Thiziri Adir et Mouad Cheliram sont deux jeunes entrepreneurs innovants qui œuvrent pour le développement durable et la protection de l’environnement en Algérie. Ces deux jeunes entrepreneurs ont participé au programme SAFIR financé par l’UE par l’intermédiaire de l’Algerian Center for Social Entrepreneurship (ACSE). Grâce à ce programme, ils ont transformé des rêves d’étudiants en projets révolutionnaires visant à transformer les déchets organiques en énergie et en produits propres et à utiliser la culture d’insecte comme substitut durable pour l’alimentation animale.
La culture d’insecte, un secteur d’avenir pour une alimentation animale durable
Thiziri Adir, une entrepreneuse passionnée originaire du secteur agricole, est à l’origine d’une initiative novatrice visant à répondre aux défis de la production de nourriture animale en Algérie. Avec le soutien du programme SAFIR financé par l’Union européenne, la jeune femme s’est lancée dans une mission consistant à cultiver des insectes comme substitut viable à l’importation coûteuse et non durable de nourriture animale.
« Je savais qu’il devait exister une solution consommant moins d’énergie, moins d’eau et moins d’espace. J’ai donc contacté d’autres agriculteurs et j’ai constaté qu’ils étaient confrontés aux mêmes problèmes. C’est là qu’a commencé mon aventure dans l’élevage d’insectes », se souvient Thiziri.
Diplômée en ingénierie, la jeune femme étudie ce secteur déjà reconnu à l’étranger. « La France est connue pour son excellence dans ce domaine, mais c’est encore un concept nouveau en Algérie », explique Thiziri.
Néanmoins, elle était déterminée à se faire une place dans le monde de l’élevage d’insectes. « La plus-value de mon projet repose sur son approche décentralisée. Elle permet d’établir des fermes d’insectes à petite échelle sur les terres des agriculteurs traditionnels, créant ainsi une chaîne d’approvisionnement locale et durable ».
Thiziri souhaite avoir un impact positif à la fois sur la communauté locale et sur l’environnement en général, c’est pour cette raison qu’elle souhaite généraliser l’élevage décentralisé d’insectes. « En créant de petites structures sur les terres des agriculteurs, nous réduisons non seulement le besoin d’usines à grande échelle, mais nous créons également des circuits courts dans la chaîne d’approvisionnement », explique-t-elle.
Le soutien de l’UE favorise l’entrepreneuriat et la collaboration via un incubateur local
L’initiative durable et solidaire de Thiziri a attiré l’attention de l’Algerian Center for Social Entrepreneurship(ACSE), un incubateur local partenaire du projet SAFIR financé par l’Union européenne. Soutenu financièrement par l’Union européenne, SAFIR est un programme ambitieux qui favorise la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et l’inclusion socioéconomique des jeunes dans neuf pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Le projet, qui comporte trois volets, vise à créer un environnement qui (i) favorise la participation civile de plus de 1 000 jeunes porteurs de projets ; (ii) stimule la structuration et le développement d’un réseau régional d’acteurs de l’accompagnement ; et (iii) permet la création d’espaces de dialogue entre la jeunesse et les autorités publiques.
En plus de proposer divers programmes de partage de compétences destinés aux incubateurs, aux organisations de la société civile et aux universités de la région, SAFIR s’associe également à des incubateurs locaux et à des organisations de la société civile, comme l’ACSE, pour soutenir les futurs talents et les initiatives novatrices comme celle de Thiziri.
« SAFIR, en partenariat avec l’ACSE, a vraiment été déterminant dans l’élaboration de mon projet et le développement de mon réseau », nous raconte la jeune femme avec une pointe d’émotion, se souvenant que « ce sont eux qui ont vraiment cru en [mon équipe] et en notre idée. C’était agréable, car lorsque vous vous lancez dans une expérience aussi inédite, il est important d’avoir des gens à ses côtés, qui soutiennent non seulement votre projet, mais qui vous soutiennent aussi ».
Elle souligne la contribution de son mentor, Ghania Outekhdidjet, qui est également responsable du pôle incubation à l’ACSE. « Ghania et son équipe vous poussent vraiment à étudier votre idée tout en vous aidant à trouver des solutions pour surmonter les contraintes ».
Mouad Cheliram, un brillant jeune homme de 27 ans qui a participé au même programme, abonde dans le même sens. « C’est un véritable mentor, une accompagnatrice exceptionnelle qui vous apporte un soutien indéfectible. Vous pouvez lui envoyer un message au milieu de la nuit, quelle que soit l’heure, elle vous aidera toujours », ajoute-t-il, saluant sa profonde connaissance des technologies financières et de la prise de décision stratégique.
Thiziri et Mouad attribuent tous deux le succès de leur parcours entrepreneurial aux programmes financés par l’UE, car ces initiatives ne leur ont pas seulement offert un soutien financier, mais aussi un précieux mentorat, des conseils d’experts et l’accès à de vastes réseaux.
« Grâce à ces programmes, nous avons pu tester notre prototype jusqu’à ce que nous arrivions au produit final. Nous sommes passés par toutes les étapes du processus de réflexion conceptuelle, mais pas uniquement », explique Mouad, qui précise que l’incubateur accorde une grande importance aux compétences en matière d’impact social.
Du travail de fin d’études à une start-up florissante : un « voyage à la recherche de la durabilité »
Ce jeune homme très éloquent a manifestement beaucoup appris de son séjour à l’incubateur, alors qu’il s’apprête à donner une formation sur les STIM et l’entrepreneuriat à Constantine dans deux heures. « Grâce à ces nouvelles compétences, j’ai acquis la confiance nécessaire pour participer à des présentations et j’ai même commencé à animer des ateliers pour d’autres jeunes ».
Dans ces cours, il tente de sensibiliser la jeunesse aux programmes et possibilités financés par l’UE, notamment en partageant son « voyage à la recherche de la durabilité » personnel, comme il aime à l’appeler.
Dans la pittoresque ville rurale de Skikda, située dans l’est de l’Algérie, ce passionné d’environnement a récemment créé EcoChar, une start-up innovante qui transforme les déchets organiques en combustibles énergétiques propres et en produits durables. « Tout a commencé avec mon projet de thèse universitaire sur la valeur du marc de café et des déchets organiques ; il a jeté les bases de mon futur travail », se souvient M. Mouad, énumérant quelques moments clés qui ont changé sa vie et lui ont permis de comprendre qu’il voulait « apporter un changement durable » grâce à son travail.
En collaboration avec ses camarades Rahimi Moussa, Morareb Nourelhouda Aisha et Balaska Tinhinane, qu’il a rencontrés dans le cadre du concours du prix Hult, il a mis au point un processus de recyclage innovant utilisant les déchets de marc de café et de biomasse d’olives pour fabriquer divers produits respectueux de l’environnement. Briquettes de charbon de bois, bûches de chauffage, et fibres pour le textile et le papier, voici quelques-unes des options vertes qu’EcoChar vend aujourd’hui.
« Notre idée a vraiment évolué grâce au soutien de l’ACSE, qui nous a aidés à passer d’une production manuelle à des processus automatisés », raconte le jeune homme. Tourné vers l’avenir, Mouad insiste sur l’importance d’avoir une équipe mixte et dynamique pour réussir. « Chacun d’entre nous possède son propre domaine d’expertise, comme l’ingénierie des polymères, l’ingénierie mécanique ou l’ingénierie environnementale, et nous échangeons constamment avec d’autres acteurs innovants ».
Il ajoute avec passion : « Je crois fermement au réseautage et à la création d’une communauté. Tout au long de mon parcours au sein de l’ACSE, j’ai entretenu des relations étroites avec des personnes comme Thiziri, car nous sommes essentiels à la croissance entrepreneuriale de l’autre. Nous échangeons régulièrement des informations sur les étapes franchies et collaborons via WhatsApp, afin de trouver ensemble des solutions aux défis auxquels nous sommes confrontés ».
Perspectives : autonomiser les communautés et étendre l’impact
Pour l’avenir, Thziri et Mouad ont tous deux pour projet ambitieux de révolutionner le rapport de l’Algérie au développement durable. Tous deux souhaitent étendre leurs solutions innovantes à l’ensemble du pays et au-delà, et ils cherchent à bousculer les pratiques traditionnelles et à susciter des changements positifs au sein de leurs communautés. Grâce à leurs idées novatrices et à leur détermination, les deux jeunes leaders sont prêts à contribuer à un avenir plus vert, où l’élevage décentralisé d’insectes pour une alimentation animale durable, l’énergie propre et les produits fabriqués à partir de déchets organiques ne sont plus un rêve d’étudiant, mais une réalité.
En savoir plus sur EcoChar
Page Facebook : https://www.facebook.com/ecochardz?mibextid=ZbWKwL
Page Instagram : https://www.instagram.com/ecochar_dz/
LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/mouad-chelirem-9124771a4