La jeune Libanaise Sandra Sleiman a toujours rêvé de faire le lien entre la culture et la nature en se servant du pouvoir du cinéma. Grâce à l’initiative REEF (Rural Encounters on Environment and Film, rencontres rurales axées sur l’environnement et le cinéma) financée par l’Union européenne, elle anime la vie culturelle des régions rurales du Liban à travers un événement de quatre jours articulé autour de nombreuses activités cinématographiques et sociales centrées sur l’environnement.

Après avoir décroché un master en gestion et conservation des ressources naturelles à Beyrouth, Sandra Sleiman s’est retrouvée sans le vouloir sous le feu des projecteurs à la suite d’une découverte révolutionnaire concernant les champignons sauvages.

La jeune diplômée a en effet découvert 16 nouvelles espèces de champignons au Liban, dont 8 seraient encore inconnues sur la planète. « Cela a apporté tellement d’espoir aux gens. Le fait qu’une jeune fille originaire d’une région rurale éloignée, l’Akkar, ait réalisé quelque chose d’aussi important pour le Liban a réellement suscité l’intérêt de la communauté scientifique. Mais à mon niveau, cela signifiait aussi que je devais renouer avec mes racines et mettre mon expertise au service de ma communauté et de mon peuple », se souvient Sandra.

Elle a décidé de retourner dans la province de l’Akkar, située à l’extrême nord du Liban, et d’entreprendre quelque chose de totalement nouveau : la décentralisation de la culture.

Un retour aux sources : le projet REEF

Dans sa ville natale, Sandra s’est associée au Conseil de l’Environnement, une ONG locale où elle a travaillé au lancement du projet REEF (Rural Encounters on Environment and Film, rencontres rurales axées sur l’environnement et le cinéma). REEF, qui signifie « vie rurale » dans la langue arabe, est un projet unique en son genre et un concept « tout nouveau dans le monde arabe », explique Sandra, soulignant qu’il est assez inhabituel de voir des festivals de cinéma pluridisciplinaires consacrés à la fois à la vie rurale et à l’environnement, et dont l’accès est gratuit !

L’ONG a lancé le projet REEF dans l’optique de mettre le cinéma à la portée des communautés mal desservies de l’Akkar et de Hermel tout en plaçant leurs histoires au premier plan des débats nationaux sur l’environnement, la décentralisation et la cohésion sociale.

Au lieu de simplement projeter des films, l’organisation a décidé de passer par des voies plus créatives. « Nous sommes vraiment comme une famille et nous accueillons tout le monde, quel que soit l’âge des personnes ou leur passion. Pour cela, nous avons un programme varié qui comprend des projections de films, des concours de réalisation de courts-métrages, des débats et des discussions, des ateliers d’animation… et même des randonnées ! »

Lorsqu’on lui demande de résumer en un mot le projet REEF, Sandra hésite puis répond : « En gros, nous formons une communauté d’écologistes, de cinéphiles, d’acteurs, d’enfants, de producteurs locaux et d’artisans locaux ! Il s’agit avant tout de montrer la beauté de la nature de l’Akkar et son patrimoine archéologique. »

Alliances culturelles : plus forts ensemble

Dans le cadre du projet Alliances culturelles financé par l’UE, l’ONG Conseil de l’Environnement, avec laquelle travaille Sandra, s’est associée à Beirut DC et à l’association culturelle de Hermel, Al Montada, afin d’organiser l’initiative et de l’adapter au mieux aux besoins locaux et aux ressources locales.

Alliances culturelles est un projet régional d’une durée de deux ans lancé en 2021, qui vise à encourager les entités culturelles à investir dans une collaboration durable pour améliorer l’écosystème culturel et faciliter l’accès à la culture. Le projet entend soutenir des jeunes comme Sandra pour « imaginer et suivre de nouvelles voies de collaboration inclusives pour atteindre les publics et établir de nouveaux liens entre les mouvements sociaux, culturels et environnementaux ».

« En nous regroupant dans le cadre de cette alliance, nous avons appris à mieux nous équiper pour organiser un tel événement et nous sommes même en mesure de l’étendre désormais ! », déclare Sandra avec enthousiasme. Elle a suivi un certain nombre de formations, d’ateliers et de sessions de mentorat qui l’ont aidée à transformer toutes ses idées en projets planifiés de manière stratégique.   

Le trio d’entités travaille maintenant à l’extension du projet REEF à d’autres localités, notamment Hermel et Kobayat. « En 2023, nous organiserons un autre festival à Hermel, qui figure parmi les régions mal desservies en matière de culture. »

Sandra estime que le fait de creuser une idée n’est jamais une perte de temps. « Quels que soient les moyens investis dans votre communauté, vous en récolterez les fruits. C’est garanti ! Lorsque les gens sont unis et que leurs réflexions et idées sont mises en commun, de grands projets peuvent voir le jour et créer un véritable changement, quel que soit l’endroit », conclut la jeune femme.

All-Around Culture (AAC) est un programme collaboratif et interconnecté mis en œuvre sur une période de quatre ans dont le but est de promouvoir un écosystème culturel vital en tant qu’environnement propice à l’inclusion sociale et économique des jeunes dans sept pays de la région arabe. Le programme est cofinancé par l’UE dans le cadre du domaine « Partenariats internationaux » – Programme de soutien à la jeunesse et à la culture dans le voisinage Sud.

Le projet Alliances culturelles est l’une des cinq composantes du programme All-Around Culture (AAC) et est mis en œuvre par l’organisation régionale à but non lucratif Culture Resource. Lancé en janvier 2021, le projet vise à renforcer l’écosystème culturel de la région arabe et à faciliter et accroître l’accès à la culture dans les contextes qui leur sont propres.

Pour ce faire, il soutient jusqu’à 12 alliances culturelles composées de 36 entités culturelles qui cherchent à renforcer leurs capacités d’adaptation et à rejoindre des alliances de collaboration ainsi que des partenariats plus vastes aux niveaux local, national et régional.