Sana Afouaiz est une spécialiste de la question du genre et une conférencière primée. Elle se consacre au féminisme et aux questions liées aux femmes. Avec Womenpreneur, son association à but non lucratif, elle cherche à promouvoir la place des femmes sur la scène entrepreneuriale ; ainsi que dans les domaines des technologies et de l’innovation, et dans la société.

Sautant d’un coup de téléphone à l’autre, Sana Afaouaiz est un tourbillon, toujours en mouvement. De la gestion de Womenpreneur à sa carrière d’écrivaine, Sana incarne l’idée que vous devez continuer à vous dépasser, peu importe ce que vous avez accompli.

Bien qu’elle ait été nommée « Femme d’influence » par la Banque mondiale, qu’elle ait remporté de nombreux prix internationaux et qu’elle ait obtenu une place parmi les 100 innovatrices les plus influentes par « Social Enablers », Sana a le sentiment qu’« elle doit encore faire ses preuves ».

« En tant que jeune femme issue de l’immigration vivant en Europe, je dois admettre que j’ai toujours l’impression de devoir travailler davantage pour être prise au sérieux », admet-elle, soulignant que « même au cœur de l’Europe, il est encore difficile pour que les femmes entrepreneurs soient pleinement comprises et appréciées. »

Catalyser les talents féminins dans la région MENA

Mais cela ne l’a pas dissuadée de poursuivre sa mission : valoriser les talents des femmes, partout dans le monde. Au contraire, ces obstacles ont alimenté la détermination de Sana à prêter main-forte à ses collègues entrepreneurs.

“There are a lot of talents in the MENA region that we do not have in Europe,” Sana points out, noting that “our region has the highest number of women studying STEM [Science, technology, engineering, and mathematics] in the world while Morocco, Algeria and Tunisia have the highest number of women engineers in the world.The talent is there. We just need to help them turn their ideas into realities.”

Avec Womenpreneur, l’ONG qu’elle a fondée à Bruxelles il y a plus de sept ans, Sana a touché et soutenu plus de 19 000 femmes de la région MENA et d’Europe. Les activités qu’elle a dirigées comprennent, entre autres, des séances de mentorat, des programmes de leadership et des événements de réseautage.

« Pour moi, chaque femme qui réussit dans sa vie est un modèle pour les autres. Cela peut aller du PDG d’une grande entreprise au voisin qui prospère dans le magasin d’à côté », explique Sana, soulignant que « l’indépendance économique et financière n’est pas la liberté, mais c’est un outil, une base pour y parvenir, pour être capable de regarder son environnement différemment.”

En novembre de l’année dernière, Womenpreneur s’est associé à l’Union pour la Méditerranée pour organiser le Mediterranean Tech Women Network (MTWN), un événement reliant les femmes de toute la Méditerranée pour le réseautage, l’apprentissage et l’échange sur les talents, les opportunités, le soutien et les moyens de soutenir l’épanouissement et l’innovation durable.

Malgré l’existence de diverses femmes dans les structures centrées sur la technologie, il n’existe actuellement aucun réseau technologique méditerranéen pour les femmes. L’objectif de l’événement MTWN est de combler cette lacune. Selon la Commission européenne, seuls 18 % des spécialistes des technologies de l’information et de la communication sont des femmes et il existe un écart considérable entre les genres dans l’industrie technologique en Europe. Ainsi, l’un des objectifs essentiels de l’événement était de présenter les réussites des femmes dans le secteur de la technologie, dans l’espoir d’inspirer davantage de femmes à rejoindre l’industrie de l’innovation.

«Bien sûr, j’ai été critiquée à propos des espaces et des événements réservés aux femmes que nous organisons, car on m’a dit que les opportunités devraient être offertes à tout le monde. Mais c’est exactement pour cela que je fais cela : je crois en l’égalité des chances pour tous. »

Étudier la réalité des femmes

Il y a quelques années, Sana a publié un livre, Invisible Women of The Middle East: True Stories, dans lequel elle racontait les histoires de femmes de tous horizons dans la région MENA. Un livre social qui examine les différents tabous entourant la condition féminine, Invisible Women of The Middle East est une vision crue et honnête des discussions inconfortables sur la sexualité, la religion, le hijab et la politique dans les pays de la région. Il s’agit de raconter les vraies histoires de femmes que Sana a eu la chance de rencontrer, de travailler ou même de s’asseoir à côté dans le bus.

« J’ai rencontré une myriade de réalités féminines ». Et même si elle ne nie pas « les réalités tristes et très difficiles dans lesquelles vivent les femmes », Sana souligne que « nous ne devons pas sous-estimer le fait que leur voix dépasse les autres dans les pays MENA ».

En tant que femme arabe vivant au cœur de l’Europe, Sana se désole de voir que « [l’]on a encore tendance à penser que la réalité est noire et blanche dans son pays et que les femmes sont simplement opprimées et marginalisées. Mais en réalité, il m’est impossible de décrire en un seul mot la condition féminine dans la région ».

Aujourd’hui, Sana a bon espoir, car elle croit sincèrement que la nouvelle génération est en train d’apporter un changement systémique. «Je vois un vrai tournant au sein de la jeune génération, avec une sorte de solidarité qui se développe entre les femmes, qui arrivent en force avec des demandes et des revendications.»

« Je pense que, malgré l’oppression qui persiste encore dans le monde arabe à l’égard des femmes, il existe une résistance. Il y a un véritable combat pour la conscience », ajoute-t-elle.

Parmi ces jeunes femmes qu’elle a accompagnées à travers Womenpreneur, il y a Fatim-Zahra Biaz, entrepreneure, conseillère en startup et fondatrice du New Work Lab. Son accélérateur de startups et laboratoire d’innovation vise à développer et galvaniser la scène startup marocaine.

Fatim se dit elle aussi « hautement convaincue que les entrepreneurs peuvent apporter des solutions innovantes au Maroc et contribuer au développement économique et social du pays ».

Pendant ce temps, la jeune entrepreneure sociale Lamia Bazir a consacré son travail aux femmes et aux jeunes de la région rurale du Moyen Atlas marocain. Il y a plus de dix ans, elle a fondé « Empowering Women in the Atlas », une organisation à but non lucratif visant à plaider en faveur du leadership des femmes rurales comme moyen de lutter contre la pauvreté. Ayant bénéficié du soutien de Womenpreneur, Lamia déclare : « J’ai choisi de concentrer une partie importante de mon énergie et de travailler sur la cause de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes »

Soutenir des projets comme ceux de Fatim et de Lamia est au cœur de la mission de Sana, qui lance une initiative par an dans son pays d’origine. « Mon objectif est de toujours redonner à mon pays. Je suis peut-être partie physiquement, mais je suis toujours là spirituellement et grâce au travail d’impact de Womenpreneur. »

Avant de revenir sur un énième appel professionnel, Sana conclut : « Aujourd’hui, mes origines sont marocaines, mon cœur est belge et mon état d’esprit est international. »

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Le projet

Le Festival du réseau Mediterranean Tech Woman (MTWNF) a été créé en 2020 et lancé officiellement un an plus tard. Il vise à mettre en relation des dirigeantes en dehors des frontières afin de créer et de multiplier les opportunités pour les femmes dans le domaine des technologies et de présenter des modèles aux filles intéressées par les carrières dans les STIM. Ce festival a également pour objectif d’encourager le dialogue entre les parties prenantes et les ambassadrices de la cause des femmes sur des sujets et des questions d’intérêt commun, mais avec des contextes régionaux et culturels différents. Ce dialogue devrait contribuer à combler le fossé considérable en matière de connaissances et de capacités entre les pays de l’UE et les pays hors UE et à renforcer la collaboration économique transnationale.

Le programme
L’Union pour la Méditerranée est une institution intergouvernementale réunissant les États membres de l’Union européenne et 16 pays du sud et de l’est de la Méditerranée dont le but est de promouvoir le dialogue et la coopération. Elle a pour mission de renforcer la coopération régionale, le dialogue et la mise en œuvre d’initiatives et de projets concrets ayant un impact direct sur les citoyens, en particulier les jeunes et les femmes, autour des trois priorités stratégiques de la région : stabilité, développement humain et intégration.