Des compétences pour l’avenir : le programme de formation OIT-MADAD

Mai 5, 2022
Partager sur

Pour les Syriens qui ont fui la guerre ces dix dernières années, retrouver une vie décente dans leur pays d’accueil s’avère parfois laborieux. Outre les difficultés qu’ils rencontrent pour trouver un abri sûr et de quoi manger, ils doivent faire face au manque d’emplois et au stress généré par l’insuffisance de leurs revenus. Dans le cadre du programme de formation OIT-MADAD, qui offre des possibilités de formation et d’emploi, l’UE soutient ces familles en leur donnant une chance de retrouver une partie de ce qu’elles ont perdu.

Aysha Hassoun, qui a fui Alep en 2014, a réussi à trouver un emploi dans l’agriculture et l’élevage de chèvres. «Ma fille et mon fils travaillent avec moi dans une exploitation de fraises voisine qui appartient à un Jordanien, mais ils devraient être à l’école », explique cette mère de sept enfants. Bien qu’elle soit très reconnaissante d’avoir la possibilité de travailler, Aysha souligne : « Ce sont des tâches très difficiles. Nous sommes payés 1 dinar jordanien (1,30 euro) de l’heure ». Il y a quelques semaines, elle a appris l’existence du programme de formation conjoint OIT-MADAD, également appelé « Vers un système national de protection sociale inclusif et la multiplication des emplois décents pour les Syriens et les Jordaniens vulnérables ». Dirigé par l’OIT et l’UNICEF en collaboration avec le Fonds national d’aide, le programme OIT-MADAD est financé par le Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne (Fonds Madad de l’UE). Il vise à aider les Jordaniens et les Syriens vulnérables à passer d’une situation de dépendance à l’égard de l’aide à l’indépendance et à développer un sentiment d’efficacité personnelle. Pour Aysha, qui n’a que 37 ans, la participation à ce programme sera l’occasion d’acquérir de nouvelles qualifications et compétences recherchées sur le marché du travail. « Cela me permettra peut-être de trouver un meilleur emploi et d’avoir un revenu plus élevé », espère-t-elle. « Je veux un emploi décent et cette formation m’aidera à y parvenir. En plus, mon fils et ma fille pourront retourner à l’école ! »

Retrouver la dignité

Alors que son plus jeune fils est assis timidement à côté d’elle, Maryam Fandi raconte les moments difficiles qu’elle a dû traverser depuis qu’elle a fui la Syrie en 2011. « La vie à Al Hasakah (dans le nord-est de la Syrie) étant devenue très dangereuse, nous avons dû fuir et renoncer à notre vie très confortable », explique la jeune femme âgée de 30 ans. « Notre vie avant était très différente de celle que nous avons aujourd’hui », ajoute-t-elle. Maryam vit maintenant avec ses six enfants dans le camp d’Azraq situé à l’est d’Amman, où les conditions restent difficiles huit ans après son ouverture officielle. Avec près de 100 000 réfugiés recensés à la date de mars 2022, Azraq est devenu le symbole d’une guerre qui s’éternise et de l’échec des tentatives pour résoudre le conflit. De nombreuses familles comme celle de Maryam vivent toujours dans la précarité. « Nous vivons dans une tente, car nous n’avons pas les moyens de vivre dans une maison ordinaire. » Avec son maigre revenu mensuel de 200 dinars jordaniens (260 euros), Maryam a du mal à joindre les deux bouts. Mais, outre un niveau de vie décent, ce qu’elle souhaite vraiment, c’est retrouver sa dignité et accéder à « un emploi décent ». « Je veux apprendre un métier ici pour pouvoir trouver un emploi et aider ma famille. Je veux un travail digne, et non pas un travail pénible sous le soleil toute la journée », souligne-t-elle.

Améliorer les moyens de subsistance grâce au programme OIT-MADAD

L’un des principaux objectifs du programme conjoint OIT-MADAD est de contribuer à améliorer les moyens de subsistance des Jordaniens et des Syriens vulnérables pour qu’ils puissent vivre en sécurité et dans la dignité. Maryam, Aysha et beaucoup d’autres ont placé de grands espoirs dans ce programme qu’ils considèrent comme une porte ouverte sur un avenir plus radieux et plus sûr. En améliorant les perspectives d’emploi et de subsistance des participants, le programme de formation OIT-MADAD vise à permettre aux Jordaniens et réfugiés syriens sans emploi, inactifs et dépendant d’aides financières de faire la transition vers un emploi et des moyens de subsistance décents. Il met en œuvre l’ambitieuse Stratégie nationale de protection sociale annoncée en 2019 par le gouvernement jordanien. À terme, l’objectif est de créer des liens solides entre la protection sociale et l’emploi pour les Jordaniens et les réfugiés et de renforcer la sensibilisation dans le secteur informel.

 

L’Union européenne et la Syrie

L’UE et ses États membres sont les principaux bailleurs d’aide internationale destinée aux populations affectées par le conflit syrien. Depuis le début de la crise en 2011, l’UE a débloqué plus de 25 milliards d’euros pour soutenir les Syriens les plus vulnérables, tant à l’intérieur du pays que dans l’ensemble de la région. L’UE a organisé cinq années de suite, de 2017 à 2021, des conférences visant à améliorer les perspectives de la Syrie et de la région. Ces conférences ont été les principaux événements de donation organisés dans le cadre de la crise syrienne. En 2021, la Commission européenne a mobilisé 141 millions d’euros d’aide humanitaire pour apporter un soutien vital à des millions de personnes à l’intérieur de la Syrie. Outre sa contribution initiale de 130 millions d’euros, la Commission a distribué pour plus de 10 millions d’euros d’aide aux victimes de graves pénuries d’eau et de la sécheresse dans le nord de la Syrie. Le financement aide aussi à soutenir la population durant l’hiver. Un million d’euros supplémentaire a été attribué à la gestion de la crise de la COVID-19.

Lire en : عربي English
Thématiques
Développement durable