Autonomie des personnes non voyantes : l’association Achourouk progresse grâce au soutien de l’UE

Octobre 14, 2024
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Dr Mounia Hajji Zahar, présidente de l’association Achourouk à Tanger, a encouragé le soutien aux personnes aveugles et malvoyantes en proposant des programmes éducatifs et novateurs. Avec le soutien du PIAF (Projet intégré d’autonomisation des femmes), financé par l’UE, Achourouk a lancé un programme de pâtisserie professionnelle qui permet aux participants d’acquérir des compétences culinaires. La formation et le soutien financier du PIAF ont amélioré la vie des filles en situation de handicap et de leurs aidants dans tout le Maroc. Le programme PIAF permet de renforcer les capacités, de donner à la société civile les moyens d’agir et de lancer des initiatives de sensibilisation au handicap.

Association Achourouk : un soutien innovant pour les non-voyants et les malvoyants

L’association Achourouk pour le soutien au centre d’éducation et de formation des personnes aveugles et malvoyantes, basée à Tanger, soutient le plus grand centre marocain d’aide aux personnes souffrant de déficiences visuelles. La Dr Mounia Hajji Zahar, pharmacienne de formation qui travaille bénévolement pour la société civile depuis 2000, est le cœur et l’âme de cette organisation.

Son parcours au sein d’Achourouk a commencé en 2018 lorsqu’elle a été invitée, avec d’autres femmes compétentes de la société civile, à apporter son expertise au travail important de l’organisation. Après avoir exercé les fonctions de secrétaire générale, Mounia a été élue présidente en 2020.

« Nous soutenons les personnes aveugles et malvoyantes dans leur vie quotidienne. Nous nous occupons de l’éducation : nous enseignons les langues, la lecture et l’écriture en braille ; nous enseignons l’informatique ; et nous les aidons à obtenir des diplômes grâce à des cours de soutien scolaire », explique Mounia, résumant les activités principales de l’association. Sous sa direction, Achourouk a connu une réorganisation et une évolution importantes. L’une de ses plus grandes contributions est la création d’une école maternelle pour les enfants aveugles et malvoyants. Les plus jeunes membres de sa communauté y recevront une éducation et seront pris en charge précocement.

Les ateliers de cuisine sont une initiative particulièrement innovante pour les personnes aveugles et malvoyantes. « Les proches des personnes aveugles et malvoyantes ne les autorisent généralement pas à s’installer seuls dans la cuisine. Nous avons donc voulu leur donner cette possibilité et leur offrir un sentiment d’autonomie », explique Mounia.

Outre l’atelier de cuisine, Achourouk propose une série d’autres programmes, notamment des ateliers de musique, des séances de kinésithérapie, des ateliers sportifs et un soutien psychologique. « Nous les aidons à corriger leur posture, car les personnes non voyantes et les personnes malvoyantes ont tendance à marcher penchées vers l’avant pour se repérer », note Mounia, soulignant l’approche holistique de l’association. Le soutien psychologique s’étend à la fois aux personnes touchées et à leurs familles, et répond à un besoin souvent négligé.

Le PIAF apporte un coup de pouce aux programmes de formation d’Achourouk

Le travail de l’organisation a fait un grand bond en avant grâce au soutien du PIAF (Projet intégré pour l’autonomisation des femmes), financé par l’UE. « Nous avons eu la chance de travailler avec le PIAF et notre parcours a commencé par une formation très instructive », se souvient Mounia.

« Ces séances de formation nous ont fourni des conseils importants pour rédiger des propositions de projet efficaces et obtenir des financements ».

Après cette phase initiale de renforcement des capacités, Achourouk a reçu un soutien financier direct du PIAF pour organiser le programme de formation. « Le PIAF a commencé par développer les capacités de l’association, avant de lui apporter un soutien financier », souligne Mounia. Grâce à ce soutien, Achourouk a pu proposer et mettre en œuvre son projet de formation actuel. « C’est la première fois que nous recevons un financement d’une organisation autre que l’État, à savoir le PIAF, et ce n’est pas rien », admet Mounia.

L’initiative soutenue par le PIAF est un programme de formation professionnelle en pâtisserie destiné à 12 personnes aveugles et malvoyantes et à leurs soignants. Le programme de formation couvre divers aspects de la profession de pâtissier, de l’hygiène à l’attitude d’un chef. « Nos participants en sont maintenant au stade final de la préparation de leurs propres pâtisseries », déclare fièrement Mounia. Elle a remarqué un net changement chez les participants. « Je constate un très grand changement chez eux. Ils sont très fiers d’eux. Ils sont tous vêtus comme des chefs et ils en sont très heureux ».

Grâce à la collaboration avec le PIAF, l’atelier de cuisine est passé d’une simple activité à une entreprise professionnelle qui ouvre la voie à l’indépendance et à un éventuel emploi. « Le PIAF a donné un coup de pouce à notre atelier. Au début, il s’agissait d’un simple atelier de cuisine. Mais avec le PIAF, ces cours sont devenus une voie vers l’indépendance, une activité professionnelle, et l’autonomisation pour les personnes aveugles et malvoyantes », souligne Mounia.

L’un des points forts du projet a été une session dirigée par un chef d’un célèbre restaurant de Tanger. Les participants ont également été invités à passer une journée en stage dans la cuisine du restaurant, ce qui leur a permis d’acquérir une expérience pratique inestimable. De plus, une pâtisserie réputée de Tanger a ouvert ses portes pour offrir des stages aux participants d’Achourouk, comblant ainsi le fossé entre l’éducation et les opportunités professionnelles.

Effort global d’autonomisation : l’approche multidimensionnelle du PIAF

Le projet PIAF (Projet intégré d’autonomisation des femmes), cofinancé par l’UE, vise à autonomiser les femmes, en particulier les femmes en situation de handicap et leurs aidants. Ce projet, qui s’étend de 2021 à 2024, se concentre sur la formation à diverses professions et sur des activités de promotion et de sensibilisation dans quatre régions du Maroc : Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Souss-Massa, Casablanca-Settat et Oriental.

Le projet est destiné à un large éventail de bénéficiaires : 200 filles souffrant de handicap des quatre régions et leurs soignants ; 100 acteurs institutionnels et associatifs impliqués dans la promotion des droits des femmes et des personnes handicapées . 50 professionnels des secteurs de la gestion culinaire et de la restauration ; 40 professionnels des centres d’aide aux personnes handicapées ; et au moins 1 100 personnes de la population en général.

Lamia Oussibrahim, responsable de la formation et de l’accompagnement des associations PIAF, explique l’approche globale du projet. « Notre projet s’articule autour de trois axes principaux : le renforcement des capacités des jeunes filles et des soignants, le renforcement des acteurs de la société civile dans la gestion de projets, et la sensibilisation des chefs d’entreprises locales aux besoins des personnes handicapées », résume Lamia.

« Lors de la formation, 100 acteurs de la société civile dans les quatre régions ont participé à une série de séances de formation sur la communication, la visibilité, la gestion de projet et la gestion axée sur les résultats », explique Lamia. L’objectif était de doter ces acteurs des compétences nécessaires pour développer et promouvoir des initiatives qui renforcent l’autonomie des personnes handicapées, telles que des ateliers.

Au terme de la première phase de formation, le PIAF a lancé un appel à projets, à l’issue duquel quatre initiatives ont été sélectionnées et financées, dont Achourouk à Tanger. Chaque association a reçu un financement de 5 000 euros pour mettre en place leurs ateliers. « L’idée est d’apporter les fonds nécessaires pour démarrer un atelier, pour démarrer une activité dans le domaine de l’accompagnement du handicap », explique Lamia.

« Notre objectif est que les associations adoptent l’idée de la formation pour les personnes handicapées et intègrent ce sujet dans leur travail », explique Lamia. Cette approche garantit que l’autonomisation des personnes handicapées devient un aspect central de toutes les initiatives futures des associations concernées.

Le soutien apporté par le PIAF va au-delà d’une simple aide financière. Ce système de soutien holistique vise à fournir aux associations une expertise précieuse et à leur permettre d’intégrer la dimension du handicap dans tous leurs projets et activités. « Nous soutenons la mise en œuvre, l’établissement de rapports, la gestion et la visibilité… c’est un processus d’apprentissage. Les associations ont acquis un savoir-faire pour d’autres projets », souligne Lamia.

Le système de gestion axé sur les résultats est un élément clé du projet. il s’agit d’une nouvelle approche pour de nombreuses associations au Maroc. Grâce à ce système, les associations apprennent à gérer leurs projets de manière plus efficace et durable et à obtenir un impact à long terme.

Le soutien holistique du PIAF et ses formations innovantes ont déjà donné des résultats impressionnants. Par exemple, le programme de formation professionnelle en pâtisserie d’Achourouk pour les personnes aveugles et malvoyantes et leurs soignants a non seulement permis aux participants d’acquérir des compétences culinaires précieuses, mais a également nourri un sentiment d’indépendance et d’ambition professionnelle. Grâce à la collaboration avec le PIAF, l’atelier de cuisine est passé d’une simple activité à un projet professionnel qui ouvre de nouvelles voies d’intégration dans la vie active.

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