Des femmes retrouvent leur dignité grâce à « Safe Homes »

Novembre 27, 2023
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Des femmes survivantes de violences voient la lumière au bout du tunnel grâce au projet « Améliorer l’accès aux services de prévention et de protection tenant compte du genre pour les communautés vulnérables en Jordanie » mis en œuvre par l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID). Ce projet financé par le Fonds fiduciaire régional de l’Union européenne en réponse à la crise syrienne (fonds « Madad ») ne représente qu’une partie des activités soutenues en faveur des Syriens et des populations vulnérables en Jordanie. 

Les objectifs du projet sont clairs : améliorer l’accès aux services de prévention et de protection tenant compte du genre. Le projet vise à mettre à la disposition des survivantes de violences un ensemble complet de ressources allant de l’assistance juridique et médicale au soutien psychologique. Au-delà du soutien direct apporté, le projet investit également dans le renforcement des capacités des acteurs nationaux. En donnant aux entités locales et centrales les moyens d’agir, il vise à créer un cadre durable pour la fourniture de services de prévention et de réponse à la violence sexiste.

Au cœur de ce projet figure l’initiative « Safe Homes » (foyers sûrs), qui consiste à fournir à ces femmes des maisons et des abris sûrs, à l’instar de ceux mis à disposition dans trois localités par le partenaire local de l’AECID, SOS Villages d’Enfants. 

Des ténèbres à la lumière : le parcours de S.K. avec Safe Homes

S.K. fait partie de ces survivantes résilientes dont la vie a pris un tournant décisif grâce à Safe Homes. Cette jeune femme de 27 ans qui n’a pas la nationalité jordanienne a trouvé refuge auprès de SOS Villages d’Enfants en Jordanie avec ses trois enfants, âgés de 8, 6 et 5 ans, sur recommandation du Département de la protection de la famille et des mineurs de la Direction de la sécurité publique. Après avoir enduré des violences domestiques pendant neuf ans, S.K. a eu le courage de demander de l’aide. À leur arrivée, S.K. et ses enfants présentaient des signes de détresse psychologique. Ils ont alors été placés immédiatement dans un foyer sûr dans l’un des villages de SOS Villages d’Enfants. Après avoir tenté d’échapper à la violence pendant des années, S.K. s’est retrouvée confrontée à de nouvelles difficultés en Jordanie, sans le soutien de sa famille et de ses amis. Coupée de sa famille depuis 12 ans, elle savait très peu de choses sur ses droits ou les ressources disponibles pour obtenir de l’aide. 

« Quand je suis arrivée au village, je ne savais rien, j’étais perdue. Je ne savais pas distinguer le bien du mal.  Je ne savais pas comment me comporter ou interagir avec mes enfants. Après mon séjour ici, ma relation avec eux a changé. J’ai appris à maîtriser ma colère, à adopter les bons comportements à la maison et à gérer les besoins et les dépenses du foyer », explique S.K. 

Sa situation était d’autant plus compliquée qu’elle n’était pas mariée officiellement à son compagnon et que leurs trois enfants n’étaient pas reconnus officiellement (ils n’avaient ni acte de naissance ni numéro d’identité national), les privant ainsi de l’accès à des services comme l’éducation, la vaccination ou les soins médicaux. 

Dressant le bilan de son parcours transformateur avec Safe Homes, S.K. résume les profondes répercussions du projet en ces termes : « J’ai commencé à cuisiner tout le temps. J’y ai vraiment pris goût. J’ai tout changé : la façon dont j’interagis avec les gens, la façon dont je gère ma propre vie, la perception que j’ai de moi-même. Je remercie SOS Villages d’Enfants Jordanie de m’avoir tout donné avant même que je ne demande quoi que ce soit. Merci infiniment ». 

Une voie de guérison grâce aux efforts de l’équipe de Safe Homes

Après avoir examiné le cas de S.K., l’équipe de Safe Homes a immédiatement commencé à œuvrer auprès du Département de la protection de la famille et des mineurs, du Département de l’état civil et des passeports, du ministère de la Justice et du ministère de l’Éducation. Elle est ainsi parvenue à régulariser la situation de S.K. et celle de ses enfants, qui ont finalement pu accéder aux soins médicaux et s’inscrire à l’école publique. Outre cette assistance juridique, S.K. et ses enfants ont bénéficié d’un soutien psychologique de la part de l’équipe de SOS Villages d’Enfants. Après quelques semaines de récupération et de consultations avec des spécialistes, S.K. s’est sentie plus forte et plus confiante. Sur le conseil de SOS Villages d’Enfants, elle a accepté de suivre une formation sur la parentalité positive, l’éducation et les soins psychologiques.

« Alors que les enfants se préparaient pour leur premier jour d’école, j’ai vu cette étincelle dans leurs yeux, car ils réalisaient qu’ils avaient la chance de jouir de leur droit fondamental à l’éducation », souligne Monda, gestionnaire de projets au sein de Safe Homes.

L’histoire de Salma avec Safe Homes : renaissance, autonomisation et découverte de soi

Salma livre elle aussi un témoignage saisissant. Son histoire montre que Safe Homes a non seulement mis un toit au-dessus de sa tête, mais est également devenu pour elle un espace de guérison et d’autonomisation. 

« Une nouvelle femme est née en moi. Tout a changé en moi. J’ai pris conscience que ma vie m’appartient. J’ai appris énormément de choses et, surtout, j’ai pris conscience de la situation dans laquelle je me trouvais depuis quelques années et j’ai réalisé que j’étais la chose la plus importante pour moi et pour mes enfants. J’ai appris à faire face à l’adversité et à ne pas abandonner. L’une des plus belles choses qui me soient arrivées a été de retrouver mes enfants, ce dont je rêvais depuis si longtemps. Et mon rêve est devenu réalité.  Tout est différent avec eux, ils m’ont ramenée à la vie. Cette année, le ramadan a été merveilleux parce que nous étions tous ensemble. Les deux garçons sont heureux et deviennent de plus en plus forts, et, enfin, les trois enfants sont réunis. C’est ma plus grande joie », explique-t-elle. 

« Grâce à Safe Homes, j’ai appris que personne ne doit décider à ma place. Ma vie et mes décisions m’appartiennent. J’ai commencé à élargir mes pensées, à me concentrer sur ma vie et à définir mes priorités. J’ai cessé d’écouter les opinions négatives ; j’ai appris à répondre aux attentes des gens de manière appropriée et organisée ; et, surtout, j’ai appris à fixer des limites entre les autres et moi. En résumé, je suis désormais responsable de ma vie », ajoute Salma. 

L’histoire de Salma est celle d’une renaissance, d’une redécouverte d’elle-même et d’une prise de conscience qu’elle est l’architecte de sa propre destinée. 

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