Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Députés,
La Tunisie est un pays voisin proche et un partenaire. Elle est liée avec l’Europe par une multitude de liens forgés au long de l’histoire, mais elle se trouve dans une situation préoccupante.
Les mesures exceptionnelles sans précédent et leur extension confirmant, entre autres, la suspension du Parlement – et non pas la suppression du Parlement, qui serait clairement inconstitutionnelle – ainsi que la profonde crise socioéconomique, aggravée par la pandémie de COVID-19, suscitent de plus en plus d’appréhension parmi nous et parmi tous les principaux partenaires internationaux.
[…] Immédiatement après la suspension du Parlement par le président [Kaïs] Saïed – il s’agit bien d’une suspension et non d’une suppression, mais une suspension permanente et sans fin peut s’apparenter à une suppression –, l’Union européenne a exprimé sa position dans la déclaration que j’ai publiée au nom de tous les États membres le 27 juillet. Je me suis ensuite adressé au président Saïed lors de ma visite en Tunisie et j’ai eu une longue et franche discussion avec lui début septembre. Comme vous le constatez, j’ai donc suivi de très près les événements dans ce pays. Le président Saïed et moi-même nous sommes à nouveau parlé vendredi dernier au téléphone. J’étais aux États-Unis, mais j’ai tout de même voulu l’appeler pour parler des conséquences du décret et de la formation d’un gouvernement. Comme vous avez pu le constater, j’ai rendu publics les messages clés que j’ai transmis, et le président tunisien a fait de même.
[…] Pendant un certain temps, il n’y a pas eu de Premier ministre. La récente nomination de madame Nalja Bouden Romdhane à ce poste est certainement une étape positive, mais le pouvoir de ce gouvernement est différent de celui du gouvernement précédent, qui a été dissous par le président. La mise en place d’un gouvernement fonctionnel est sans nul doute cruciale pour commencer immédiatement à s’attaquer aux nombreux défis auxquels la Tunisie est confrontée. Nous nous devons de saluer cet événement.
En revanche, il est crucial, pour l’avenir du pays et sa crédibilité nationale et internationale, que le président et les autorités tunisiennes à tous les niveaux rétablissent pleinement l’ordre constitutionnel et institutionnel, y compris l’activité parlementaire – le Parlement ne peut rester suspendu indéfiniment – et qu’ils fixent un calendrier clair pour sa reprise.
Je dois mentionner que les parlementaires ont été renvoyés chez eux, et qu’ils ont perdu leur immunité, leur salaire et leur activité. Le Parlement doit donc reprendre ses activités.
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