a fait remarquer que depuis la révolution de jasmin en 2010-2011, la réalité politique en Tunisie avait radicalement changé. Elle a réaffirmé le ferme engagement de l’UE à soutenir la transition démocratique en Tunisie.
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