La santé mentale au centre de l’attention dans les camps de réfugiés syriens

Octobre 22, 2024
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Dans le nord-est de la Syrie, au milieu des tentes tentaculaires d’un camp de réfugiés surpeuplé, Ruba*, 11 ans, est aux prises avec l’adversité physique et émotionnelle. Déplacée de la province irakienne d’Anbar, elle vit dans un camp qui abritait en juin 2024 plus de 41 000 personnes, dont 93 % de femmes et d’enfants. 

Pour beaucoup, le camp est un microcosme de désespoir confronté à une grave pénurie de biens de première nécessité tels que l’eau potable, des abris adéquats et des systèmes éducatifs sûrs. Les droits de l’homme élémentaires n’étant pas garantis, les conditions de santé mentale y sont désastreuses.

La quête de guérison des traumatismes et des difficultés liées au déplacement 

Le voyage de Ruba jusqu’à ce camp de réfugiés a été semé de traumatismes. Le conflit qui l’a arrachée à sa maison a laissé des cicatrices indélébiles, qui se manifestent par une grave anxiété. Rania*, conseillère psychologique au centre de santé du Comité international de secours (CIS), constate par elle-même les lourdes conséquences de la guerre civile en cours sur des enfants comme Ruba. 

« La majorité des cas que je traite sont graves », explique Rania. « Nous constatons des niveaux élevés de dépression et d’anxiété dus à de forts traumatismes. Ces traumatismes engendrent également des maladies plus graves comme l’épilepsie et la schizophrénie. »

La mère de Ruba l’a amenée au centre du CIS dans l’espoir de trouver de l’aide pour diminuer l’anxiété qui avait pris le dessus dans la vie de sa fille et la handicapait. Le centre de santé du CIS, soutenu par l’Union européenne, offre des services de santé mentale essentiels par l’intermédiaire de diverses formes de thérapie, y compris des activités artistiques. 

C’est au cours d’une de ces séances de thérapie par l’art que Ruba a commencé à s’exprimer davantage avec Rania et ses collègues, notamment Samia, une psychologue du CIS.

Après de nombreuses séances, Ruba a réussi à extérioriser certains des incidents traumatisants qu’elle avait subis dans le camp. Au cours d’une de ses séances de dessin, elle a peint une fleur rouge qui symbolisait à la fois ses difficultés et l’espoir qu’elle venait de retrouver.

Avec l’innocence d’une enfant de 11 ans, elle explique avec candeur : « J’aime la couleur rouge parce qu’elle me rappelle les pommes, les fraises et les cerises. »

Services de santé mentale : une bouée de sauvetage face à la crise

Le docteur Rateb*, l’un des médecins du CIS qui supervise le centre de santé du camp, décrit l’énorme pression qui pèse sur leurs ressources. « Nous disposons d’un psychiatre, qui n’est disponible que deux jours par mois, et d’un conseiller en santé mentale », souligne-t-il. « Notre centre assure entre 100 et 150 consultations par jour, mais les besoins dépassent largement nos capacités. »

Malgré ces difficultés, le Comité international de secours apporte, avec le soutien de l’Union européenne, un réel changement dans le camp en répondant progressivement aux besoins psychologiques urgents des résidents. Le soutien de l’UE a été déterminant pour le maintien et l’expansion de ces services vitaux. « Le partenariat avec l’UE nous a permis de fournir un filet de sécurité essentiel à ceux qui souffrent », explique le Dr Rateb. « Cependant, le manque de ressources se fait cruellement sentir et un appui durable est indispensable. »

Les progrès de Ruba témoignent de l’importance de ces services. Grâce à un accompagnement permanent et au cadre de soutien mis en place par le centre de santé du CIS, Ruba a transformé sa peur et son anxiété en une source de force. 

« J’aide ma mère à faire la vaisselle et à nettoyer la tente, et je joue avec mes amis », dit-elle en souriant. L’amélioration de sa santé mentale reflète les profondes répercussions des efforts déployés par le centre. Ruba explique qu’elle comprend maintenant que le fait d’aider sa mère à accomplir les tâches ménagères peut aussi réduire son stress.

À présent, elle rêve de devenir elle-même thérapeute, « comme Mlle Rania ». 

« Elle m’a beaucoup appris et aidée. »

 

*Les noms ont été modifiés pour des raisons de confidentialité.

 

Les efforts de collaboration menés par l’Union européenne et le Comité international de secours depuis 2003 témoignent d’un engagement essentiel à soulager les souffrances des réfugiés et des personnes déplacées. Comme le montre l’histoire de Ruba, le soutien en matière de santé mentale ne consiste pas seulement à apporter une aide immédiate, mais également à favoriser la résilience à long terme et à nourrir l’espoir d’une génération profondément affectée par le conflit.

Cette histoire est adaptée d’un article publié par le CIS en juillet 2024.

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