Je suis au Liban aujourd’hui dans le cadre de ma troisième visite en un an. Ce sera ma dernière visite dans ce pays en tant que haut représentant de l’Union européenne [pour la politique étrangère].
Ce conflit a déjà pris une dimension internationale et la communauté internationale ne peut rester inactive face à ce qui se passe ici. Lorsque je suis venu au mois de septembre, j’espérais encore que nous pourrions empêcher une guerre totale d’Israël contre le Liban.
Deux mois plus tard, le Liban est au bord de l’effondrement. La guerre fait rage dans le sud, où des dizaines de villages ont été entièrement détruits, des frappes aériennes sont menées contre Beyrouth et Baalbek, et des roquettes survolent Tel Aviv. Le bilan humain est extrêmement lourd. Les frappes aériennes israéliennes ont tué plus de 3 500 personnes au Liban, soit plus de trois fois plus de victimes qu’au cours du conflit de 2006, trois fois plus.
Quinze mille personnes ont été blessées. On compte parmi les victimes un nombre impressionnant de travailleurs médicaux et de nombreux hôpitaux ont été touchés. Aujourd’hui, tout comme il y a deux mois, nous ne voyons qu’une solution possible : l’application intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies et un cessez-le-feu immédiat appliqué simultanément par toutes les parties, avec le déploiement des Forces [armées] libanaises le long du fleuve Litani, le retrait des combattants du Hezbollah, le retrait des troupes israéliennes et l’établissement de la pleine souveraineté aérienne, terrestre et maritime du Liban.
Permettez-moi également de saluer le travail accompli par la mission internationale [de maintien de la paix] de la FINUL. La FINUL joue un rôle essentiel dans un contexte de plus en plus difficile. Plus de 10 000 hommes et femmes sont déployés dans le sud [dans le cadre de cette mission]. Trente d’entre eux ont été blessés, quatre Italiens il y a quelques jours seulement. Les attaques contre la FINUL sont totalement inacceptables. La FINUL bénéficie du ferme soutien de l’Union européenne, et je tiens également à réitérer notre appui à l’UNRWA, qui joue un rôle irremplaçable à Gaza, mais également ici au Liban. Personne d’autre ne peut fournir les services que l’UNRWA fournit à un demi-million de réfugiés palestiniens. Et nous condamnons la loi adoptée par le Parlement israélien et continuons de demander au gouvernement israélien de ne pas mettre en œuvre cette décision.
L’Union européenne soutient le peuple libanais, l’armée libanaise et les institutions libanaises. Nous sommes prêts à débloquer 200 millions d’euros pour les Forces armées libanaises. J’ai également demandé au Premier ministre [Najib] Mikati comment nous pouvons aider votre armée, non seulement financièrement, mais aussi techniquement, et je poserai la même question au commandant des Forces armées libanaises [Joseph] Aoun.
Mais le succès des efforts en faveur d’un cessez-le-feu et d’une solution à long terme est entre les mains des parties. Pour accélérer le règlement du conflit, les dirigeants libanais doivent assumer leur responsabilité politique en commençant par élire un président pour mettre fin à deux années de vacance du pouvoir au Liban. J’ai discuté aujourd’hui avec le président [du Parlement, Nabih] Berri, et je veux encourager nos acteurs politiques à assumer leurs responsabilités vis-à-vis du peuple libanais.
Confrontés aux conséquences de la crise économique et de l’explosion survenue dans le port de Beyrouth, les Libanais ont fait preuve d’une générosité et d’une solidarité incroyables, non seulement avec les réfugiés de la guerre en Syrie, mais également avec tant de leurs concitoyens qui doivent maintenant échapper à la guerre qui sévit dans le sud du pays. Et nous offrons également la solidarité européenne. Mais ils vivent chaque jour avec tristesse, voyant les souffrances qui augmentent à Gaza et au Liban.