En 2011, Aisha Almahdi et son équipe ont créé l’association « Alber wa Altagwa ». Celle-ci œuvre en faveur de la communauté depuis plus de 10 ans maintenant. Soutenue par le programme d’appui au développement du secteur privé en Libye (EU4PSL), financé par l’Union européenne, l’association a dispensé des formations complètes et apporté un soutien, favorisant ainsi la croissance économique. Son travail a contribué à préserver des traditions ancestrales et à lancer des entreprises locales qui ont réussi.

L’association Alber wa Altagwa est née en 2011, au moment où la Libye était en proie à des troubles. Ce contexte a été un élément déclencheur pour Aisha Almahdi, qui a reconnu le besoin urgent d’un leadership dans sa ville, à savoir Mourzouk, dans le sud du pays.

Rejointe par d’autres personnes compatissantes, elle a créé cette association, qui s’est concentrée dans un premier temps sur la coordination de l’aide aux familles déplacées à la suite du conflit, leur apportant ainsi un soutien indispensable. Cependant, Aisha et les membres de son équipe ont vite réalisé qu’ils pouvaient faire beaucoup plus.

Leur mission était claire ; ils visaient, selon Aisha, à « servir l’humanité sans distinction de race, de sexe ou de nationalité » dans une région peuplée de différentes tribus et de nombreux migrants originaires de pays africains et arabes. Ils ont alors adopté la devise suivante : « Travaillons ensemble pour la Libye ! ». Au fil des années, les activités d’Alber wa Altagwa ont évolué, passant de l’aide d’urgence au renforcement des capacités et à l’autonomisation à long terme.

Citoyenneté, valeurs et travail avant le programme EU4PSL

Avant de travailler avec le programme EU4PSL, les premières sessions de formation de l’association étaient axées sur la paix sociale, la résolution pacifique des différends et le renforcement de la communauté. Ces sessions visaient à sensibiliser la population et à favoriser une culture de coopération dans une société sortant d’un conflit.

Au fil du temps, Alber wa Altagwa a développé une approche globale fondée sur les forces et les besoins de la communauté. L’association s’est non seulement concentrée sur la sensibilisation à des sujets essentiels tels que la santé, en lançant par exemple une campagne sur le cancer du sein, mais a également pris part à des initiatives civiques visant notamment à encourager la participation électorale et à faire connaître la nouvelle Constitution libyenne.

Grâce à ces diverses campagnes, Aisha et son équipe ont constaté qu’il était urgent de développer l’entrepreneuriat. Les jeunes, en particulier, ont exprimé leur ambition de devenir autonomes. « L’entrepreneuriat pouvait également améliorer considérablement les conditions de vie des familles, surtout dans les périodes de difficultés économiques », ajoute Aisha.

Ces sessions de formation ont eu des effets immédiats pour la population ainsi que des répercussions à long terme pour l’association. « Avant de bénéficier de l’appui du programme EU4PSL, nos sessions de formation nous ont permis d’établir une base de données sur les jeunes et leurs besoins. Nous avons pu identifier précisément nos participants cibles à partir de 2019. Nous avons même contacté directement certaines personnes enregistrées dans notre base de données pour les inviter à participer à nos formations, car nous connaissions leur potentiel », explique Aisha.

Émancipation économique des jeunes et prospérité de toute la ville

Mourzouk, qui est éloignée des grandes villes de Libye, a eu beaucoup de difficultés à se relever du conflit. Aisha cite notamment le manque de débouchés économiques et d’infrastructures, ajoutant avec enthousiasme : « Nous voulions montrer que le fait d’attendre des emplois et des salaires de la part du gouvernement n’était pas une solution viable et que la société civile devait prendre les choses en main ». Alber wa Altagwa s’est alors concentrée sur l’autonomisation économique.

En 2019, l’association a commencé à organiser des sessions de formation sur l’entrepreneuriat dans le cadre du programme EU4PSL. Conçues pour sensibiliser le public à l’importance de l’entrepreneuriat, ces sessions visaient essentiellement à encourager les gens à renouer avec les racines de la région en leur rappelant que leurs ancêtres étaient des artisans et des agriculteurs ayant prospéré sans dépendre des salaires versés par le gouvernement. Aisha salue le changement positif introduit par ces sessions : « Au moins, tout le monde à Mourzouk sait désormais ce qu’est un entrepreneur ».

En outre, Alber wa Altagwa a dispensé des formations portant sur des compétences pratiques et techniques, telles que la couture, la confection de vêtements et la poterie. Afin d’inspirer les participantes, l’association a annoncé que les trois meilleures élèves se verraient remettre des machines à coudre pour leur permettre de lancer leur petite entreprise. Elle a tenu sa promesse et les trois jeunes femmes ayant reçu ces machines dirigent aujourd’hui encore des entreprises prospères qui ne cessent de se développer. L’année suivante, ces trois femmes ont formé à leur tour d’autres jeunes filles à la couture, montrant ainsi les possibilités qui s’offrent à celles qui travaillent d’arrache-pied. Cette initiative faisait partie du volet du programme EU4PSL consacré aux femmes.

Aisha Almahdi évoque le parcours inspirant de l’une des bénéficiaires du programme, Aisha Bacouri. Cette jeune femme a été guidée par la dernière volonté de sa mère, qui était de préserver la culture ancestrale du palmier dans leur région et de lui donner un nouveau souffle. Grâce au soutien du programme, Aisha Bacouri gère désormais une vaste exploitation de palmiers dédiée à la production de dattes. Elle s’est vouée corps et âme à ce projet, mettant à profit sa passion, sa détermination et ses nouvelles connaissances.

EU4PSL : une voie vers le développement économique durable

« La particularité du programme EU4PSL réside dans son engagement exceptionnel à apporter un appui solide pendant quatre ans dans une région qui en a désespérément besoin », déclare Aisha. En fait, la durée du programme a permis à Alber wa Altagwa de soutenir efficacement ses bénéficiaires sur une longue période. Alors que certains entrepreneurs peuvent être contraints de cesser leur activité après une courte période, ce scénario n’a pas été observé parmi les bénéficiaires de l’association, selon Aisha.

Aisha insiste sur l’importance des efforts à long terme. Elle croit en la patience et la persévérance, expliquant que les « effets des efforts entrepris mettent souvent du temps à se concrétiser, pas seulement quelques mois ou une année ». Aisha estime que c’est précisément pour cette raison que la Libye a besoin de davantage de programmes comme EU4PSL.

Mis en œuvre de 2019 à 2022, le programme EU4PSL faisait partie de l’engagement à long terme de l’Union européenne de générer une croissance économique et des possibilités d’emploi en Libye, en particulier pour les jeunes et les femmes. Après EU4PSL et son projet précédent, SLEISDE (2016-2020), l’UE continue de soutenir le secteur privé et le développement économique en Libye par l’intermédiaire du programme de suivi E-NABLE (2022-2025), doté d’un budget de 5 millions d’euros, qui soutient la diversification du secteur privé, la numérisation et les solutions financières pour les entreprises.

Grâce aux efforts de l’association Alber wa Altagwa, qui a bénéficié du soutien du programme EU4PSL, des changements positifs ont commencé à se manifester dans la ville de Mourzouk. Les jeunes ont repris espoir avec de nouveaux objectifs, les femmes ont acquis leur indépendance économique et les familles vulnérables ont accédé à de nouvelles possibilités. Aisha et son équipe d’Alber wa Altagwa ont effectivement travaillé ensemble pour améliorer la Libye.