La manipulation des clivages sectaires par les acteurs publics et privés, la violence sectaire, les persécutions dont sont victimes les différents groupes religieux et ethniques et les menaces de division qui constituent aujourd’hui une réalité, font de la question des minorités un thème essentiel pour l’équilibre de la région MENA. La gestion de la diversité reste un critère important pour évaluer les transitions politiques en cours dans cette région. L’approche proposée par cette publication est de souligner la dimension politique et globale du concept de minorité, contre les interprétations culturalistes et religieuses actuelles.
L’étude comporte trois chapitres. Le premier chapitre, de Paolo Maggiolini, analyse l’origine et le développement du concept de minorité dans la région. Il traite de la question de la gestion des minorités et des politiques publiques mises en place dans ce contexte. L’interaction entre les crises des états et celles des minorités est un axe de réflexion essentiel.
Le deuxième chapitre, de Georges Fahmi, met l’accent sur la relation entre les chrétiens et le régime syrien avant 2011 et après le Printemps Arabe. Il examine différentes positions des membres de la communauté chrétienne en relation avec le soulèvement populaire, en identifiant les facteurs qui les ont influencés. Le chapitre examine l’instrumentalisation des minorités par les différents acteurs impliqués (acteurs locaux, nationaux, régionaux et internationaux), ainsi que les conséquences et les dangers que certaines initiatives politiques mises en œuvre par les gouvernements occidentaux pouvaient avoir sur l’intégration des populations concernées dans leur environnement local.
Le troisième et dernier chapitre, de Said Bennis, analyse la gouvernance de la diversité culturelle au Maroc. La « minorité » au Maroc est la majorité numérique. Par conséquent, la gestion de ses revendications est une question délicate. L’auteur propose des manières de penser concernant la gestion de la diversité qui pourraient servir de base pour une meilleure intégration des différentes composantes sociales dans de nouveaux pactes nationaux.