« Zleza » : la renaissance d’une marque de vêtements libyenne

Novembre 12, 2024
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Au cœur des marchés qui débordent de produits importés, deux jeunes hommes, Islam Attia et Fakhry al-Din Qarman, originaires de la ville de Benghazi, en Libye, ont décidé de se lancer dans une aventure unique. Ils étaient lassés du style du marché de l’habillement, où les vêtements n’avaient pas d’identité culturelle distincte. C’est de ce constat qu’est née l’idée de « Zleza », la marque libyenne qu’ils ont lancée pour incarner la beauté de la culture libyenne en apportant une touche alliant authenticité et modernité.

Un très long voyage commence toujours par un pas

Le lancement d’une entreprise demande beaucoup de courage et de planification, surtout lorsque le projet concerne l’industrie de la mode. Le fondateur de la marque Zleza, Islam Attia, déclare : « Au début, l’idée prenait forme sans que nous prenions de mesures audacieuses. En outre, nous n’avions pas encore le nom de Zleza. Ce n’était qu’une conception sans nom. Puis nous avons décidé de sauter le pas et de nous lancer dans cette longue aventure qui a pris un tournant décisif dans nos vies à la fin de 2021. Nous avons commencé à chercher les outils et les études nécessaires pour lancer cette marque. »

« Après une courte période de recherche, nous avons dû relever notre premier défi, à savoir que la création d’une marque de vêtements nécessite la réalisation d’au moins dix éléments clés. Ce défi comprenait de nombreux aspects, tels que la fabrication, la disponibilité des matières premières et l’établissement d’un siège social, en plus du recrutement de la main-d’œuvre. »

Pour relever les défis, les deux partenaires Islam et Fakhr ont discuté du nom de la marque qu’ils souhaitaient lancer. Ils ont échangé de nombreux noms, mais aucun ne leur plaisait. Soudain, l’un d’eux a suggéré « Zleza », un surnom qu’ils utilisaient entre eux depuis le début de leur amitié quatre ans auparavant. « Zleza » fait référence aux anciens carreaux de sol libyens caractérisés par leur durabilité et leur esthétique, ce qui leur confère une grande longévité.

Après avoir prononcé ce nom, ils ont ri débordants d’enthousiasme, se demandant alors pourquoi ils n’y avaient pas pensé dès le départ. Ce moment a marqué un tournant décisif, car le nom « Zleza » est devenu pour eux un symbole de l’identité libyenne et leur a donné l’impulsion nécessaire pour poursuivre leur projet.

Des débuts audacieux suivis des premières difficultés

Les débuts n’ont pas été faciles ; les difficultés étaient nombreuses et les ressources limitées. Islam décrit ces difficultés : « Nous avons commencé avec un budget serré de 4 500 dinars libyens (800 euros) et des outils rudimentaires, tels qu’un vieil ordinateur portable et une machine à coudre datant de 40 ans que j’avais empruntée à ma grand-mère. » Cependant, ces obstacles n’ont pas freiné leurs ambitions.

Plus tard, les deux jeunes hommes ont commencé à chercher un endroit où travailler, des petites usines et des ateliers de couture pour fabriquer leur premier lot de produits. « Notre entreprise a démarré avec une petite équipe de deux personnes et une petite pièce louée dans les locaux d’une entreprise pharmaceutique. Cela peut paraître fou, mais c’est vraiment de cette façon qu’a commencé Zleza. Ce fut le début audacieux et essentiel de notre parcours vers la réalisation de notre objectif. »

Fakhreddine décrit quant à lui leur situation et leurs ressources : « Il n’y a pas assez de savoir-faire dans ce domaine, pas d’écoles ou de formations spécialisées, ni même de connaissances suffisantes du marché et de la production au niveau local. Le marché est avide d’industries locales. Notre rôle à Zleza est d’être la première étincelle pour diffuser la culture du “Made in Libya” et l’idée de la marque. »

Les deux jeunes hommes cherchent à présenter des produits qui reflètent le patrimoine libyen en leur apportant une touche de modernité en vue d’inspirer d’autres personnes et de les encourager à investir dans les industries locales. Ils considèrent cet effort comme un moyen de contribuer à la construction d’une économie durable et au renforcement de l’identité culturelle de leur pays, espérant que leur projet sera un catalyseur de la renaissance économique et culturelle à l’échelle locale.

Soutien européen et perfectionnement professionnel

Faute d’infrastructures spécialisées dans la mode en Libye, l’équipe s’est heurtée à d’importantes difficultés pour développer ses compétences et produire des vêtements. Néanmoins, avec l’aide de l’incubateur d’entreprises Asaria, financé par l’UE, elle a pu surmonter ces obstacles. Fakhreddine explique : « Nous avons bénéficié d’une formation à l’entrepreneuriat de l’Union européenne, qui s’est avérée décisive pour nous. Nous avons beaucoup appris sur la gestion d’entreprise, le marketing et le développement de produits. »

« Les formations dispensées au sein de l’incubateur ont été une expérience enrichissante. Nous avons tiré parti des possibilités de rencontres et de commercialisation et nous avons appris à gérer correctement notre projet », ajoute Islam, soulignant que ce soutien leur a permis dans une large mesure de développer leur activité et de gérer la marque de manière professionnelle. « Ce soutien nous a aidés à surmonter de nombreux obstacles auxquels nous étions confrontés sur le marché local », précise-t-il.

ASARIA est l’une des principales initiatives de Libye à apporter un soutien à des jeunes ambitieux dans diverses régions du pays et à leur permettre d’acquérir des qualifications. Grâce au soutien de l’Union européenne, l’incubateur a réussi à concrétiser les idées et les projets de nombreux jeunes au moyen de programmes de formation intégrés axés sur l’entrepreneuriat, le marketing et le développement de produits. 

L’incubateur contribue à donner à de jeunes Libyens les moyens de surmonter les difficultés qu’ils rencontrent et à les doter des compétences nécessaires pour créer leur propre entreprise. L’incubateur a servi de rampe de lancement à de nombreuses initiatives réussies qui ont contribué à revitaliser l’économie locale et à créer des emplois, renforçant ainsi le rôle des jeunes dans la construction d’un avenir meilleur pour la Libye. Dans ce contexte, l’équipe prévoit de lancer à la fin de 2024 une nouvelle collection baptisée Sareeb et inspirée du riche patrimoine de la Libye. « Nous voulons que la Libye devienne une plaque tournante de la mode, et nous considérons le lancement de Sareeb comme une étape majeure pour concrétiser cette ambition », explique Fakhr El-Din.

Encourager les jeunes à lancer leurs propres projets 

Cherchant à motiver les jeunes libyens, les deux amis déclarent : « Le début d’un long parcours implique de faire un saut, et non un pas, en avant, de croire en son idée et de prendre des risques pour la concrétiser. La Libye est un terrain fertile pour les projets d’entreprise et la créativité n’a pas de limites. Faites de l’expérience votre guide et n’hésitez pas à aller de l’avant. »

« Nous sommes convaincus que la Libye regorge de possibilités pour ceux qui ont l’audace de prendre des risques et d’innover », déclare Fakhreddine.

Alors que Zleza continue à prospérer, la vision de l’équipe pour l’avenir reste ambitieuse et claire. Islam conclut en déclarant : « Nous aspirons à être les pionniers de la mode dans la région et à contribuer à la reconstruction de l’économie libyenne grâce à ce secteur. Nous prévoyons de lancer de nouvelles collections innovantes afin d’accroître notre présence sur les marchés internationaux. »

Avec cette détermination, Zleza cherche à se hisser à la tête de l’industrie locale de la mode et à diffuser la culture du « Made in Libya » dans le monde entier.

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