À travers le projet « Amélioration de l’environnement des affaires dans la région sud de la Méditerranée » (EBESM), l’Union européenne soutient la croissance des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) en améliorant leur accès au financement.
Les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) constituent l’épine dorsale de l’économie palestinienne. Les MPME, estimées à 38 000 en Palestine, représentent plus de 95 % des entreprises du pays. Malgré leur rôle crucial dans la croissance économique et la réduction de la pauvreté, les MPME palestiniennes sont confrontées à des obstacles majeurs, le principal étant l’accès au financement.
L’Union européenne contribue, par le biais de son projet « Amélioration de l’environnement des affaires dans la région sud de la Méditerranée » (EBESM), à améliorer l’accès des MPME au financement en participant à l’élaboration et à la promotion de recommandations politiques en la matière et en facilitant le dialogue visant à atténuer les risques liés au capital parmi les créanciers.
EzPilot, une petite entreprise palestinienne qui propose des services de collecte et d’analyse de données reposant sur les nouvelles technologies et des applications mobiles, illustre clairement les difficultés auxquelles sont confrontées les MPME palestiniennes dans leur quête de croissance en ce qui concerne l’accès au financement.
Une brochure de présentation décrit EzPilot comme une solution automatisée de collecte et d’analyse de données de haute qualité et de géolocalisation intégrant des éléments multimédias. Il s’agit d’une solution écologique qui élimine l’utilisation de documents papier dans la collecte et l’analyse de données.
L’entreprise appartient à Salah Hussein, 23 ans, originaire du village de Zeita, dans le nord de la Cisjordanie. Le jeune entrepreneur a financé le développement de sa solution en travaillant à temps partiel en tant que technicien spécialisé dans l’installation de logiciels et de réseaux.
Malgré une demande encourageante, Salah Hussein a du mal à développer son activité, faute de capitaux. « Actuellement, je ne peux pas accepter plus d’un projet à la fois. Si j’avais plus d’argent, je pourrais acheter davantage de tablettes et former plus d’équipes à la collecte de données », explique-t-il.
M. Hussein a essayé d’obtenir des capitaux pour développer son entreprise, mais ses tentatives se sont soldées par des échecs. Le 8 février 2017, il a participé à un séminaire du projet EBESM organisé à Ramallah sur le thème « Stimuler l’esprit d’entreprise et la croissance des MPME en Palestine : Quels sont les besoins du secteur financier pour jouer un rôle plus important dans l’accompagnement des entrepreneurs et de la croissance des MPME en Palestine ? ». Il espérait ainsi contribuer à un dialogue fructueux sur ce problème qui a étouffé son potentiel de croissance et obtenir, à terme, un prêt pour son entreprise.
Salah Hussein estime que les investisseurs intéressés par les start-up comme la sienne accordent trop d’importance aux risques inhérents à un investissement dans des idées nouvelles et cherchent à imposer leur volonté en ce qui concerne la façon dont les projets sont développés et gérés.
D’autre part, les banques hésitent à financer des projets comme EzPilot, qui nécessitent de gros investissements dans la recherche et le développement alors qu’il est très difficile de présenter des résultats concrets. « Les banques voulaient des garanties, mais la seule chose que je pouvais apporter, c’était mon ordinateur portable. Mon code de programmation n’a aucune valeur aux yeux des banquiers », explique-t-il.
Nagham Halawani, propriétaire de Mama’s Delights, est une autre chef d’entreprise ayant participé au séminaire, qui partage l’avis de Salah Hussein. Mme Halawani a débuté sa petite entreprise de confection de gâteaux à son domicile en faisant sa propre publicité via Facebook. La hausse de la demande pour ses délicieux produits l’a convaincue d’ouvrir un magasin à Ramallah.
Elle affirme qu’il lui était très difficile de remplir les conditions des banques, Mama’s Delights étant une start-up et un produit nouveau. Il y avait un décalage entre le montant de la ligne de crédit accordée et la somme dont elle avait besoin pour créer son entreprise. La banque acceptait de lui prêter 45 000 dollars au lieu des 80 000 qu’elle avait sollicités et le taux d’intérêt était élevé. « Il s’agissait davantage d’un prêt personnel. Aucune importance n’a été accordée à l’entreprise », explique Mme Halawani. « De plus, la banque acceptait de me prêter cet argent à la condition que j’achète des équipements neufs alors que j’aurais pu en acheter d’occasion à un coût nettement moins élevé », ajoute-t-elle.
À travers le projet « Amélioration de l’environnement des affaires dans la région sud de la Méditerranée » (EBESM), l’Union européenne travaille en partenariat avec dix pays de la région du voisinage sud de l’Union Européenne (PEV-Sud) pour éliminer les problèmes et les obstacles auxquels sont confrontées les entreprises telles que EzPilot et Mama’s Delights. Ces dix partenaires sont l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, la Palestine, la Syrie et la Tunisie.
Lancé en 2014, le projet EBESM favorise le développement d’un environnement commercial favorable aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME) dans la région PEV-Sud, en conformité avec les bonnes pratiques de l’UE. Convaincu que les MPME peuvent contribuer de façon significative à une croissance robuste, inclusive et durable dans la plupart des pays de la région, le projet entend sensibiliser le public et renforcer le dialogue politique sur les enjeux du développement des MPME, y compris l’accès au financement. Il contribue également à l’objectif stratégique du Partenariat euro-méditerranéen visant à créer une zone de prospérité partagée entre l’UE et ses pays partenaires méditerranéens.
Le projet EBESM est conscient que les entrepreneurs continuent de se heurter à des difficultés lorsqu’ils recherchent un financement pour leur entreprise, en particulier lors du démarrage et des premières phases de croissance. Les études en cours montrent clairement que l’accès au financement reste insuffisant par rapport aux besoins généraux des MPME. Dans la plupart des pays méditerranéens, moins de 20 % des financements par le crédit sont destinés aux MPME.
Évoquant le séminaire de Ramallah, Manal Shkoukani, vice-ministre palestinienne de l’Économie nationale, a déclaré que le projet EBESM a aidé le ministère à évaluer ses politiques relatives aux MPME en Palestine, à identifier des problèmes, tels que l’accès au financement, en particulier pour les start-up, et a permis à l’autorité monétaire palestinienne de formuler des politiques pour résoudre ces difficultés.
À travers sa participation au projet EBESM, la vice-ministre a réalisé qu’il n’y a pas encore de politique axée sur la création d’un environnement propice et favorable aux investisseurs, aux MPME et aux entrepreneurs. « Cet aspect est désormais un objectif majeur de la stratégie de développement économique dans l’agenda politique national », a-t-elle précisé.
Mme Shkoukani reconnaît également que le projet EBESM a facilité le dialogue sur le problème de l’accès au financement, ce qui a entraîné un changement qualitatif au sein des établissements de crédit, qui ciblent désormais le secteur des MPME malgré leurs hésitations en raison des risques élevés. « Le projet a créé une adéquation entre la demande et l’offre de capitaux. Auparavant, le marché de l’offre travaillait indépendamment de celui de la demande. Ce projet a permis à tous les acteurs de travailler ensemble pour la première fois », a-t-elle souligné.
Mme Shkoukani admet qu’il faudra un certain temps avant d’observer une réelle transformation, qui sera reflétée par le montant des prêts accordés aux MPME. Elle se dit néanmoins très optimiste quant à l’avenir. Grâce aux contributions du projet EBESM, le développement des futures start-up comme EzPilot et Mama’s Delights sera facilité.