CCJ d’Akbou : Quand jeunesse peut !

Janvier 16, 2018
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L’Association Etoile culturelle d’Akbou est à l’avant-garde en matière d’éducation de la jeunesse à la citoyenneté. Après avoir initié un premier Conseil communal de jeunes en 2012, cette association a renforcé et élargi le concept à travers l’Algérie grâce à l’aide de l’Union européenne.

Akbou, principale cité industrielle de la vallée de la Soummam, au coeur de la Kabylie. En cette fin de ramadhan, le centre-ville est en fête. Chaque soir, des centaines de personnes se pressent à la Maison de jeunes Abderrahmane-Farès pour assister aux représentations de la 13e édition du festival de théâtre amazigh. Cet événe­ment, qui rassemble des troupes d’expression berbère ven­ues de toute l’Algérie, est devenu une véritable institution. Une initiative à mettre sur le compte de l’association Etoile culturelle d’Akbou.

Culture, théâtre, jeunesse, poésie, envi­ronnement, citoyenneté, éducation, santé, insertion, loisirs, prévention… l’association agit comme une véritable locomotive. Les membres de l’Etoile culturelle savent également faire preuve d’innovation et de créativité. C’est à eux que l’on doit le lance­ment, en 2012, du premier Conseil commu­nal de jeunes en Algérie.

Le siège de l’association se situe au Centre culturel d’Akbou, juste en face de la Maison de jeunes Abderrahmane-Farès. C’est là que nous rencontrons Dorya Akouche. A 16 ans, elle fait partie de ce groupe de jeunes pleinement engagé au profit de leur communauté. Et c’est avec fierté que la lycéenne revient sur son parcours : « Je fréquente l’asso­ciation Etoile culturelle depuis que j’ai 7 ans. J’ai fait du théâtre et pleins d’autres activités. J’ai aussi appris à utiliser une caméra et je me suis spécialisée dans l’audiovisuel ». Dorya fait d’ailleurs partie de l’équipe chargée d’assurer la couver­ture vidéo du festival de théâtre amazigh. Ses centres d’intérêts sont multiples : « je m’intéresse à l’enfance, à la nature et aux questions d’ordre scientifiques ».

Engagement Citoyen

Un engouement qui l’a conduite naturellement à rejoindre le Conseil communal des jeunes d’Akbou. « Je suis membre du CCJ depuis quelques mois. Ce qui me plait, c’est cette possibilité de proposer des activités au profit des citoyens d’Akbou et d’avoir un accès à l’Assemblée communale».

Dorya évoque une des activités initiées par le Conseil com­munal des jeunes à laquelle elle a participé : « la semaine de la nature ». « C’est une campagne qui vise à sensibiliser les habitants à la problématique de la gestion des déchets en plastique. Nous avons travaillé avec une entreprise spécial­isée dans la récupération et le traitement. Nous pouvons dire que nous avons réussi notre action puisque plusieurs foyers se sont mis au tri sélectif. Les différentes sortes d’objets en plastique ne sont plus mélangées avec les autres déchets ».

Faire de la politique ? « Pourquoi pas », répond Dorya avec un grand sourire. « Si je m’engage plus tard en politique, je voudrai travailler sur les droits humains, notamment les droits des enfants et des femmes ». A court terme, l’objec­tif de la lycéenne est de se présenter aux prochaines élec­tions pour le renouvellement des instances du CCJ prévues l’année prochaine. Dorya s’excuse, elle doit retourner à la Maison de jeunes filmer la clôture du festival, assurée par la troupe du théâtre régional de Béjaïa.

Partenaire Privilégié

C’est au tour de Micipsa Bentifraoui, le président du Conseil communal de jeunes d’Akbou, de nous accorder un peu de son temps. A 18 ans, le jeune étudiant prend son rôle très au sérieux. « Le CCJ est une passerelle entre les jeunes de la ville et les autorités locales. Nous faisons en sorte d’organiser des ac­tions concrètes, comme des collectes de jouets pour de jeunes malades hospitalisés ou encore des collectes d’articles scolaires et de livres pour les enfants défavorisés », explique Micipsa. Le CCJ joue également un rôle central dans l’organisation d’événements. Lors de la phase de préparation du festival du théâtre amazigh, ses membres ont entrepris les démarches auprès de la mairie pour ob­tenir les autorisations, la salle de spectacle et les moyens de transport.

Il estime qu’au sein de la mairie d’Akbou, le CCJ est perçu com­me un partenaire privilégié. « Les relations avec les élus sont bonnes. D’ailleurs cette année, le Conseil communal de jeunes a bénéfi­cié d’une enveloppe financière provenant du budget annuel de la commune. C’est une première en Algérie », dit-il fièrement.

Renforcement des Capacités

Le développement du concept CCJ a nécessité l’intervention de plusieurs partenaires. L’Union européenne a eu un rôle central dans cette dynamique de participation des jeunes dans la gestion de la cité. « L’éducation à la citoyenneté est au coeur de notre travail. L’action de l’UE a donc permis le renforcement des capacités des membres de l’association engagés dans le développement du CCJ », souligne Mouloud Salhi, président de l’association Etoile culturelle d’Akbou.

Les relations entre les deux parties ont débuté en 2002 avec la participation au programme Euromed Jeunesse et ensuite au programme ONG2. « C’est grâce à l’apport de la Commis­sion européenne que nous avons pu renforcer les capacités de nos membres en matière de gestion de cycle de projet, de communication, de gestion administrative et financière, de développement des compétences interculturelles et de vivre ensemble », note Mouloud Salhi. Par son engagement, l’UE a « valorisé nos programmes, notamment celui du Conseil consultatif de jeunes ».

L’association Etoile culturelle est sortie hors des frontières géographiques d’Akbou pour démultiplier le concept de CCJ. Aujourd’hui, des Conseils communaux de jeunes sont présents à plus d’un milliers de kilomètres de la vallée de la Soummam à l’instar des villes de Tindouf et d’Illizi.

Actuellement, l’association est engagée dans une série d’initiatives de l’Union européenne : SPOTS (Projets dura­bles pour les organisations du tiers-secteur) ; le projet «Ren­forcement des capacités des autorités locales algériennes en matière de définition de politiques locales de jeunes » ; le projet HVM inscrit dans le cadre de « UE aid volunteers » et le projet DEMAR (Démocratie, Avenir, Racines).

Yannis Airouche est un pur produit de l’Etoile culturelle d’Ak­bou. A 34 ans, le trésorier de l’association estime qu’il y a un changement dans l’état d’esprit des jeunes de sa ville. « En qualité de formateur, je perçois au quotidien cette mutation. Je reçois tous les jours des jeunes qui souhaitent lancer différentes initiatives comme des groupes informels, des clubs ou des as­sociations. Aussi, les jeunes participent ac­tivement aux événements en faveur de la communauté. Cette forte mobilisation est un indicateur concret d’une jeunesse qui revendique sa citoyenneté ».

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