La santé pour tous : une jeune Jordanienne offre des soins gratuits dans son village en période de Covid-19

Novembre 5, 2020
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Ayaat Nouaisah, une jeune élève infirmière jordanienne, a initié une action citoyenne pour soulager les difficultés liées à la COVID-19 dans son village isolé et apporter du réconfort à sa communauté locale.

Situé à 70 kilomètres au nord d’Amman, le gouvernorat d’Al-Mafraq a fait l’objet d’une attention soutenue dans les nouvelles locales en raison de son statut de gouvernorat accueillant le plus grand nombre de réfugiés syriens après Amman. Si l’aide humanitaire a afflué dans le camp de réfugiés, le reste du gouvernorat a été privé du niveau de services dont bénéficie la capitale jordanienne. Les systèmes et infrastructures de santé demeurent insuffisants et difficiles d’accès pour de nombreuses personnes disséminées dans le gouvernorat. 

La crise de la COVID-19 a par conséquent été perçue comme un coup dur par la plupart des habitants comme Ayaat, une étudiante jordanienne qui vit dans un petit village avec sa famille. Cette jeune boursière du programme EDU-SYRIA II, qui désire apporter des changements au sein de sa communauté, poursuit depuis deux ans ses études d’infirmière à l’Université de Zarqa. « Je vis dans un petit village du gouvernorat d’Al-Mafraq, loin d’Amman. Quand le coronavirus a fait son apparition, je me suis immédiatement demandée ce que je pouvais faire pour soutenir ma communauté locale, qui manque cruellement de prestataires de soins de santé », se souvient-elle. 

Après avoir creusé la question, Ayaat a décidé d’utiliser le moyen le plus simple qu’elle connaissait : les médias sociaux. Elle a ainsi lancé sa propre initiative en matière de soins de santé en publiant sur Facebook, Instagram et d’autres plates-formes un message expliquant qu’elle proposait des services médicaux de base gratuits à toute personne dans le besoin. « J’ai acquis un certain nombre de compétences pendant mes études, telles que la mesure des paramètres vitaux comme la pression artérielle et le pouls, le test de glycémie aléatoire, etc. », explique Ayaat, ajoutant qu’elle avait également accès aux instruments stérilisés nécessaires pour effectuer ces contrôles. Bien qu’élémentaires, ces services étaient largement insuffisants au sein de la communauté locale, où la demande a immédiatement été énorme. « Tant de personnes faisaient la queue devant ma porte ! », se souvient Ayaat.

Leurs demandes concernaient notamment des conseils médicaux pour la prise de médicaments, des bilans de santé ou des soins préventifs. « Les gens ne comprenaient pas bien ce qu’ils devaient faire pour leurs vaccinations et pour se protéger. Je me suis portée volontaire pour aider mon village et les personnes dans le besoin. J’aime vraiment faire cela », se réjouit la jeune étudiante. Les services d’Ayaat ont également permis à des personnes vivant dans des villages isolés de recevoir l’aide dont elles avaient besoin sans avoir à faire tout le trajet jusqu’à une ville plus grande pour consulter des professionnels de la santé.

À l’instar d’autres villes de Jordanie, certaines parties de Mafraq ont été isolées pendant le confinement pour éviter que les cas de coronavirus détectés ne propagent la maladie. Dans ces situations, l’aide d’Ayaat est devenue vitale, car elle a permis aux personnes de recevoir à temps les injections médicales dont elles avaient besoin. La jeune femme a pu acquérir ses compétences médicales grâce au programme de bourses EDU-SYRIA II financé par l’Union européenne dans le cadre du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne, le Fonds Madad de l’UE.

EDU-SYRIA

EDU-SYRIA est une série de projets toujours en cours et ayant débuté en 2015. Ces projets sont financés par l’UE via MADAD en réponse aux crises syriennes. Par conséquent, les principaux bénéficiaires sont les réfugiés syriens et les jeunes Jordaniens défavorisés. L’objectif ultime des projets est d’améliorer les conditions de vie de ces bénéficiaires en leur offrant des opportunités d’enseignement supérieur grâce à un ensemble de bourses accordées à des diplômés du secondaire depuis 2015.

EDU-SYRIA I a été initié fin 2015 grâce à un fonds de 4 millions d’euros qui a permis de financer 390 programmes accrédités par l’enseignement supérieur entre masters, bachelors et diplômes professionnels. Une deuxième subvention du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne a été accordée, d’un montant de 11 millions d’euros, a permis d’initier le programme EDU-SYRIA II en octobre 2016. Le projet était le plus important en Jordanie en termes de nombre de bourses d’études supérieures accordées, soit 1000 au total. Un complément de subvention d’un montant de 2,6 millions d’euros a été versé en 2019, permettant l’octroi de 200 bourses d’études supérieures supplémentaires. EDU-SYRIA III a été lancé en janvier 2020 avec un fonds de 15 millions d’euros. Les composantes/actions de cette troisième phase sont plus diversifiées et incluent notamment certaines la réintégration de jeunes adultes qui ont précocement quitté l’école. Au total, 2245 bénéficiaires entre Syriens réfugiés et Jordaniens défavorisés.

Le Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne – Madad

Depuis sa création en décembre 2014, une part importante de l’aide non humanitaire de l’Union européenne aux pays voisins de la Syrie est fournie par le biais du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne, le Fonds «Madad» de l’UE. Ce Fonds apporte une réponse plus cohérente et intégrée de l’aide de l’UE à la crise et répond principalement aux besoins économiques, éducatifs, sociaux et sanitaires des réfugiés syriens dans les pays voisins tels que la Jordanie, le Liban, la Turquie et l’Irak. Le Fonds soutient également les communautés locales débordées et leurs administrations.

Pour en savoir plus

Site web de la Délégation de l’UE en Jordanie

Site web EDU-SYRIA

Site web MADAD

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