Les jeunes Jordaniens brisent le cycle de l’exclusion et relèvent des défis afin de créer des emplois et des entreprises durables avec l’aide du programme NET-MED Jeunesse, financé par l’UE. Ce programme offre une source d’inspiration à des milliers de jeunes hommes et femmes aux quatre coins du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Un journaliste du projet EU Neighbours South en a rencontré deux à Amman et nous livre leurs récits dans ce reportage.
Texte et photos par Mohammad Ben Hussein
Amman – Sami Hourani est un jeune entrepreneur jordanien qui a tourné le dos à un emploi lucratif et prestigieux dans la chirurgie robotique pour créer une plate-forme ambitieuse destinée aux jeunes. C’est un jeune homme motivé et proactif qui vit dans son petit pays où l’exclusion et le chômage des jeunes sont devenus des préoccupations majeures pour les décideurs politiques. On retrouve par ailleurs ces préoccupations dans toute la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Le sentiment de perte que l’on observe parmi les jeunes du sud de la Méditerranée a servi d’inspiration pour les représentants européens impliqués dans la coopération et a mené à la création de NET-MED Jeunesse, un programme ambitieux centré sur les jeunes, dans lequel chaque individu compte.
Hourani fait partie des nombreux Jordaniens à avoir bénéficié de ce programme de trois ans. Grâce à la formation et aux conseils quotidiens, le programme a contribué à porter son entreprise à un niveau supérieur, lui permettant de se défendre sur un marché où la concurrence fait rage.
Dans la région du sud de la Méditerranée, les jeunes hommes et femmes doivent faire face à un taux de chômage élevé, à une faible représentation dans les sphères publique et politique, à un désintérêt pour l’engagement civique, à leur exclusion des principaux médias et à la marginalisation économique. Dareen Abu Lail, chargée de projet adjointe pour NET-MED Jeunesse, nous explique que ce programme est une réponse conjointe de l’UE et de l’UNESCO à ces problèmes. « Le programme NET-MED Jeunesse a fait très bon usage des actifs locaux en les faisant évoluer conformément aux besoins locaux. Il s’agit clairement d’un projet unique doté d’une importante valeur ajoutée pour le pays », déclare Abu Lail.
« À l’avenir, je pense que NET-MED Jeunesse se concentrera sur le volet politique. Une approche fondée sur des données probantes nous aidera à travailler davantage avec les organisations de jeunes afin de formuler des recommandations à l’intention du gouvernement, qui élaborera des politiques pour les jeunes », ajoute-t-elle.
Les partenaires européens impliqués dans le projet sont convaincus que les jeunes de la région présentent un grand potentiel mais qu’ils ont besoin de conseils et de formations afin de concrétiser leurs objectifs. C’est exactement ce qu’ambitionne NET-MED Jeunesse : l’autonomisation des jeunes en vue de les aider à s’engager dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques nationales relatives à l’enseignement et à l’emploi qui se focalisent sur leurs droits, leurs responsabilités et leur potentiel.
À l’issue de ses études à l’université Stanford, Hourani avait le monde à ses pieds. Mais au lieu d’opter pour une vie confortable aux États-Unis, il a choisi un parcours professionnel différent, où il pourrait utiliser le soutien qu’il avait reçu pour venir en aide aux autres jeunes, prouvant tout son courage en embarquant dans l’aventure de l’instauration d’un guichet unique pour la formation et le renforcement des capacités en Jordanie.
Son portail, For9a.com (qui signifie « opportunité » en arabe) a remis en question le statu quo selon lequel l’accès aux opportunités de formation et de développement des compétences était très limité. De plus, il a pu sensibiliser les acteurs et favoriser la mise en place de stages en entreprise de façon à donner aux nouveaux diplômés une chance d’entrer sur le marché du travail.
« Nous voulions briser tous ces cycles de copinage et de manque d’accès à l’enseignement. C’est pourquoi nous avons décidé d’utiliser Internet et les médias sociaux pour toucher plus de jeunes de manière gratuite et égale », explique Hourani.
Le portail a été lancé en 2011 au beau milieu de l’agitation politique alimentée par la frustration des jeunes. La lutte contre la marginalisation initiée par l’immolation de Mohamed Bouazizi en Tunisie s’est transformée en un événement qui a changé le cours de l’histoire, qui continue d’avoir des répercussions aujourd’hui et qui en aura encore dans les années à venir.
En attendant, For9a.com tente de résoudre en partie le problème en proposant un lien entre les établissements d’enseignement, les centres de formation professionnelle, les entreprises, les ONG et les jeunes talents admissibles et motivés.
NET-MED Jeunesse collabore avec plusieurs partenaires au sein du royaume afin de mettre en œuvre divers programmes axés sur trois domaines d’intérêt : les politiques publiques pour les jeunes, les jeunes et les médias, et les jeunes et l’emploi.
Parmi ceux-ci, on retrouve le projet Luminous Media, le premier « incubateur de médias créatifs » de la région, où les jeunes entrepreneurs en herbe peuvent entrer dans l’environnement professionnel et trouver un endroit pour lancer leur entreprise. Cette initiative fait partie d’un programme de partenariat avec NET-MED Jeunesse, qui tente de fournir aux jeunes entrepreneurs un soutien pratique, et notamment des espaces de travail et un accès à des coachs pour les guider dans les premières étapes de leur activité.
Wejoud Al-Naboulsi, 24 ans et directrice générale de la société d’impression 3D « Geo Clone », est un brillant exemple de l’ambition avec laquelle les jeunes femmes ont appris à conquérir le monde des entreprises grâce au projet Luminous Media.
Wejoud est assise sereinement derrière sa machine d’impression 3D. Elle assemble les pièces pour sa prochaine production. Des objets 3D trônent sur une étagère, comme autant de témoins de sa créativité et de son ambition.
Après un an de tâches administratives et de paperasseries, Wejoud est parvenue à monter son entreprise, à trouver des clients et à commencer son activité depuis un studio au sein du groupe Luminous Media, une entreprise de médias du secteur privé qui forme des étudiants sur une multitude de projets liés aux médias.
Wejoud a suivi plusieurs formations sur la préparation d’enquêtes de faisabilité et la planification stratégique et s’est vu offrir un petit studio de travail au sein de la Luminous Academy, ainsi que des conseils tout au long des phases initiales de son projet.
« L’espace qui m’a été offert est une véritable aubaine. Avant, je travaillais depuis la maison, mais désormais je dispose d’un bureau où je peux rencontrer des clients, leur montrer mon travail et rêver d’augmenter ma production », raconte Wejoud.
Pour Wejoud, en tant que jeune femme timide mais déterminée, le projet Luminous a été une opportunité en or de montrer son potentiel. Il l’a aidée à surmonter de nombreux obstacles qui empêchent les jeunes entrepreneurs de donner vie à leurs rêves.
« J’ai énormément évolué grâce à ce programme. Avant, j’avais du mal face au public ou lorsqu’il fallait défendre mes idées pour trouver un soutien financier mais, aujourd’hui, j’ai gagné en expérience et en assurance. Je suis parvenue à dépasser mes peurs », ajoute-t-elle.
Aussi bien Hourani que Wejoud ressentent aujourd’hui la responsabilité sociale de partager leur expérience et leurs connaissances avec d’autres jeunes hommes et femmes qui aspirent à la réussite et à l’inclusion au sein de leur société.
« Le programme NET-MED Jeunesse a fait très bon usage des actifs locaux en les faisant évoluer conformément aux besoins locaux. Il s’agit clairement d’un projet unique doté d’une importante valeur ajoutée pour le pays. » Dareen Abu Lail, chargée de projet adjointe pour NET-MED Jeunesse.
« Nous voulions briser tous ces cycles de copinage et de manque d’accès à l’enseignement. C’est pourquoi nous avons décidé d’utiliser Internet et les médias sociaux pour toucher plus de jeunes de manière gratuite et égale. » Sami Hourani, bénéficiaire du projet.
« J’ai énormément évolué grâce à ce programme. Avant, j’avais du mal face au public ou lorsqu’il fallait défendre mes idées pour trouver un soutien financier mais, aujourd’hui, j’ai gagné en expérience et en assurance. Je suis parvenue à dépasser mes peurs. » Wejoud Al-Naboulsi, bénéficiaire du projet.