La troisième édition des Assises Méditerranéennes du Journalisme s’est tenue du 28 au 30 avril à Marseille (France). La ville a accueilli des journalistes venus d’Afrique, d’Europe et du Moyen-Orient, réunis autour d’une question centrale : « Quel journalisme pour l’Afrique et la Méditerranée de demain ? »
La soirée d’ouverture a rendu hommage à la Syrie, partagée entre la douleur du présent et l’espoir d’un avenir meilleur. L’écrivain franco-syrien Omar Youssef Souleimane a livré un témoignage bouleversant, et les journalistes qui risquent leur vie pour couvrir les zones de conflit ont été salués avec émotion.
SAR la Princesse Rym Al-Ali de Jordanie a souligné le rôle essentiel de l’éducation aux médias, affirmant : « L’éducation aux médias est parfois perçue comme un luxe. Au contraire, c’est un impératif démocratique. » Le maire de Marseille, Benoît Payan, a réaffirmé l’engagement de la ville à être un refuge pour ceux qui défendent le savoir. Le média libanais L’Orient-Le Jour a été décoré par la Ville de Marseille, et salué par le ministre libanais de l’Information comme un symbole du journalisme indépendant.
Liberté d’expression : un engagement partagé
Lors de l’ouverture officielle, Francisco Gaztelu Mezquiriz, directeur de la DG MENA à la Commission européenne, s’est adressé au public par message vidéo :
« C’est une formidable occasion de débattre d’un sujet aussi crucial que la liberté d’expression et le journalisme indépendant en Méditerranée. Cela sera sans aucun doute une priorité dans le cadre du nouveau Pacte pour la Méditerranée. L’initiative a déjà été lancée en concertation avec nos pays partenaires et prendra forme après l’été, avec une contribution de la Commission avant la finalisation du Pacte. La liberté d’expression est un principe fondamental que nous voulons défendre et promouvoir ensemble. »
Media Connect en action
Grâce au programme EU Neighbours South, 9 Media Connectors — jeunes journalistes et étudiants en journalisme originaires d’Algérie, d’Égypte, de Jordanie, du Liban, de Libye, du Maroc, de Palestine, de Syrie et de Tunisie — ont participé aux Assises. Leur implication active a été largement saluée, témoignant de leur fort engagement en faveur d’un journalisme indépendant et de qualité.
Durant trois jours, ils ont produit une grande diversité de contenus originaux — vidéos, interviews, publications sur les réseaux sociaux — chacun travaillant sur une thématique spécifique. Cet effort collectif incarne parfaitement l’esprit du réseau Media Connect, fondé sur la collaboration, le soutien mutuel et une vision partagée d’un journalisme constructif et tourné vers les solutions.
En plus de couvrir l’événement, les Media Connectors ont animé un stand aux couleurs de l’UE, avec un espace d’interviews, véritable point de rencontre interactif pour les visiteurs et participants.
Des voix et regards clés
Dans le cadre de sa contribution aux Assises, le programme EU Neighbours South a également organisé une série d’activités parallèles, mettant en lumière les voix émergentes du journalisme dans le voisinage Sud.
L’un des temps forts fut une interview exclusive de SAR la Princesse Rym Al-Ali de Jordanie — ancienne journaliste, présidente de la Fondation Anna Lindh et fondatrice du Jordan Media Institute — qui a mis l’accent sur l’importance cruciale de l’éducation aux médias dans la région. Le ministre libanais de l’Information, Dr Paul Morcos, a également prononcé un discours fort, appelant à une protection urgente du journalisme indépendant, pilier fondamental de toute démocratie.
Faire vivre la flamme
Le programme EU Neighbours South a également organisé la table ronde « Faire vivre la flamme », réunissant des journalistes chevronnés et de jeunes reporters pour réfléchir à la manière de préserver la passion du métier malgré les défis croissants, les pressions politiques et la précarité. À cette occasion, Anthony Bellanger, Secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, a déclaré :
« Nous avons besoin des jeunes journalistes. Notre génération n’est pas en mesure de suivre tous les mouvements du journalisme moderne, notamment sur les réseaux sociaux ou l’intelligence artificielle. Ce n’est pas par manque d’intérêt, bien au contraire — mais la nouvelle génération est née avec ces outils. Elle a une longueur d’avance, et grâce aux compétences déjà acquises et à leur engagement, c’est ensemble que nous ferons avancer le journalisme. »
Une étincelle d’espoir
Autre moment marquant : la participation à l’émission radio de Radio Grenouille, média marseillais partenaire du programme EU Neighbours South, pour présenter Media Connect — le réseau régional qui vise à renforcer les compétences des jeunes journalistes et étudiants en journalisme du voisinage Sud, en leur offrant une expérience pratique et des opportunités de développement.
Enfin, la délégation du programme a pris part à un panel sur le journalisme constructif, soulignant l’importance d’un traitement orienté vers les solutions dans une région trop souvent réduite à ses crises. Le message était clair : dire la vérité avec sincérité, traiter les sujets de manière éthique, mettre en lumière les sources d’espoir et redonner du sens au rôle du journalisme dans la société.
En marge des Assises, le programme SahafaMED, cofinancé par l’Union européenne, a organisé une journée complète d’échanges réunissant acteurs et bailleurs du monde des médias du voisinage Sud. Objectif : repenser les modèles de coopération pour soutenir un journalisme digne de confiance et de qualité dans la région.