Je sais qu’il n’est pas facile de plaider en faveur de la paix et de la compréhension lorsque des personnes sont tuées et que des villes sont bombardées chaque jour. Ce n’est pas facile, mais c’est en définitive le seul moyen de briser le cycle de violence qui dure depuis trop longtemps. Je sais que vous êtes peut-être confrontés à l’hostilité de votre communauté parce que vous êtes ici pour plaider pour la paix et vous parler les uns aux autres.
Cette réunion est financée par l’Union européenne, mais malgré cela, je ne suis pas sûr que tout le monde se réjouisse de ma présence ici aujourd’hui. Pourtant, si nous voulons construire la paix, nous devons parler avec ceux qui veulent la paix, comme vous. Je suis ici parce que je pense que nous devons soutenir les voix de la paix, sinon les voix qui réclament la guerre seront trop nombreuses.
Le monde est aujourd’hui à un tournant décisif, peut-être le plus décisif de notre vie. À la fin du mois, je quitterai les fonctions que j’ai exercées en tant que haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne. Il n’a pas toujours été facile de représenter l’Union européenne dans ce conflit, car les États membres sont profondément divisés sur cette question. Il suffit d’examiner les réactions provoquées par la récente décision de la Cour pénale internationale pour constater à quel point les positions diffèrent au sein de l’Union européenne.
Permettez-moi tout d’abord de dire que cette décision n’est pas politique, c’est une décision de justice. Il s’agit d’une décision prise par un tribunal international qui a été créé avec un fort soutien des États membres de l’Union européenne.
Les États membres de l’UE étaient très favorables et lorsque la CPI a décidé d’émettre un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, ils ont été nombreux à l’applaudir. Certains sont remarquablement silencieux aujourd’hui. En tant que vice-président de la Commission européenne et haut représentant, je tiens à exprimer mon soutien à la Cour pénale internationale et à rappeler aux États membres de l’Union européenne qu’ils sont tenus de mettre en œuvre la décision de la Cour.
Le prix de l’absence de paix au Moyen-Orient est devenu exorbitant, non seulement pour les personnes qui meurent sous les bombes, mais aussi pour l’ensemble de la région. Et peut-être pour le monde entier. L’inaction n’est pas une option. L’attentisme n’est pas une politique. Et il n’est plus possible d’apporter la même réponse au même problème, encore et encore, sans apporter de solution.
Je pense que nous sommes d’accord sur ce point compte tenu de votre fort engagement et du courage dont vous faites preuve en allant à contre-courant et en faisant face à l’animosité dans ce combat pour la paix. Je n’ai pas besoin de vous convaincre. Mais permettez-moi de vous dire quelques mots sur ce que j’entends par soutenir le camp de la paix, affronter les fauteurs de troubles, s’en tenir aux faits, protéger le droit international et rendre l’Union européenne pertinente.
Il fut un temps où l’Union européenne était pertinente en ce qui concerne ce dossier. L’idée de la solution à deux États a été lancée par l’Union européenne à Venise en 1982. Nous étions donc pertinents et je pense que nous pourrions le redevenir si nous en avions la volonté politique. Passons donc en revue ces cinq principes directeurs.
Premièrement, soutenir le camp de la paix.
Deuxièmement, affronter les fauteurs de troubles.
Troisièmement, s’en tenir aux faits, c’est-à-dire lutter contre la désinformation.
Quatrièmement, protéger le droit international contre ceux qui le perturbent. Ce matin, j’étais terrifié en entendant un sénateur américain dire que le gouvernement américain allait imposer des sanctions à tout pays qui coopère avec la Cour de La Haye. C’est tout bonnement incroyable. Il a mentionné le Canada, la France, l’Allemagne et tout autre pays qui pourrait soutenir la Cour pénale internationale. Il s’agit d’un sénateur américain. Par conséquent, quand je parle de protection du droit international, je ne parle pas dans le vide. Je parle concrètement.
Et enfin, il faut rendre l’Union européenne pertinente.