Édition 2024 du Prix Samir Kassir : célébrer le courage et l’excellence dans le journalisme

Juillet 15, 2024
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La 19e édition du Prix Samir Kassir s’est déroulée à Beyrouth. La guerre à Gaza a été un thème central dans les discours prononcés par diverses personnalités, notamment des membres du jury, des représentants de la Fondation Samir Kassir et du centre Skeyes, ainsi que des journalistes. Parmi les articles sélectionnés, plusieurs ont également été consacrés à la guerre, soulignant les destructions et les dizaines de milliers de morts qu’elle a entraînées dans son sillage. La cérémonie s’est tenue au Palais Sursock, qui porte encore les stigmates de l’explosion survenue au port de Beyrouth en août 2020, et a réuni un grand nombre de diplomates, de personnalités politiques, d’intellectuels et de journalistes. Cette année, la cérémonie s’est déroulée en l’absence de la journaliste Gisèle Khoury, épouse de Samir Kassir et fondatrice de Skeyes, qui est décédée en octobre dernier des suites d’une longue maladie.

 

Hommage à la liberté de la presse 

Créé et financé par l’Union européenne, le Prix Samir Kassir est reconnu à l’échelle internationale comme un événement phare pour la liberté de la presse et le prix de journalisme le plus prestigieux au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans les pays du Golfe. Depuis 2006, la cérémonie de remise des prix est organisée chaque année pour commémorer l’assassinat du journaliste libanais Samir Kassir le 2 juin 2005 à Beyrouth, et célébrer sa vie, ses valeurs et sa mémoire.

 

L’ambassadrice de l’Union européenne au Liban, Sandra De Waele, a déclaré lors de la cérémonie : « L’Union européenne a créé le Prix Samir Kassir pour rendre hommage à ce journaliste et à son combat, et pour nous rappeler qu’il a payé le prix ultime pour son travail. Beaucoup trop de journalistes ont perdu la vie en exerçant leur profession ou, simplement, pour avoir exprimé leurs opinions. Permettez-moi de profiter de cette occasion pour rendre hommage aux hommes et aux femmes de grand courage qui ont été tués ou blessés au cours des derniers mois pour nous informer depuis Gaza ou le sud du Liban. Nous ne le dirons jamais assez : les journalistes ne sont pas des cibles » .

 

Le concours est ouvert aux journalistes professionnels de 18 pays d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et du Golfe. L’édition de cette année a été marquée par une participation record, avec 354 journalistes inscrits, originaires d’Algérie, du Bahreïn, d’Égypte, d’Irak, de Jordanie, du Liban, de Libye, du Maroc, de Palestine, de Syrie, de Tunisie et du Yémen.

 

Malek Mrowa, président par intérim de la Fondation Samir Kassir, a souligné que le Prix Samir Kassir rassemble certains jeunes hommes et femmes les plus brillants de la région qui « font preuve d’une maturité et d’une conscience exceptionnelles et ouvrent la voie à un avenir de tolérance », malgré la tragédie que vivent les journalistes dans la région, en particulier en Palestine.

 

Les prix sont décernés dans trois catégories : article d’investigation, reportage audiovisuel d’information et article d’opinion.

Lauréats du Prix Samir Kassir : enquête sur la puberté forcée, empiètements sur les sites historiques et difficultés des expatriés

Dans la catégorie « Article d’investigation », Hadeel Arja, originaire de Syrie, a remporté le prix pour son enquête intitulée « La pratique choquante de la puberté forcée dans les camps du nord de la Syrie », publiée dans Daraj Media et Tiny Hands. Cet article met en lumière l’un des abus les moins connus dont sont victimes les filles dans les camps de déplacés internes du nord de la Syrie : l’administration d’hormones pour accélérer la menstruation et les mariages forcés.

 

Dans la catégorie « Reportage audiovisuel d’information », Aseel Sariah, originaire du Yémen, a remporté le prix pour son reportage intitulé « Empiètements sur les sites historiques », qui a été diffusé sur la chaîne Yemen Today et produit avec le soutien de l’organisation Reporters arabes pour le journalisme d’investigation (ARIJ). Le reportage traite de la saisie illégale de sites religieux historiques appartenant à diverses minorités dans la ville yéménite d’Aden.

 

Dans la catégorie « Article d’opinion », l’Égyptien Abdelrahman el-Gendy, 29 ans, a remporté le prix pour son article intitulé « Y a-t-il une vie avant la mort ? », publié dans le journal Al Manassa. Cet article aborde les difficultés traversées par les personnes d’origine arabe vivant en Occident qui défendent les droits de l’homme et les valeurs qui leur sont chères. Comme le souligne son auteur, ces expatriés sont pris en étau entre l’oppression des régimes autocratiques qui sévissent dans leur pays d’origine et le racisme auquel ils sont confrontés dans leur pays d’exil.

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