Ligue des États arabes : discours d’ouverture du haut représentant/vice-président Josep Borrell à la réunion ministérielle

Septembre 21, 2024
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« L’Union européenne a soutenu sans réserve les efforts constants de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis. Mais l’accord de cessez-le-feu préalable à la mise en œuvre du plan Biden n’a toujours pas été signé et il ne le sera probablement pas dans un proche avenir.  Tout simplement parce que ceux qui font la guerre n’ont aucun intérêt à y mettre fin. Alors ils font semblant, de moins en moins, parce qu’il s’avère que leur intransigeance s’accompagne d’une impunité totale. Si les actes n’ont pas de conséquences, si la violation flagrante du droit international reste ignorée, si des institutions comme la Cour pénale internationale sont menacées, si les décisions de la Cour internationale de justice sont totalement ignorées par ceux qui promeuvent un ordre fondé sur des règles, à qui peut-on faire confiance ?  

 

Je pense que nous devons réaffirmer les principes fondamentaux d’un règlement. Les bases juridiques existent ; elles ont été clairement énoncées par la Cour internationale de justice. Ce qui manque, c’est la volonté politique de les mettre en œuvre. Nous devons faire entendre notre voix lors de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies et éviter une sorte de « lassitude de Gaza » qui enhardirait les extrémistes et reporterait une fois de plus l’idée d’un règlement politique.  Nous devons lancer un processus pour permettre à toutes les parties qui veulent travailler sur un programme – un programme concret et pratique pour mettre en œuvre la solution à deux États – de le faire ensemble.  Deuxièmement, nous devons revitaliser l’Autorité palestinienne pour appuyer son processus de réforme, mais également la soutenir financièrement. Troisièmement, [nous devons] faciliter toutes les tentatives de dialogue entre Palestiniens et Israéliens, comme celle que vous venez d’entreprendre avec [Nasser] El Kidwa [ancien ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne] et l’ancien Premier ministre [d’Israël, Ehud] Olmert. Quatrièmement, [nous ne devons] pas renoncer à dialoguer avec la société civile israélienne, même dans ce contexte – et surtout dans ce contexte. Tout le monde doit le faire ; pas seulement les Européens, mais aussi les Palestiniens et la société civile arabe. Je sais à quel point il est difficile de concilier les deux parties, mais c’est le seul moyen d’avancer.  Cinquièmement, les Palestiniens doivent parvenir à une vision commune pour surmonter leurs divisions, car plus ces divisions existent, plus elles sapent la légitimité et la représentativité des Palestiniens.  Sixièmement, les Européens doivent adopter une approche commune. C’est ce à que je m’emploie sans relâche, même si les résultats sont limités, car je n’ai jamais vu de sujet qui divise autant les Européens que ce conflit israélo-palestinien. Septièmement, les États arabes doivent eux aussi adopter une approche véritablement commune, en coordonnant leurs efforts et en faisant preuve de solidarité.  

 

En somme, il s’agit de construire un équilibre des pouvoirs sur des bases réalistes pour la solution à deux États avant qu’il ne soit définitivement trop tard.  Je sais que c’est extrêmement difficile, mais nous ne devons jamais baisser les bras. Il y a un manque total d’empathie face à la souffrance et à la douleur d’autrui. »

 

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