À Rabat, Wafae Zaoui s’est donné pour mission d’entreprendre et de préserver sa culture. Son entreprise, CRÉ ARTISANAT, et sa marque, BillYadi, ne sont pas seulement des activités lucratives ; elles forment un projet dont l’objectif est de protéger le patrimoine artisanal du Maroc. Wafae est en train de réaliser son rêve grâce au soutien de CREACT4MED, un projet financé par l’Union européenne qui est consacré aux entreprises culturelles et créatives.
Dans les rues animées de Rabat, la capitale du Maroc, où la tradition se mêle à l’innovation, Wafae Zaoui vit une aventure unique alliant entrepreneuriat et préservation de la culture. Artisane et créatrice dans l’âme, Wafae a suivi un cheminement personnel qui a abouti à la création de CRÉ ARTISANAT et de la marque BillYadi.
CRÉ ARTISANAT a bénéficié du soutien de l’UE par l’intermédiaire du projet CREACT4MED, qui vise à renforcer les entreprises culturelles et créatives dans les pays du voisinage Sud. Il soutient en particulier les start-up et les PME des industries culturelles et créatives grâce à des aides financières et des services d’incubation d’entreprises, et favorise la création de liens au sein de l’écosystème créatif. Le programme a joué un rôle déterminant dans la croissance de CRÉ ARTISANAT, lui permettant de contribuer à la préservation du riche patrimoine artisanal du Maroc.
Le cheminement personnel de Wafae jusqu’à la création de CRÉ ARTISANAT
De retour au Maroc à l’issue de ses études d’ingénierie et de gestion d’entreprise en France, Wafae a réalisé que l’ingénierie n’était pas sa véritable vocation. « Je ne me voyais pas faire carrière en tant qu’ingénieur », avoue-t-elle.
Inspirée par sa passion pour la calligraphie, la peinture et l’art développée depuis l’enfance, elle a commencé à créer des cabas personnalisés ornés de signes calligraphiques arabes. « Au début, j’en confectionnais juste pour moi. Après, j’en ai fait pour mes sœurs, puis pour mes amis. Et subitement, tout le monde en voulait ! », s’exclame-t-elle.
Son esprit d’entreprise ainsi éveillé, elle a posé un acte de foi en quittant son emploi pour se consacrer à plein temps à l’artisanat. « J’allais à la médina et je passais des heures à discuter avec les artisans pour essayer de comprendre leur façon de travailler et apprendre », raconte Wafae. Autodidacte et animée par sa passion, elle est passée des cabas en tissu aux sacs en cuir, puis aux articles en cuir en général. C’est ainsi qu’est née son entreprise CRÉ ARTISANAT.
CRÉ ARTISANAT : préservation du patrimoine et opposition au consumérisme
CRÉ ARTISANAT est spécialisée dans la conception, la production et la personnalisation d’objets artisanaux. L’entreprise produit des sacs et des accessoires en cuir commercialisés sous la marque BillYadi. Ces articles, connus pour leur qualité et leur singularité, sont présentés dans des concept stores dans tout le Maroc.
Wafae considère que la boussole de son entreprise est la compréhension et la connaissance des artisans marocains. Pour elle, CRÉ ARTISANAT est avant tout un projet visant à préserver et à transmettre des traditions ancestrales. « J’estime qu’il est de notre devoir de transmettre cet amour de l’artisanat et de sensibiliser les gens à la valeur du travail des artisans », explique-t-elle, la voix chargée d’émotion.
CRÉ ARTISANAT valorise le travail artisanal, chérit les traditions ancestrales et met en avant l’aspect humain de l’artisanat traditionnel marocain. « C’est une tentative de contrer la production de masse et le consumérisme en faveur du fait main et de l’artisanat », déclare Wafae avec passion.
Planifier l’avenir : une vision au-delà des frontières
Wafae explique que l’avenir de CRÉ ARTISANAT et de la marque BillYadi est mondial. Sa feuille de route comprend l’internationalisation des ventes par l’intermédiaire du site internet. Elle envisage également d’étendre la portée de son entreprise en créant une plateforme globale, une sorte de réseau d’artisans couvrant l’ensemble du Maroc.
Cette plateforme favoriserait les échanges entre les créateurs, les designers et les artisans de différents métiers. Elle servirait également de vitrine numérique pour mettre en valeur les artisans et leur travail, faire connaître leurs noms et rendre leurs créations facilement accessibles aux clients potentiels.
« Il s’agirait d’une sorte de base de données qui permettrait d’entrer en contact avec les artisans de son choix pour commander des articles confectionnés à la main, allant des paires de chaussures aux sacs en passant par les meubles », explique Wafae. Elle souligne que la plateforme jouera également un rôle crucial dans la rémunération équitable des artisans et aura ainsi une double fonction en profitant à la fois aux clients et aux artisans.
Wafae espère aussi pouvoir recruter, non seulement pour pérenniser son entreprise, mais également pour contribuer à la préservation de l’artisanat traditionnel. Au lieu de miser uniquement sur des artisans très expérimentés, elle envisage de faire appel à des jeunes passionnés. En leur proposant des stages et des sessions de formation, Wafae entend créer des possibilités dans le secteur tout en préservant de précieuses compétences artisanales.
Soutien de l’UE : favoriser la créativité dans un but précis
Réfléchissant à l’incidence du soutien apporté par l’UE par l’intermédiaire de CREACT4MED, Wafae souligne que le projet a été conçu tout spécialement pour les entreprises culturelles et créatives. « Ce que j’apprécie dans le projet CREACT4MED, c’est qu’il est consacré aux entreprises culturelles et créatives. J’ai connu de nombreux programmes de soutien aux start-up, mais aucun d’eux n’était conçu spécialement pour ce secteur en tenant compte de ses spécificités et de ses besoins particuliers », souligne-t-elle.
Wafae insiste sur l’importance du soutien financier fourni par CREACT4MED, notamment sur l’aspect pratique des versements échelonnés. Cette approche lui permet d’établir des priorités et de gérer son budget avec efficacité, garantissant ainsi une utilisation optimale des ressources.
La plateforme en ligne fait partie intégrante du projet CREACT4MED et sert de lien entre les principaux acteurs de l’écosystème des entreprises culturelles et créatives dans l’ensemble de la région du voisinage Sud. Wafae considère cette plateforme comme un outil précieux qui favorise le sentiment d’appartenance à une communauté parmi les start-up. « Cela crée une sorte de communauté. Maintenant, je connais les autres start-up marocaines. D’ailleurs, nous avons un groupe de discussion où nous échangeons régulièrement sur nos expériences ».