Aseel: De la Syrie à la Jordanie et de l’infortune au succès

Octobre 2, 2023
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Ambitieuse et téméraire, Aseel el-Khalaf est une jeune femme syrienne qui ne renonce jamais. Après moults péripéties, elle a fait fi des obstacles qui se dressaient devant elle pour réaliser un bout de son rêve: décrocher un emploi à distance à l’université Virginia Tech, aux Etats-Unis. 

Née en Syrie, Aseel est issue d’une famille modeste et nombreuse. Convaincus de l’importance de l’éducation, ses parents ont toujours veillé à ce que leurs 6 enfants poursuivent leurs études et réussissent. En 2013 et alors que Aseel s’apprête à rejoindre l’université, la famille est obligée de partir vers la Jordanie. Une réelle épreuve pour la jeune femme qui a toujours excellé dans ses études et qui se voyait déjà sur les bancs de l’université, poursuivre une brillante carrière par la suite. 

 

Sur la route de la réussite

En Jordanie, la famille trouve refuge et se construit une nouvelle vie. Mais pour Aseel, le rêve d’accéder à l’université reste inaccessible car pour les non nationaux, les coûts d’inscription restent élevés. Son père, ouvrier dans le bâtiment, promet toutefois d’inscrire ses enfants à tour de rôle à l’université. Etant la quatrième de sa fraterie, la jeune femme a donc fallu faire preuve de grande patience, s’accrocher à son rêve et garder intacte sa motivation. Pour se faire, elle a eu recours à une ruse d’infortune. Repasser chaque année le baccalauréat en tant que candidate individuelle pour espérer, un jour, intégrer l’université. “Je savais que le chemin allait être long mais je n’ai jamais douté”, se remémore-t-elle. En parallèle de ses études, Aseel a retroussé ses manches pour venir en aide à sa famille. “J’ai travaillé dans une boulangerie, puis je me suis mise à mon propre compte en confectionnant du pain et des gâteaux à la maison. Je le faisais le cœur lourd car j’avais d’autres ambitions. J’ai beaucoup de respect pour tous les artisans mais je me voyais ailleurs, poursuivre une brillante carrière. Élève studieuse et appliquée, souvent première de ma première de ma classe, je me disais que je méritais mieux, beaucoup mieux”, confie-t-elle.

Ne jamais renoncer

Grâce à sa persévérance mais aussi au projet de l’Union Européenne EDU-SYRIA, Aseel a rejoint, en 2019, l’université d’Al Zarqa et décroché, avec brio, un diplôme en intelligence artificielle. EDU-SYRIA est un projet éducatif et humanitaire financé par l’Union européenne par l’intermédiaire du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne (Fonds Madad) et de l’Instrument européen de voisinage (IEV), afin d’attribuer des bourses d’études dans l’enseignement supérieur à des Syriens touchés par le conflit et des Jordaniens défavorisés, et de soutenir les communautés d’accueil en Jordanie. “ A une certaine période de ma vie, je sentais que toutes les portes m’étaient fermées. Grâce à cette opportunité, j’ai enfin pu poursuivre mes études et obtenir mon précieux diplôme. Mes frères et sœurs ont aussi bénéficié de bourses EDU-SYRIA, pour le plus grand bonheur de nos parents, confie-t-elle avec émotion.

EDU-SYRIA

Salam al-Bahri, assistante au projet EDU-SYRIA déclare: “ Accorder des bourses et permettre aux bénéficiaires de poursuivre leurs études leur offre plus de perspectives professionnelles. Mais pas seulement ! Celà leur permet surtout de retrouver toute leur dignité et de reprendre le contrôle sur leur avenir. C’est un processus global visant à rompre le cycle du déplacement et la garantie d’un avenir plus stable et plus productif tant pour les individus que pour la société à laquelle ils appartiennent ”.

 

Depuis sa création en 2016, EDU-SYRIA, composante du programme de l’Union Européenne EU-MADAD, a soutenu un plus de 3000 étudiants en les inscrivant dans divers projets universitaires (master, licence, diplôme professionnel…). «L’UE figure parmi les rares donateurs à inclure l’éducation supérieure des réfugiés syriens aux projets mis en place pour les soutenir. Grâce à une approche globale, allant du développement de la petite enfance à l’enseignement supérieur, l’Union européenne a démontré une réelle valeur ajoutée et comblé une lacune qui n’aurait pas été comblée autrement », souligne de son côté Wieke Waterschoot, Directrice du projet Education – Syria Response, à la Délégation de l’Union européenne en Jordanie. Elle ajoute: « Seuls 8 % des réfugiés syriens suivent des études supérieures en Jordanie. Cela est dû à un ensemble complexe de facteurs, notamment les difficultés financières, le manque de documents d’identité et de preuves d’études antérieures, la rigidité institutionnelle et l’incapacité des établissements d’enseignement supérieur jordaniens à absorber un grand nombre de réfugiés ». 

 

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