BIODOME est une entreprise marocaine innovante spécialisée dans la construction d’usines de biogaz et de compostage. Avec le soutien de divers programmes de l’UE, l’entrepreneuse Fatima Zahra Beraich s’attaque au manque de solutions de recyclage des déchets organiques et à l’accès limité à l’énergie dans les zones rurales. Pour ce faire, elle propose des solutions économiques qui transforment les déchets organiques des agriculteurs et des petits fabricants de produits agroalimentaires en énergie verte durable.
Des solutions innovantes en matière de transformation des déchets organiques
En 2017, le secteur de la gestion des déchets au Maroc a vu débarquer un nouveau venu particulièrement innovant : BIODOME SARL. Fondée par la visionnaire Fatima Zahra Beraich, BIODOME SARL est une société pionnière qui œuvre à la construction et l’installation d’usines de biogaz et de compostage de pointe.
Mue par sa passion pour la chimie et l’environnement, Fatima Zahra a réussi à combiner expertise scientifique et sens de l’entrepreneuriat pour répondre à deux défis urgents : le manque d’options de recyclage des déchets organiques et l’accès limité à l’énergie dans les zones rurales du Maroc.
« Je me suis toujours intéressée à la gestion des déchets, mais à petite échelle, au niveau des individus et des petites entreprises », raconte Fatima Zahra, qui explique que BIODOME est né des hypothèses qu’elle a formulées pendant sa thèse de doctorat.
« Je ne supportais pas de voir autant de déchets dans les rues. Je voulais étudier le traitement des déchets et comprendre pourquoi un système qui fonctionnait à grande échelle, la gestion des déchets organiques, ne pouvait pas être appliqué à un secteur non productif dans notre pays », poursuit Fatima.
Consciente du potentiel inexploité de sa théorie, elle a imaginé une solution qui permettrait à la fois d’éliminer les déchets, de répondre aux besoins en engrais et de produire de l’énergie. Elle a mis sa théorie à l’épreuve en étudiant le processus naturel de décomposition, et elle est parvenue à transformer efficacement les déchets organiques en ressources précieuses.
« Ne vous y trompez pas, les essais ont été nombreux », se souvient-elle en riant, expliquant qu’elle ne « partait de rien ». Personne dans ma famille ou dans mon entourage ne travaillait dans le domaine scientifique ».
Fatima est parvenue à exploiter la technologie d’une manière abordable et durable grâce aux efforts déployés en matière de recherche et développement (R&D). Elle a également bénéficié du soutien indéfectible de programmes financés par l’UE tels que THE NEXT SOCIETY et de divers réseaux. Elle explique que « la matière dégradée est un engrais riche en nutriments, tandis que le biogaz libéré constitue une source d’énergie bon marché et recyclable ».
Autonomiser les communautés grâce aux solutions durables de BIODOME
Matériaux locaux et techniques traditionnelles sont utilisés pour la construction de dômes. Les ingénieurs de BIODOME , des travailleurs locaux formés par Fatima Zahra, construisent sur les parcelles des agriculteurs des dômes en béton qui seront ensuite enterrés. Plus récemment, BIODOME a également développé un certain nombre de nouveaux composteurs, qui permettent de composter en 4 à 6 semaines les déchets alimentaires et organiques ou tout autre déchet organique sans bruit ni odeur.
« En fonction de la taille, on peut traiter de 300 kg à deux tonnes par semaine », explique Fatima Zahra, qui précise que si cette technologie reste coûteuse en Europe, l’équipe de BIODOME a réussi à maintenir des conditions de réaction et de fermentation à moindre coût.
« Nous avons mis au point un nouveau système qui consiste à placer des sacs dans le sol. Ces sacs ne prennent que quelques jours pour composter les déchets et un sac de petite taille produit entre 3 et 4 heures d’énergie », poursuit-elle.
Fatima Zahra insiste également sur les avantages économiques de ce système, car ces méthanisateurs produisent également une grande quantité de digestat que les agriculteurs peuvent ensuite revendre sous forme de bouteilles d’engrais.
« De cette façon, nous réduisons les coûts et nous soutenons les petits agriculteurs et les communautés ».
Relever les défis et devenir un pionnier du changement
Le parcours de Fatima Zahra en tant qu’entrepreneuse n’a pas été sans embûches. Elle a commencé avec des ressources limitées. Déterminée, elle n’a pas hésité à proposer des idées à des bailleurs de fonds, à participer à des échanges financés par l’UE et à rechercher des clients potentiels.
« Il a été difficile de convaincre les agriculteurs traditionnels d’adopter, mais surtout d’INVESTIR dans cette nouvelle technologie », se souvient-elle, en ajoutant que la plupart d’entre eux n’avaient jamais demandé conseil à des start-up, « et encore moins à une femme ! ».
Mais, avec une indéfectible persévérance et une foi inébranlable en son idée, elle a gagné la confiance des premiers utilisateurs comme Zakaria Rachid, un producteur laitier de la province d’El Jadida.
Après avoir créé sa ferme laitière en 2017, Zakaria a été confronté à de nombreux problèmes opérationnels, en particulier à la hausse des coûts. Luttant pour récupérer ses investissements, il a cherché des moyens d’optimiser sa production.
« Je me suis renseigné sur les nombreuses tentatives réussies de méthanisation en Amérique latine et en Europe, mais ces procédés étaient pratiquement inconnus au Maroc. Lorsque je suis tombé sur la page web de BIODOME, j’ai décidé de tenter ma chance », se souvient-il.
« La première fois que j’ai allumé ma cuisinière à gaz grâce à l’énergie produite par le fumier frais, j’ai été stupéfait ! », se remémore Zakaria en rigolant.
En seulement quatre mois, le propriétaire de la ferme a déjà constaté une diminution de 50 % de sa consommation d’engrais, ainsi qu’une forte augmentation de sa productivité.
« Je constate une nette différence dans mon travail quotidien. Pour être honnête, l’installation de ces quatre méthanisateurs a révolutionné mon exploitation ; elle est plus durable et plus rentable ».
Aujourd’hui, Zakaria milite pour le développement de BIODOME dans les zones rurales, notamment en invitant ses collègues agriculteurs à venir visiter sa ferme et à en constater les avantages. Il espère inspirer d’autres agriculteurs à explorer des solutions durables similaires, bénéfiques à la fois pour l’environnement et leur viabilité économique.
« Ils ont besoin de voir la technologie en action pour investir en toute confiance », conclut-il
Vers un avenir durable : L’UE, un soutien vers de nouveaux horizons
Pour Fatima Zahra, ce genre de témoignage est vital pour pérenniser son entreprise. Depuis sa création, BIODOME s’est développé pour répondre aux besoins des petites et moyennes entreprises agro-industrielles, des universités, des écoles, tout en continuant à servir sa clientèle de base, à savoir les petits agriculteurs.
« En créant BIODOME, j’ai choisi de contribuer personnellement à ces communautés locales. J’aurais pu rejoindre une grande entreprise, mais je savais que je pouvais trouver des gens qui croiraient en moi et qui m’aideraient à aller jusqu’au bout », explique-t-elle.
Elle se souvient avec émotion du précieux soutien qu’elle a reçu de l’Université Hassan 1 et des programmes financés par l’UE. Initialement soutenu par le programme Tech Booster de The Next Society, financé par l’UE, BIODOME a bénéficié d’un soutien sur mesure d’experts, de mentors et d’investisseurs. La jeune entrepreneuse et son équipe ont donc pu mieux comprendre le marché et obtenir davantage de financements et de débouchés commerciaux.
Par la suite, Fatima Zahra a été invitée par l’Union pour la Méditerranée où on lui a présenté SwitchMed, un programme financé par l’UE et destiné à promouvoir la consommation et la production durables dans la région méditerranéenne. « Grâce à ce partenariat, BIODOME a bénéficié d’aide pour améliorer son image de marque et construire un local pour les associations, qui sert à la fois d’unité fonctionnelle et d’outil d’éducation pour la communauté », poursuit l’entrepreneuse.
Grâce au soutien de l’UE, BIODOME a connu un véritable succès et son activité dépasse aujourd’hui les frontières du Maroc.
« Nous avons un programme de recherche en Côte d’Ivoire, qui étudie les méthanisateurs contrôlés à distance et permet d’adapter nos solutions aux contextes locaux ». En rendant la technologie plus adaptable et plus évolutive, Fatima vise à libérer tout le potentiel de ses biodômes et à créer un avenir durable, même dans les régions qui n’ont pas accès aux réseaux énergétiques traditionnels.
« Je ne cesserai jamais d’investir dans la recherche et le développement, car je veux m’assurer que cette technologie reste accessible et abordable », souligne la jeune entrepreneuse, qui espère voir « les biodômes fleurir dans toute l’Afrique ».