Bejaia : mon village, ma réussite !

Janvier 19, 2018
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Mer, montagnes et forêts : trois mots pourraient suffire à décrire la wilaya de Béjaïa. Cette région du Nord-est de l’Al­gérie se caractérise aussi par d’innombrables petits villages construits sur les reliefs, dans l’arrière-pays. Grâce au sout­ien de l’Union européenne, l’Association pour la Culture et le Développement Communautaire (ACDC) et son partenaire l’Association Tudert ont lancé un projet pour renforcer « Optimiser les capacités des acteurs associatifs à gérer leurs projets d’intervention en cohérence avec leurs projets associatifs ».

Digne fils de Tachouaft, Lounis Benat­sou a su très vite que son Master en économie ne lui servirait pas à grand-chose dans son village. Agé de 30 ans, Lounis a choisi d’être apiculteur. Il fait partie « des jeunes qui ont décidé de se prendre en main » et d’être « utiles à la com­munauté ». Il refuse de voir son village de 800 habitants comme un « lieu perdu et enclavé ». « Tachouaft est situé à 600 mètres d’altitude, à la lisière d’une très belle forêt. En plus du miel, les habitants cultivent l’olive et la figue ». Membre de l’association Ikhoulaf, il croit très fort au dével­oppement de son village. « Nous avons un réel potentiel, no­tamment sur le plan touristique, pour créer de la richesse et améliorer le cadre de vie des habitants ».

Lounis Benatsou reste cependant réaliste : engager un pro­cessus de développement durable nécessite une certaine expertise. C’est dans cette optique que ses amis et lui ont décidé d’inscrire Ikhoulaf dans le projet « Promotion d’une approche d’accompagnement formatif d’implication des ac­teurs de développement local ». Initié et conduit par l’Association pour la culture et le Développement Communautaire (ACDC) grâce à un financement de l’Union européenne, il vise à développer des pro­jets d’animation sociale des localités de la wilaya de Béjaïa à travers « des démarches participatives ».

La Personne et le Projet

L’initiative a débuté par une série de formations, dont la première session s’est déroulée du 3 au 7 octobre 2017 dans la cité balnéaire de Tichy. Réunis à l’Auberge de jeunesse, les représentants une dizaine d’associations de villages ont été initiés à la thématique « projet associatif et projet d’inter­vention ». Responsables d’ACDC, Samyla Amirouche et son époux Nazim Salhi dirigent la formation. « Ces jeunes ont des idées plein la tête, nous devons juste faire en sorte qu’ils puis­sent avoir les outils nécessaires pour réaliser des projets con­crets. Ainsi, à la fin du premier cycle de formation, ils sauront identifier les problématiques et les possibilités. La priorité c’est l’humain, voilà pourquoi nous réfléchissons en terme de per­sonne et ensuite de projet », note Samyla.

Socialisation

ACDC se donne une année pour former les associ­atifs dans le cadre de cet accompagnement péda­gogique. En parallèle, les jeunes devront monter un mi­cro-projet entre juin et août 2018. Chanez Kournane, 29 ans, membre de Sensibilisation, Intégration et Dévelop­pement (SID) d’Akbou a déjà une idée sur le type d’initiative qu’elle lancera avec les membres de son association. « SID axe ses actions sur le soutien aux personnes en situation de handicap. Etant moi-même auxiliaire de vie (AVS), nous allons proposer un projet visant à renforcer leur intégration sociale ». Selon Chanez, certaines personnes en situation de hand­icap dans la région d’Akbou ne sortent pas de chez elles. « Pour différentes raisons, souvent liées à des problématiques familiales, elles vivent recluses dans leurs foyers. Nous souhaitons acquérir un moyen de transport afin de les faire sortir, de les aider à faire leurs courses, qu’elles puissent avoir des loisirs et étudier. Nous voulons participer activement à leur socialisation », précise Chanez.

Réseautage et Transmission

Pour mettre en oeuvre leur projet, Samyla et Nazim s’appui­ent sur près d’une vingtaine d’années d’expertises acquis­es dans le management d’activités associatives à travers l’Algérie. « ACDC est née à Alger en 1999. Notre but était d’accompagner les dynamiques associatives et de créer des liens entre elles. En 2004, nous avons lancé le portail internet ranahna.dz (nous sommes ici), qui a permis aux as­sociations algériennes, pour certaines isolées, d’accéder à des informations fiables et actualisées ». L’aventure, ACDC décide de la poursuivre à Béni Abbés, localité de la wilaya de Béchar située à 1200 km au Sud-ouest d’Alger. Samyla et Nazim lancent notamment Souk Ennachtine, un centre inter-associatif qui vise à asseoir la dynamique associative locale et à renforcer son rôle dans le développement de la région de la Saoura. Depuis sa création, l’Association pour la Culture et le Développement Communautaire a bénéficié, à cinq reprises, de financements de l’Union européenne. « En fait, durant toutes ces années, l’UE a été notre principal bail­leur de fonds. Son apport a été primordial pour la réussite de nos projets », reconnait Samyla. Un capital expérience en termes de maîtrise de montage de projets que Samyla et Nazim souhaitent également transmettre. C’est précisé­ment le cas dans le cadre de celui consacré actuellement aux villages de la wilaya de Béjaïa. L’association Tudert du village de Chellata, qui développe des activités d’entraide avec les localités de la région, a été choisie comme parte­naire local.

Chellata, Toudja, Sedouk en passant par Tudert, Seddouk et Tachouaft, les jeunes membres d’associations de vil­lages de Béjaia savent qu’ils peuvent s’appuyer sur des valeurs et un patrimoine d’une grande richesse qui caractérise la région de la Kabylie. « La réussite n’est pas juste une question d’argent. C’est avant tout une question de volonté et de connaissance », insiste Lounis Benatsou, l’apicul­teur de Tachouaft.

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