Dans le cadre de l’initiative EU Jeel Connect, un Coffee Talk a été organisé au Liban pour aborder les effets de la crise économique actuelle sur la santé mentale des jeunes Libanais. La délégation de l’Union européenne au Liban a réuni des jeunes de tout le pays à son siège à Beyrouth pour un Coffee Talk des connecteurs sur le thème « Penchons-nous à nouveau sur la santé mentale ». L’évènement, auquel ont aussi participé les partenaires de l’UE au Liban, a été animé par deux membres du réseau EU Jeel Connect qui ont également présenté leurs propres projets.
Inspirer les initiatives et les aspirations des jeunes
Rayan Mahfouz, un jeune de 29 ans diplômé en économie, a présenté son initiative baptisée Shooting Star Academy. Rayan, qui rêvait de devenir un athlète professionnel étant plus jeune, a lancé cette initiative pour encourager les jeunes, en particulier ceux qui ont un handicap physique, à faire du sport. « L’inactivité physique est la quatrième cause de décès dans le monde. Le sport joue aussi un rôle important dans le bien-être personnel », a-t-il déclaré.
Fabienne Semaan, 24 ans, est la cofondatrice de Recover, où elle exerce également la fonction de chef de projet. « Je suis originaire de Zgharta, un village dans le nord du Liban, où il est encore tabou de parler de santé mentale, alors que le besoin est là, surtout chez les jeunes. Mon but, en créant Recover, était de donner de l’espoir », a-t-elle expliqué. Fabienne et son équipe, qui viennent de recevoir un financement de l’ONG suisse Hivos, travaillent auprès des groupes de population les plus marginalisés, notamment la communauté LGBT et les réfugiés.
Les ONG mettent en lumière la multiplication des problèmes de santé mentale chez les jeunes Libanais
Maria Haddad dirige le Service de santé mentale et de soutien psychosocial (SSMSP) de l’organisation non gouvernementale International Medical Corps (IMC), qui vient en aide à divers groupes de population au Liban. « De plus en plus de jeunes souffrent de troubles mentaux, notamment de dépression et de burn-out. Les cas d’automutilation sont également en hausse. Le Liban subit non seulement les conséquences du confinement imposé pendant la pandémie de COVID-19, mais également la crise économique, qui a largement contribué au désespoir des jeunes générations. Beaucoup de jeunes sont désespérés et n’ont ni espoir ni ambition », a-t-elle déclaré.
Nour Beaini, coordinatrice de projets au sein d’Embrace, une ONG locale qui a mis en place une ligne d’assistance téléphonique fonctionnant 24 heures sur 24 pour aider les personnes confrontées à des problèmes de santé mentale, a souligné elle aussi cet aspect. « La crise économique a exacerbé le désespoir des gens. Nous recevons de plus en plus d’appels de jeunes de 15 à 24 ans », a-t-elle déclaré. « Pour atteindre ce groupe de population et le sensibiliser à la santé mentale et au problème du suicide, Embrace a lancé un projet commun avec diverses parties prenantes, dont l’UNICEF. Nous travaillons avec les écoles, les universités et les communautés. En 2023, nous avons reçu 11 000 appels, et 30 % de ces personnes avaient entre 15 et 24 ans », a-t-elle ajouté.
IMC et Embrace figurent parmi les ONG qui travaillent avec l’Union européenne au Liban pour mettre en œuvre des projets liés à la santé mentale.
Engagement et soutien de l’UE en faveur des initiatives relatives à la santé mentale au Liban
Orla Colclough, du département Coopération, gouvernance et services sociaux de la délégation de l’Union européenne au Liban, s’est penchée sur la santé mentale des jeunes. « C’est une question qui doit être abordée. Nous constatons de plus en plus de besoins dans ce domaine. Ces dernières années, 280 millions d’euros ont été injectés dans le secteur de la santé au Liban, ce qui a bénéficié à plus de deux millions de personnes », a-t-elle souligné.
Orla Colclough a également répondu aux questions des jeunes présents à la réunion. Yara et Maya Mahfouz, étudiantes en sciences de la nutrition à l’Université Saint-Joseph, l’ont interrogée sur la santé mentale. Ces sœurs jumelles souhaitaient connaître les projets financés par l’UE en ce qui concerne les recherches universitaires sur la santé mentale.
Les discussions ont porté essentiellement sur les domaines de collaboration avec l’Union européenne. Les jeunes présents ont fait part de leur aspiration à devenir les prochains « connecteurs EU Jeel ». Christian Abou Daher, 18 ans, a par exemple déclaré : « J’aimerais beaucoup avoir l’occasion de devenir membre du réseau EU Jeel Connect. Cela m’ouvrirait des portes et me permettrait de mieux connaître l’Union européenne et de mener des projets utiles à la société ».