L'Europe ouvre ses portes aux étudiants libyens

Juillet 4, 2017
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Les plus grands universitaires libyens font part de leur expérience des études en Europe pour encourager la prochaine génération à se lancer dans l’aventure de leur vie 

Pour un étudiant, décider de quitter sa famille et son pays, c’est faire un saut dans l’inconnu, mais les retombées sont considérables. Pour inciter les jeunes Libyens à participer aux futurs programmes, des étudiants et des universitaires ayant bénéficié des bourses d’études de l’UE ont partagé leur expérience lors de la réunion interministérielle tenue entre l’UE et la Libye au mois d’avril à Tunis. 

Bénéficiaires du programme Erasmus Mundus 

Rafa Rejeibi (30 ans), ancienne élève du programme Jeunes leaders méditerranéens – une initiative lancée par la Fondation européenne pour la formation en 2012 – a fait part de la joie qu’elle a éprouvée en apprenant qu’elle avait été sélectionnée avec un autre étudiant originaire de Libye. Seuls 16 étudiants de la région du sud de la Méditerranée sont admis à ce programme pour travailler sur les politiques publiques à la Fondation européenne pour la formation, basée à l’Université de Turin en Italie. 

« Il y a eu un appel à propositions et, à l’époque, j’ai pensé que c’était une excellente occasion d’acquérir des connaissances sur les politiques publiques, notamment parce que je suis enseignante à l’Université de Tripoli », a-t-elle déclaré. 

À la suite de ce programme, Rafa a été sélectionnée pour continuer à travailler à la fondation pendant trois mois sur l’entrepreneuriat et les plans d’action pour petites et moyennes entreprises pour la Libye. L’accent a été mis sur les parties prenantes libyennes, y compris le ministère de l’Économie, qui avaient mis en place un programme d’investissement dans des pépinières d’entreprises visant à permettre à davantage de jeunes d’obtenir une aide pour leur projet. Elle a également participé à une étude factuelle portant sur le marché du travail libyen destinée à aider autant d’étudiants que possible à s’insérer sur le marchés du travail. 

« Le lien entre ce que nous enseignons et le marché du travail devrait être investi dans nos étudiants. En tant que professeur d’université, j’ai toujours considéré que nous devrions aider nos étudiants à acquérir les compétences susceptibles de leur permettre d’intégrer le marché du travail avec assurance ». 

Rafa espère que les parties libyenne et européenne continueront à travailler ensemble pour améliorer les synergies et échanger des informations sur leurs ambitions et leurs défis pour pouvoir les surmonter. « En tant que Libyenne vivant à Tripoli, je pense qu’il est encore possible de trouver des solutions quelles que soient les difficultés ». 

Le Dr Rania Elemam, 38 ans, a bénéficié d’une bourse Erasmus Mundus et a ainsi eu la chance de voir son doctorat entièrement financé pendant trois ans. « J’ai acquis énormément de connaissances, j’avais d’excellents résultats, j’ai eu l’occasion de voyager dans de nombreux pays pour y présenter mes travaux et j’ai publié huit articles scientifiques », a-t-elle expliqué. 

Grâce au soutien de ses superviseurs, de ses professeurs et de l’équipe en charge du programme de bourse, le Dr Elemam a décroché son doctorat en un temps record. C’est pourquoi elle encourage tous les étudiants à faire une demande de bourse et à ne pas laisser les conflits politiques entraver leur volonté de tenter cette expérience. 

Bien qu’elle ait été confrontée à des difficultés personnelles, liées notamment au fait qu’elle n’a pas pu voir sa famille pendant ses trois années d’études, Rania a trouvé cette expérience très enrichissante, cette dernière ayant ouvert son esprit à de nouveaux horizons passionnants. Elle lui a permis d’avoir une nouvelle vision des échanges culturels et des relations internationales. Outre l’obtention de son doctorat, Rania a pu également atteindre des objectifs personnels : « J’ai appris le portugais et le violon. J’ai également réussi à maintenir de bonnes relations avec des amis et divers professionnels aux niveaux national et international, notamment des scientifiques et des professeurs ». 

En tant que professeur, Rania s’engage à appliquer de nouvelles méthodes d’enseignement avec ses étudiants en les initiant à de nouvelles technologies et en les encourageant à participer à ces programmes favorisant l’ouverture d’esprit pour qu’ils découvrent leurs talents et leurs compétences et attachent de l’importance à leur développement personnel. 

Anas Mohammed Iwida, 23 ans, élève ingénieur à l’université de Misrata et ancien étudiant Erasmus Mundus à l’université de Padoue, a quant à lui souligné l’importance de l’épanouissement personnel, le programme lui ayant permis de rencontrer des étudiants de nombreux pays et d’avoir des échanges enrichissants pour en savoir plus sur leur vie et leurs points de vue. Il a salué les promesses faites par l’UE au cours de la réunion afin de faciliter les procédures concernant l’accès des futurs étudiants à ce type de bourse. 

La culture du débat comme moyen de favoriser le leadership  

Mohamed Ali Abdellatif, 25 ans, a participé activement aux débats nationaux et régionaux organisés dans le cadre du programme Young Arab Voices cofinancé par l’UE. Ali a suggéré la création d’une initiative nationale visant à donner à la jeunesse libyenne les moyens d’agir à travers des formations. Avec le soutien des bureaux nationaux de l’UE, ce projet pourrait être durable et les étudiants libyens seraient plus nombreux à pouvoir acquérir des compétences en matière de leadership. 

Des fonds européens pour les Libyens 

En 2015-2016, il y a eu six projets Erasmus dotés d’une enveloppe budgétaire de 143 000 euros et prévoyant 32 flux de mobilité vers l’Europe. Les universités libyennes de Misrata, Tripoli et Zawia ont été impliquées dans ce programme et leurs partenaires européens étaient les universités de Grenade, Riga et Talin. Malheureusement, à ce jour, seuls neuf flux de mobilité ont eu lieu. En réalité, il existe des programmes de mobilité universitaire à court terme pour les étudiants (3 à 12 mois) et le personnel (5 à 60 jours), ainsi que des programmes à long terme pour tous les niveaux d’études, à savoir licence, maîtrise, doctorat, qui sont entièrement financés, selon Annemie Cumps, du bureau Libye au siège de l’UE. 

En 2017, six autres projets impliqueront la Libye. Ils seront dotés d’un budget de 157 858 euros et concerneront 52 flux de mobilité. 

Tous ces programmes Erasmus+ améliorent les perspectives d’avenir de l’enseignement supérieur en Libye, des moyens et des technologies modernes étant présentés aux étudiants à travers leurs expériences individuelles. 

Pour obtenir de plus amples informations, veuillez consulter: https://eacea.ec.europa.eu/erasmus-plus/introduction-international-dimension-erasmus-plus_en 

 

Texte de Racha Haffar 

Photos de Mohamed Messara

 

 

Erasmus Mundus Grantees 

Thirty-year-old Rafa Rejeibi, an alumnus of the Young Mediterranean Leaders Programmes – an initiative of the European Training Foundation in 2012 – spoke of her delight at being selected along with one other student from Libya. The programme offers places for just 16 students from the whole Southern Mediterranean region to work on public policies at the European Training Foundation at Torino University in Italy. 

“There was a call for proposals and at that time I thought it’s a great opportunity to learn about public policies, especially because I teach at Tripoli University,” she said. 

Following this programme, Rafa was then selected to stay with the foundation for three months to work on entrepreneurship and small to medium-sized business action plans for Libya. The focus was on Libyan stakeholders including the Ministry of Economy that had a programme to invest in incubators to help more young people get support for their projects. She was also part of an evidence-based study that focused on the Libyan labour market to help as many students as possible to integrate in the job markets.  

“The relationship between what we teach and the labour market should be invested in our students. As a university professor, I have always believed that we should help our students to obtain the skills that would enable them to enter the labour market with confidence” .

Rafa hopes that both the Libyan and the European sides carry on working together to create better synergies and communicate on their ambitions and challenges to overcome them. “As a Libyan living in Tripoli, no matter how difficult the situation is, there is still potential to find solutions.”  

Dr. Rania Elemam, 38, was granted an Erasmus Mundus scholarship, one of the fortunate ones to be given fully funded PhD scholarships for three years. She said: “I gained a lot of knowledge, excelled academically and was able to travel to many different countries where I participated with my articles and published eight scientific papers.” 

Thanks to the support from her supervisors, professors and the scholarship team, Dr. Elemam gained her doctoral degree in a surprisingly short period of time, which is why she encourages everyone to apply for these scholarships and not let the political conflicts hinder their willingness to try these opportunities. 

Although faced with personal challenges, such as not being able to see her family for the whole three years, Rania found the experience to be very enriching as it opened her mind to exciting new horizons. She found a new appreciation for cultural exchange and international relations. As well as her academic achievements, Rania was able to achieve some personal goals too: “I learnt Portuguese and the violin, I also managed to keep good relations with friends and professionals on national and international levels including scientists and professors.” 

As a professor, Rania pledges to benefit her students with new ways of teaching, introducing new technologies and encouraging them to be part of such mind-opening programmes to discover their talents and skills and value personal development.  

Anas Mohammed Iwida, 23, an engineering student at Misrata University, and an Erasmus Mundus Alumnus from the University of Padova emphasised the importance of personal growth, as he met friends from many countries and managed to have an enriching exchange of life experiences to learn about other’s lives and visions. Anas welcomed the promises made by the EU during the meeting to facilitate the procedures for future students to access such scholarships.  

Culture of debate as a way to leadership  

Mohamed Ali Abdellatif, 25 has been an active participant in national and regional debates with the EU-co-funded Young Arab Voices debating programme. Ali suggested that a national initiative aimed at empowering the Libyan youth through debate trainings be developed. With the support of EU national offices, this project could be sustainable and more Libyan students would benefit and gain leadership skills.   

EU funds for Libyans 

In 2015-2016 there were six Erasmus projects running with total funding of €143,000, planning 32 mobility flows to Europe. The Libyan Universities involved in the scheme were Misurata, Tripoli, and Zawia, and their European partners are the universities of Grenada, Riga, and Talin. Unfortunately, to date only nine mobility flows have taken place. In fact, there are short-term academic mobility programmes for students (3-12 months) and staff (5-60 days) and long-term programmes for all levels of education, namely BA, MA, PhD, which are fully funded, according to Annemie Cumps from the Libya Desk at EU HQ. 

In 2017, a further six projects will involve Libya with a budget of €157,858, and 52 available mobility flows.  

All these Erasmus+ programmes are paving the way for a brighter future of higher education in Libya, with modern ways and developments being introduced to students through their individual experiences.  

For additional information please consult: https://eacea.ec.europa.eu/erasmus-plus/introduction-international-dimension-erasmus-plus_en 

  

Text by Racha Haffar 

Photos by Mohamed Messara 

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