Au cœur de l’Égypte, nichée entre l’effervescence de Port Saïd et l’emblématique canal de Suez, se trouve la ville enchanteresse d’Ismaïlia. Mohamed Yehia, un Égyptien de trente ans originaire de la ville, s’efforce de dévoiler la beauté et le charme d’Ismaïlia au monde entier. Titulaire d’une maîtrise de l’université SAOS de Londres en histoire du Moyen-Orient, Mohamed n’est pas seulement porteur de connaissances, mais aussi d’une fervente passion pour sa patrie.

Semsemia Tours et l’exploration informatique immersive de l’histoire d’Ismaïlia

Les yeux de Mohamed s’illuminent lorsqu’il évoque la riche histoire de sa ville natale. « Ismaïlia est étroitement liée à la construction du canal de Suez au XIXe siècle. C’était une plaque tournante pour les Britanniques, les Français, les Grecs, les Italiens et, bien sûr, les Égyptiens », nous explique-t-il.

Claude François, ou Cloclo (1939-1978), est l’une des figures marquantes de ce brassage de cultures. Né à Ismaïlia d’un père qui travaillait pour la compagnie du canal de Suez, Claude François a grandi dans la ville. Cependant, lorsque les étrangers ont quitté l’Égypte en 1956, Claude a été envahi par le sentiment d’une grande perte. Mohamed Yehia note : « C’est comme s’il avait perdu une partie de lui-même, une soudaine « déchéance » qui a laissé une marque indélébile sur le chanteur ».

« Lorsqu’in pense à l’Égypte, les gens s’intéressent au Caire et aux pyramides, alors qu’Ismaïlia reste méconnue et a pourtant joué un rôle très important dans l’histoire moderne de l’Égypte », note Mohamed.

Rêvant de mettre en valeur l’histoire et le patrimoine de la ville, Mohamed Yehia a donné naissance à Semsemia Tours, une agence de voyage portant le nom d’un instrument de musique local. Organisant des visites guidées depuis la fin de l’année 2020, Mohamed Yehia a dévoilé avec passion les secrets et les histoires d’Ismailia à des voyageurs enthousiastes, veillant à ce que son riche héritage ne soit pas seulement rappelé, mais célébré.

Mohamed Yehia propose aux étrangers comme aux locaux des visites guidées uniques, sortant des sentiers battus. Avec le soutien de l’initiative iHERITAGE de l’Union européenne, ces expériences immersives seront bientôt améliorées. Grâce à une application dédiée, les participants pourront plonger plus profondément dans la riche histoire, enrichie de visuels en réalité augmentée et de textes informatifs.

« C’était une formidable aventure pour moi. J’ai dû rédiger le texte, choisir les vieilles photos de la ville. Puis, pendant deux mois, j’ai été immergé dans une expérience high-tech ; j’ai participé à toutes les activités qui m’ont été proposées et j’ai élargi mes horizons », déclare Mohamed Yehia.

Initiative iHERITAGE : rapprocher l’innovation technologique et le patrimoine culturel méditerranéen

iHERITAGE est un projet financé par l’UE dans le cadre de l’IEV CTF MED et couvre l’Italie, l’Espagne, le Portugal, le Liban, la Jordanie et l’Égypte. L’objectif du projet est de soutenir le transfert technologique et la commercialisation de nouveaux outils de réalité augmentée/réalité virtuelle destinés à améliorer l’accès au patrimoine culturel méditerranéen de l’UNESCO à travers des expériences augmentées et immersives, en créant des laboratoires vivants transfrontaliers pour la recherche et l’innovation. 

 « Avec un budget de 3,8 millions d’euros, iHERITAGE, par ses activités variées, bénéficie notamment aux universités, aux chercheurs et aux PME. Le projet soutient l’éducation, la recherche, le développement technologique et l’innovation. Le projet aborde avec force les questions transfrontalières telles que la fracture numérique et le niveau inégal de la culture de l’innovation en Méditerranée », déclare Esmat al-Karadsheh, coordinateur du bureau de la Méditerranée orientale du programme IEV CTF Med. 

En Égypte, le projet iHERITAGE est mis en œuvre par la Confédération des associations d’affaires européennes et égyptiennes (CEEBA).  « La stratégie nationale pour la culture en Égypte est l’une des plus développées en Méditerranée. Elle aborde le patrimoine culturel selon une approche holistique et constitue une expérience unique dans l’application des dernières innovations en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC) aux questions liées au patrimoine. Cela permet de maximiser les contributions des TIC et de favoriser la mise en œuvre des plans d’innovation existants et futurs tels que ceux d’iHERITAGE”, explique Marion Kussmann, responsable des opérations à la Confédération des associations d’affaires égyptiennes et européennes.

Parmi les prototypes d’outils TIC développés avec l’Université Galala dans le cadre du projet, elle cite : « Des visites guidées en réalité augmentée/réalité virtuelle, une recontextualisation 3D, un ascenseur spatio-temporel, des excursions en carton, une reconstruction archéologique virtuelle, une salle et un stand de réalité virtuelle, ainsi qu’une exposition holographique ». 

À long terme, iHeritage vise à améliorer l’accès au patrimoine culturel de l’UNESCO, à la fois sur les sites eux-mêmes et numériquement. Cette initiative jouera également un rôle essentiel dans la mise en place du Centre régional consacré à la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel immatériel méditerranéen.