Début 2024, en réponse à la crise syrienne et en soutien aux populations défavorisées de Jordanie, l’Union européenne a alloué 10 millions d’euros à l’UNICEF au cours des deux prochaines années afin de venir en aide aux enfants et adolescents à travers des « programmes Éducation et Makani pour les enfants syriens vulnérables et les enfants des communautés d’accueil en Jordanie ». Ce partenariat permettra d’offrir une éducation de qualité à plus de 36 000 enfants et adolescents dans les camps de réfugiés syriens. En outre, 9 000 enfants et jeunes vulnérables de différentes nationalités bénéficieront d’un ensemble de services intégrés d’apprentissage, de protection de l’enfance et de développement des compétences dans 114 centres Makani.
À l’origine de ce soutien aux centres Makani dans le cadre du Fonds fiduciaire Madad, on retrouve la promesse formulée lors de la conférence « No Lost Generation » (Pas de génération perdue), organisée en 2016 à Londres, dont l’objectif consistait à proposer une éducation non formelle aux enfants réfugiés syriens et aux autres groupes vulnérables, et notamment les enfants réfugiés d’autres nationalités, handicapés et non scolarisés. Dans un tel contexte, « l’UE, avec d’autres donateurs, a apporté un soutien continu à l’approche Makani mise en œuvre par l’UNICEF », explique Wieke Waterschoot, Directrice du projet Education – Syria Response, à la Délégation de l’Union européenne en Jordanie.
Makani (« Mon espace », en arabe) est un programme intégré destiné aux enfants les plus vulnérables en Jordanie. Dans des centres du même nom, le programme Makani contribue au bien-être des enfants, des adolescents et des jeunes adultes en leur permettant de réaliser leur plein potentiel, tant sur le plan physique que cognitif, social et émotionnel. Depuis sa création, le programme Makani fournit des services multisectoriels en proposant des interventions dans les domaines suivants : aide à l’apprentissage, protection de l’enfance, soutien psychosocial, renforcement des compétences, développement de la petite enfance et aide parentale. En outre, il s’attaque au décrochage scolaire chez de nombreux enfants vulnérables, en particulier parmi les réfugiés syriens. Le programme encourage également la participation communautaire et le bénévolat, contribue à renforcer le sentiment d’appartenance et met à la disposition des jeunes des espaces sûrs, dédiés aux activités pédagogiques et ludiques. L’objectif principal consiste à accompagner les enfants, les adolescents et les jeunes adultes en les aidant à renforcer leurs compétences pour assurer une transition positive vers l’âge adulte.
Une fenêtre d’opportunités grande ouverte
Sadeen Hossam al-Asaad, une adolescente syrienne ayant fui vers la Jordanie, a suivi les cours du programme Makani il y a cinq ans. Aujourd’hui âgée de 15 ans, elle fait le point sur son expérience. Grâce au programme, elle a progressé en mathématiques, une matière qui lui donnait du fil à retordre à l’école.
Bien qu’elle se soit inscrite au programme bien avant la COVID-19, celui-ci s’est avéré particulièrement utile pendant la pandémie : grâce aux ordinateurs et aux abonnements Internet pris en charge par le programme Makani, elle a pu suivre les cours de chez elle. Si Sadeen a dû partager son PC portable avec ses deux frères qui suivaient également les cours de rattrapage de Makani, cela ne l’a pas empêchée de réussir.
« Mme Aya, mon professeur à Makani, m’a beaucoup aidée. Elle a pris le temps nécessaire pour m’expliquer tout ce que je ne comprenais pas », se souvient l’adolescente, qui aimerait désormais apprendre les langues. Elle suit désormais des cours d’anglais à l’école et apprend également le turc, « car de nombreux mots sont similaires à l’arabe », ajoute-t-elle.
Le programme Makani, financé par divers donateurs, a permis de toucher environ 137 700 participants au cours des trois dernières années.
Un impact transformateur et durable
« L’UNICEF remercie l’Union européenne pour son soutien continu, qui a permis aux enfants les plus vulnérables de Jordanie d’apprendre, d’être protégés et de développer leurs capacités », se félicite Philippe Duamelle, représentant de l’UNICEF en Jordanie. « Ensemble, nous poursuivrons nos efforts pour garantir que chaque enfant ait la possibilité de s’épanouir et d’atteindre son plein potentiel », ajoute-t-il.
Wieke Waterschoot rappelle qu’une récente étude GAUGE (« Gender and Adolescence Global Evidence ») a révélé que les enfants qui fréquentaient les centres Makani avaient 50 % plus de chances de suivre un cursus scolaire. Ils acquièrent également davantage de compétences par rapport aux groupes n’ayant pas pris part au programme. Ils ont également obtenu de meilleurs résultats en termes de liens sociaux, de confiance en eux, de sensibilisation à la violence et de bien-être. En outre, les adolescents et jeunes adultes inscrits dans les centres Makani étaient 38 % plus susceptibles d’endosser des responsabilités à l’école, 41 % plus susceptibles de maîtriser leur propre budget et deux fois plus susceptibles de faire du sport par rapport aux non-inscrits.
Enfin, 93,6 % des enfants ayant participé au programme d’apprentissage accéléré (ALP) ont amélioré leurs résultats en arabe et en mathématiques, selon les dernières données des tests effectués avant et après leur participation au programme.