Sharek : Accompagner la dynamique jeunesse

Janvier 17, 2018
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La jeunesse algérienne bouge. Elle est dynamique et souhaite participer activement à la vie publique. Le cadre constitutionnel et légal algérien encourage les jeunes à devenir des acteurs de développement. Financé par l’Union européenne, le programme Sharek, de l’association Sidra, a pour objectif de renforcer les capacités des organisations de jeunesse afin qu’elles deviennent des partenaires fiables des pouvoirs publics.

Avec le programme Sharek, c’est un véritable challenge que se doit de relever l’Association Sidra : renforcer les capacités de 20 organisations de jeunesse afin qu’elles deviennent des acteurs pleinement engagés dans la vie publique. « Il existe un nombre important d’associations de jeunes en Algérie. Mais elles ont tendance à travailler en vase clos, parfois sans projet concret. Pourtant, les jeunes qui font partie de ces organisations sont compétents, plein de bonne volonté et veulent participer à la vie de la Cité. Le programme a été initié pour les accompagner en leur donnant les outils nécessaires pour devenir des acteurs du développement responsables et informés », indique Meriem Chikirou, directrice de programme Sharek et secrétaire générale de l’association Sidra.

Partenariat

Sharek ne se contente pas uniquement de renforcer les capacités des associations, il a également pour objectif d’en faire des partenaires des pouvoirs publics. « La nouvelle Constitution algérienne considère que la jeunesse est une force vive. Nous devons donc l’outiller et créer des liens forts avec les autorités publics afin de poser le cadre d’un partenariat constructif », note Meriem. En effet, l’article 37 de la Constitution de février 2016 stipule : «la jeunesse est une force vive dans la construction du pays.L’Etat veille à réunir toutes les conditions à même de développer ses capacités et dynamiser ses énergies ». La Constitution prévoit également la création d’une instance consultative dénommée Conseil supérieur de la jeunesse.

Concrètement, Sharek se décline en quatre axes d’intervention : le renforcement des capacités organisationnelles et programmatiques des organisation de jeunesse (OJ); le développement des capacités des OJ en matière de plaidoyer et de suivi des programmes et des politiques publiques ; L’amélioration de la couverture des OJ dans les médias classiques et numériques et sur les réseaux sociaux ; et enfin la création d’une dynamique de dialogue et de collaboration entre les OJ elles-mêmes et avec les autorités locales et les autres parties prenantes. Selon Meriem Chikirou, au sein du gouvernement « il existe une volonté politique pour permettre une participation des jeunes dans l’espace public ». Pour elle, la tenue d’élections locales (Conseils communaux et de wilayas) au mois de novembre 2017 s’avère être une bonne opportunité pour permettre aux organisations de jeunesse de tisser des liens avec les nouveaux élus locaux.

Envergure nationale

Le programme Sharek se caractérise par sa portée d’envergure nationale. Vingt organisations de jeunesse y participent. Leurs représentants ont assisté, du 4 au 6 octobre 2017, à une session de formation dédiée aux médias et aux réseaux sociaux. Un atelier animé par Nawel Guellal, directrice du bureau de consulting Human Development Network. « Nous apprenons aux participants à utiliser les outils performants et modernes de communication afin qu’ils puissent médiatiser et valoriser leurs actions. Ils doivent également comprendre combien il leur est important d’entretenir de bonnes relations avec les journalistes et les médias », souligne-t-elle. Selon Nawel Guellal, en médiatisant leurs actions, les associations font aussi « preuve de transparence envers l’opinion publique ».

Manuscrits et météorite

Venu de Tamentit, oasis de la wilaya d’Adrar (1500 km au Sud d’Alger), Salah-Eddine Abdelkhalek participe à cette formation. Diplômé en électrotechnique, le jeune homme de 26 ans est membre de l’association Réhabilitation du patrimoine de Tamentit. « Notre village dispose d’un potentiel touristique extraordinaire. Les manuscrits anciens, dont certains datent du 2e siècle de l’Hégire (9e siècle), sont d’une valeur inestimable. Ces parchemins, réalisés en peaux de chèvres, comportent des textes religieux mais aussi des traités de médecine et de philosophie. Notre association milite pour la préservation de ce patrimoine et pour sa conservation dans de bonnes conditions, sachant que ces manuscrits sont la propriété des familles du village ». Pour Salah-Eddine, les actions de préservation doivent également toucher les foggaras (système ancestral d’irrigation des palmeraies et des vergers), les maisons anciennes ainsi que les us et coutumes de cette oasis posée au cœur de la région du Touat. « Au sein de l’association, nous sommes convaincus de la capacité de notre petite communauté à créer de la richesse. Tamentit a la possibilité de devenir un pôle touristique important dans le Sud de l’Algérie ». Salah-Eddine indique que la participation de l’association au programme Sharek permettra d’apporter « de l’expertise » en matière de montage de projets, la possibilité de « travailler en réseau » et de développer des « relations pérennes avec les pouvoirs publics ». Dès qu’ils seront efficaces et performants, Salah-Eddine et ses amis comptent réaliser le rêve de la population de l’oasis : récupérer la météorite de Tamentit ! « Elle était posée dans une place du village depuis le 14e siècle. Durant la colonisation, des scientifiques français l’ont transportée au Musée d’histoire naturelle de Paris. Actuellement, cette météorite se trouve dans un parc d’attraction français. Elle est la propriété inaliénable de la population de Tamentit. Elle nous revient de droits », note le jeune homme.

Consolidation

A Batna (350 km au Sud-est d’Alger), l’accompagnement des jeunes dans la vie publique est une des missions que s’est assignée l’association Futur pour le développement (AFD). Mounia Belbahri, 35 ans, chargée de la communication de cette organisation, explique que les besoins en terme de formation sont très importants. « Nous tentons de rester à l’écoute des jeunes afin d’identifier les problématiques auxquelles ils sont confrontés et de proposer des solutions. Nous le faisons notamment pour les femmes de la région de Batna à travers des aides pour l’encouragement de l’entreprenariat féminin ». L’AFD dispose d’un capital expérience qui lui a permis d’intégrer des réseaux associatifs à travers le pays, d’engager des actions de bénévolat et de mettre en place un Conseil consultatif de jeunes (CCJ) dans la commune de Batna. « Participer au programme Sharek est une excellente opportunité pour notre association. Il nous permet de consolider nos compétences tout en ouvrant de nouveaux champs de coopération ».

C’est justement cette notion de coopération multiforme à laquelle souhaite aboutir les initiateurs de Sharek. « Les liens de partenariat pourront se tisser entre les associations qui participent au programme, puis les relations seront élargies à d’autres organisations afin de créer un réseau d’envergure national. En parallèle, des passerelles seront jetées en direction des autorités publiques », dit Meriem Chikirou en précisant que l’apport de l’Union européenne a été primordial pour la mise en œuvre de cet ambitieux programme grâce à un budget de 243 000 euros.

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