L’UE au Festival du Film d’El Gouna soutient les jeunes talents du cinéma

Novembre 10, 2025
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Monica Medhat, étudiante en cinéma en Égypte, ne s’attendait pas à rencontrer et échanger avec des réalisateurs et producteurs égyptiens et européens de renom. Cela a été rendu possible grâce au programme Cine Gouna Emerging Talent, financé par l’Union européenne, organisé dans le cadre de la huitième édition du Festival du Film d’El Gouna en Égypte. Ce programme, mis en œuvre en partenariat avec l’Union européenne ainsi que les fondations Drosos et Sawiris pour le développement social, vise pour la troisième année consécutive à renforcer les compétences de la nouvelle génération de cinéastes en Égypte à travers des tables rondes, des conférences, des ateliers, des projections de films et des activités éducatives conçues spécialement pour eux. « J’ai tiré profit de tout le programme, car il m’a permis de rencontrer de nombreux experts qui ont aidé les participants dans divers domaines tels que le jeu, l’écriture et la réalisation », raconte Monica, qui rêve désormais de réaliser son premier film, qualifiant cette expérience de « véritable opportunité pour quiconque cherche à se faire une place dans le milieu ».

Monica fait partie des 120 participants sélectionnés cette année parmi plus de 1 000 jeunes talents ayant postulé au programme Cine Gouna Emerging Talent, décliné en plusieurs volets : le premier, See Me, cible les jeunes acteurs et les prépare à interagir avec assurance avec la presse et les médias ; le second, Emerge: Take Two, est dédié aux anciens participants, invités à jouer le rôle de mentors auprès de leurs pairs ; enfin, Perspectives s’adresse aux photographes, critiques de cinéma et créateurs de contenu, leur offrant la possibilité de couvrir le festival à travers des articles, des photos et des vidéos, en collaboration avec l’équipe de presse du festival. À cela s’ajoute le programme principal, qui accueille de jeunes professionnels du cinéma — réalisateurs, scénaristes, producteurs, acteurs, directeurs de la photographie, monteurs et ingénieurs du son — pour participer à des projections, des masterclasses, des débats et des ateliers.

À la suite d’une de ces discussions animées par le réalisateur Karim El-Shenawy et l’actrice Amina Khalil, Baher Al-Nuwaihi, un autre participant, a exprimé sa joie face « aux opportunités offertes aux jeunes, qui leur permettent de participer à un grand festival et d’interagir facilement avec de grands cinéastes ». « Ce programme nous a permis de bâtir un réseau solide, car les activités du festival allient plaisir et apprentissage », ajoute-t-il.

Le Festival du Film d’El Gouna, l’un des plus importants du Moyen-Orient, vise à présenter une sélection variée de films aux amateurs de cinéma, à favoriser le dialogue interculturel à travers le septième art et à créer des passerelles entre les cinéastes de la région et leurs homologues internationaux, afin de promouvoir la collaboration et l’échange culturel. Cette année, près de 70 films participent au festival, dont des longs métrages, des courts métrages et des documentaires, majoritairement européens ou coproduits avec l’Europe. Les pays les plus représentés sont la Belgique, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne.

« Le cinéma européen est fortement présent, non seulement à travers les projections, mais aussi dans les séminaires, les programmes et les opportunités de partenariats et de coproductions entre cinéastes égyptiens et européens », explique Marianne Khoury, directrice artistique du festival. Elle évoque ensuite la coopération avec l’Union européenne pour soutenir le programme Cine Gouna Emerging Talent, qui « cette année, a ciblé également des participants venus d’Afrique, et pas uniquement des Égyptiens », le qualifiant de « programme réussi, qui ouvre des portes et se développe avec le temps ».

« Nous espérons inspirer la prochaine génération de conteurs à rêver plus grand, à repousser les frontières et à sentir que leurs voix comptent réellement », poursuit-elle.

Cette édition du festival a également accueilli un atelier de scénarisation de courts métrages sur deux jours, organisé en collaboration avec EUNIC (le réseau des instituts culturels nationaux de l’Union européenne), ainsi qu’un atelier Narrative, rappelle Mariam Naoum, fondatrice de cet atelier et responsable du programme Cine Gouna Short Film. « L’objectif de l’atelier était de permettre aux participants d’apprendre à écrire un scénario et à produire des films. Les retours ont été très positifs, et nous espérons renforcer nos partenariats avec l’Union européenne lors des prochaines éditions du festival », déclare-t-elle.

De manière générale, les responsables du festival considèrent le programme Cine Gouna comme son « bras industriel ». Ce programme regroupe une série d’activités dédiées au développement du secteur cinématographique, avec pour objectif de former et de soutenir les cinéastes égyptiens et arabes, et de leur offrir l’appui technique et financier nécessaire. Il se compose de quatre volets : Cine Gouna to Support Film Production, Cine Gouna Filmmakers, Cine Gouna Market et Cine Gouna for Emerging Talents.

Lors des prochaines éditions, le programme Cine Gouna Emerging Talent visera à accueillir un plus grand nombre de jeunes réalisateurs, scénaristes, acteurs, photographes et producteurs, qui pourront postuler via le site officiel du festival. Les participants seront sélectionnés selon leur talent et leur vision artistique. Le programme couvrira leur hébergement et leur accréditation officielle pour assister au festival, incluant l’accès aux projections, au Forum Cine Gouna, aux sessions et aux événements du Cine Gouna Market.

Concernant la cohorte accueillie et formée cette année, comprenant notamment Monica et Baher, Amr Mansi, directeur exécutif du festival, a déclaré : « Le programme a joué un rôle essentiel dans l’épanouissement de ces nouveaux talents, et nous sommes impatients de voir comment ils tireront parti de cette expérience unique, et comment ils contribueront à l’avenir du cinéma dans notre région et au-delà. » Pour Hayet Jwili, directrice du programme, « la cohorte de cette année reflète la diversité, le talent et l’ambition que le festival et les partenaires du programme cherchent à soutenir ». Elle ajoute : « J’ai hâte de suivre les collaborations et les histoires qui naîtront de cette belle aventure. »

Le film Life After Siham de Namir Abdel Masih a servi d’exemple aux nouveaux participants : il a obtenu une bourse de production du programme Cine Gouna et a remporté le prix EU in Egypt du meilleur film documentaire lors du Cine Gouna Emerging Talent Festival, organisé en clôture du Festival du Film d’El Gouna. Ce prix a été attribué sur la base du choix des jeunes participants du programme, une distinction que Namir considère comme « un grand honneur », car, dit-il, « j’ai appris le cinéma en regardant les films des grands réalisateurs qui m’ont inspiré à en faire moi-même. Quand cela s’est produit, j’ai senti que j’avais accompli quelque chose, et aujourd’hui, je le transmets à d’autres ».

Son film, qui raconte une histoire familiale et les liens entre générations, a remporté l’Étoile d’argent d’El Gouna du meilleur documentaire ainsi que l’Étoile d’El Gouna du meilleur film documentaire arabe. Pour Namir, cela prouve qu’« un film arabe n’est pas destiné uniquement au public arabe, car les émotions humaines sont universelles, et nous devons trouver cet espace commun entre nous ». En évoquant les subventions offertes par les institutions partenaires du festival, notamment l’Union européenne, il conclut : « Les aides financières du festival m’ont permis de produire ce film. Les festivals ne sont plus seulement des plateformes de diffusion, mais aussi des espaces capables de soutenir financièrement l’industrie du cinéma, et cela est essentiel. »

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