Les propos évasifs d’un réfugié syrien pour évoquer des souvenirs douloureux

Mai 5, 2022
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Mahmoud Ahmad Al-Matar est un homme de 57 ans qui, en 2013, a dû fuir sa ville natale d’Al-Houla dans la province de Homs en Syrie, où la guerre faisait rage. Il bénéficie aujourd’hui du programme d’aide en espèces financé par l’UE. Malgré son état de santé – un cœur faible et un dos douloureux qui l’obligent à rester alité – les mots qu’il prononce le plus souvent sont « Al-Hamdoulillah » (merci mon Dieu). On comprend alors immédiatement qu’il est rempli de gratitude. Pourtant, il a un rêve qui ne s’est pas encore réalisé.  

Mahmoud raconte son histoire de façon évasive comme s’il voulait cacher la douleur qu’engendrent ses souvenirs. Il demande à sa femme de lui rappeler des dates et des informations sur la façon dont sa famille a été brisée et sa maison complètement détruite par la guerre. Bien qu’il ait trois filles et deux fils, seuls deux de ses enfants (une fille et un garçon) vivent actuellement avec lui et son épouse, malade depuis six ans. Les médecins ne parviennent pas à diagnostiquer la maladie de sa femme, ce qui crée un souci de plus pour la famille. Mahmoud explique que sa famille a eu de la chance de ne passer qu’une journée dans le camp de réfugiés d’Al-Zaa’tari à son arrivée en Jordanie. Dès le lendemain, ils ont pu emménager dans une maison à Amman, la capitale. « Mes deux filles restées en Syrie sont mariées et, Dieu merci, elles vivent dans un endroit sûr avec leur famille », dit Mahmoud. « Mais quand je pense à mon autre fils et à mes deux petits-enfants qui vivent toujours en état de siège et dans une extrême pauvreté, cela me fend le cœur. » Mahmoud laisse alors paraître ce grand-père anxieux qui souhaite par-dessus tout retrouver ses petits-enfants, les mettre à l’abri de tout danger et les faire vivre dans la dignité.

Dans l’incapacité de travailler 

Ayant subi plusieurs interventions chirurgicales lourdes, notamment une opération du dos en Syrie, un cathétérisme cardiaque il y a deux ans et une nouvelle opération, plus récemment, à la suite d’une crise cardiaque, Mahmoud ne peut pas aller travailler. Son fils Taha, qui avait commencé sa 8e année de scolarité, avait abandonné l’école récemment parce qu’il devait parcourir une longue distance pour s’y rendre, ce qui occasionnait des frais de transport. Il avait alors trouvé un emploi dans un supermarché local où il gagnait 2 dinars jordaniens (2,60 euros) par jour . Mais, finalement, le directeur de l’école l’avait encouragé à retourner en classe.

Chaque mois, Mahmoud reçoit du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne (Fonds Madad) une allocation en espèces qui l’aide à répondre à certains besoins fondamentaux du foyer et à acheter les médicaments pour son cœur, qui sont très chers mais nécessaires. Le Fonds européen Madad vise à fournir un financement efficace, rapide et flexible pour répondre aux besoins en constante évolution des enfants et des familles vivant dans les pays voisins de la Syrie.

En quête d’une vie meilleure 

Aujourd’hui, Mahmoud cherche à s’installer dans n’importe quel pays européen, une idée qui ne lui serait jamais venue à l’esprit auparavant. « Je recherche la sécurité sanitaire ; je veux avoir mes médicaments et retrouver la santé. Je veux que ma femme aille mieux et que mon fils reçoive une bonne éducation et n’abandonne pas l’école. Je veux qu’il vive et joue comme un enfant normal. »  Ces paroles concluent l’histoire de Mahmoud et celle de milliers d’autres réfugiés syriens dont la vie a basculé lorsqu’ils ont fui la guerre, mais qui vivent dans l’espoir de voir leurs familles réunies, en sécurité et heureuses définitivement.

 

L’Union européenne et la Syrie

L’UE et ses États membres sont les principaux bailleurs d’aide internationale destinée aux populations affectées par le conflit syrien. Depuis le début de la crise en 2011, l’UE a débloqué plus de 25 milliards d’euros pour soutenir les Syriens les plus vulnérables, tant à l’intérieur du pays que dans l’ensemble de la région. L’UE a organisé cinq années de suite, de 2017 à 2021, des conférences visant à améliorer les perspectives de la Syrie et de la région. Ces conférences ont été les principaux événements de donation organisés dans le cadre de la crise syrienne.

En 2021, la Commission européenne a mobilisé 141 millions d’euros d’aide humanitaire pour apporter un soutien vital à des millions de personnes à l’intérieur de la Syrie. Outre sa contribution initiale de 130 millions d’euros, la Commission a distribué pour plus de 10 millions d’euros d’aide aux victimes de graves pénuries d’eau et de la sécheresse dans le nord de la Syrie. Le financement aide aussi à soutenir la population durant l’hiver. Un million d’euros supplémentaire a été attribué à la gestion de la crise de la COVID-19.

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