Que serait le sport sans les athlètes féminines d’exception? Pour faire honneur à trois championnes marocaines et à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’ambassadrice de l’Union européenne au Maroc, Patricia Llombart Cussac, a accueilli une soirée d’échanges placée sous le signe du sport et de l’égalité. Trois sportives marocaines d’exception y étaient mises à l’honneur : Nadia Ben Bahtane, Bouchra Baibanou et Bahia El Yahmidi, venues partager leurs parcours inspirants dans un milieu encore majoritairement masculin.
Organisée autour du thème « Le Genre et le Sport : Défis, Évolutions et Perspectives », cette rencontre a réuni à la résidence de l’Union européenne à Rabat un large panel de femmes aux voix inspirantes. Athlètes, médias et représentants de la société civile ont partagé leurs visions et évoqué des actions concrètes pour faire progresser le sport au féminin. Cette soirée d’échanges a mis en lumière les multiples façons dont le sport peut devenir un levier d’égalité et d’émancipation.
Braver les vagues et gravir les sommets
Qu’il s’agisse de dompter l’océan ou d’affronter les plus hauts sommets, Nadia Ben Bahtane et Bouchra Baibanou incarnent le courage, la persévérance et la volonté de dépasser les limites imposées, qu’elles soient physiques ou sociales.
Nadia Ben Bahtane, nageuse en eau libre, est une passionnée de l’océan. En 2015, elle devient la première Marocaine à traverser à la nage le détroit de Gibraltar. En 2022, elle relève un autre défi : une traversée de 24 km entre Taghazout et Agadir. Pour elle, le sport est un vecteur de dialogue et un levier d’émancipation pour les femmes, qui ont pleinement leur place en haut des podiums. « Regarder les nageurs s’entraîner au Club Cheminots de Rabat, assise au loin parmi les spectateurs, a été une expérience très frustrante pour moi. Je savais que ma place n’était pas sur les gradins ! C’est ainsi que j’ai décidé de me jeter à l’eau et de devenir nageuse de haut niveau », confie-t-elle.
De son côté, Bouchra Baibanou a choisi les cimes comme terrain d’expression. En 2017, elle devient la première femme marocaine et nord-africaine à atteindre le sommet de l’Everest. Depuis, elle a gravi les plus hauts sommets des sept continents, dont l’Annapurna en 2022 et le Lhotse en 2023. Ingénieure en télécommunications diplômée de HEC Montréal, elle est aussi présidente de l’association Delta Évasion et de la Commission Féminine de la Fédération Royale Marocaine de Ski et Sports de Montagne. « Il reste encore beaucoup à faire pour briser les stéréotypes et faire progresser le sport féminin au Maroc », souligne-t-elle
L’engagement de l’UE pour l’égalité dans le sport
Lors de cette soirée, Mme Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l’UE au Maroc, a rappelé que : « Le sport est un puissant levier d’inclusivité et d’égalité pour lutter contre les stéréotypes et changer les perceptions. A ses yeux, les médias ont “un rôle à jouer” dans la valorisation de ces parcours d’exception. “Ces athlètes sont une source d’inspiration pour les jeunes filles, poursuit-elle. C’est à travers ces icônes qu’elles pourront rêver grand et prendre conscience qu’elles ont les mêmes droits et opportunités que les jeunes hommes. »
L’égalité de genre est une valeur fondamentale de l’Union européenne et un levier essentiel pour le développement durable. C’est dans cette perspective que le partenariat euro-marocain oeuvre de concert pour favoriser l’inclusion et l’autonomisation des femmes. En tant qu’acteur clé dans la promotion d’égalité de genre, l’Union européenne s’appuie également sur des partenariats avec la société civile afin de sensibiliser, encourager une culture d’égalité et déconstruire les stéréotypes. Elle appuie également des projets structurants, comme la « Plateforme digitale Genre » du Haut-Commissariat au Plan, qui fournit des données clés pour intégrer l’égalité de genre dans les politiques publiques.
Depuis plusieurs années, l’Union européenne agit aux côtés du Maroc pour promouvoir l’égalité entre tous et s’engage notamment dans la lutte contre les violences basées sur le genre. L’UE soutient les acteurs non étatiques dans la prise en charge multisectorielle des survivantes. Une attention particulière est également portée aux mères célibataires, pour faciliter leur accès aux droits et aux services essentiels, leur garantissant ainsi davantage d’autonomie.
Ce soutien est renforcé par un travail conjoint avec les institutions marocaines. L’UE est notamment aux côtés du Ministère de la Solidarité, de l’Insertion Sociale et de la Famille dans le suivi et la coordination des Plans Gouvernementaux pour l’Égalité (PGE). Elle appuie également le Ministère des Finances pour la mise en œuvre de la budgétisation sensible au genre, un outil crucial pour garantir une répartition équitable des ressources publiques. À travers ces partenariats, l’UE accompagne le Maroc dans l’édification de politiques publiques inclusives, basées sur des données fiables.
L’autonomisation économique des femmes, priorité de la coopération UE/Maroc: En 2024, l’UE a lancé un Programme d’Appui à l’Autonomisation Economique des Femmes, en soutien aux priorités du Plan Gouvernemental pour l’Égalité dans sa 3ème version (PGE III). Ce programme vise à créer un environnement propice à l’entrepreneuriat féminin, à favoriser l’accès aux droits économiques et sociaux, et à promouvoir une culture de l’égalité durable. Le projet « Wafira », lancé en 2024 en partenariat avec l’Espagne et l’ANAPEC, a permis d’accompagner 250 travailleuses saisonnières marocaines dans toutes les étapes de leur parcours, de leur départ vers l’Espagne jusqu’à leur réinsertion socio-économique au Maroc. Elles ont ainsi pu développer des compétences, créer des activités génératrices de revenus et améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs familles. Dans les provinces de Figuig, Oujda, Al-Hoceima, Larache et Ouarzazate, le projet « Darna » soutient quant à lui l’employabilité des jeunes femmes à travers la formation, l’insertion professionnelle et la création d’initiatives entrepreneuriales solidaires. Cette approche intégrée vise à ancrer durablement l’autonomie économique dans les territoires.