Événement organisé en Égypte dans le cadre de la campagne EyesOnEarth : la protection des forêts et de l’environnement mise en avant par des projets innovants

Juillet 1, 2024
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Le Musée national de la civilisation égyptienne a accueilli des jeunes de différents pays arabes à l’origine d’un grand nombre d’idées et d’initiatives à l’occasion de la cérémonie consacrée à la campagne et au concours « EyesOnEarth », lancés il y a un an par le programme EU Neighbours South dans le but de promouvoir des modèles économiques durables liés à la préservation des forêts et à l’environnement.

Dans ce lieu chargé d’histoire, les débats ont porté sur des questions d’avenir : « Comment protéger nos forêts ? » et « Comment préserver l’environnement ? ».

« Nous avons dû tout reprendre à zéro. Il fallait poursuivre cette campagne. » C’est en ces termes que Joumana Brihi (cheffe d’équipe du programme EU Neighbours South) a commencé son intervention, évoquant les difficultés rencontrées pour organiser cet événement en raison du début de la guerre à Gaza le 7 octobre dernier. Mais, selon elle, « cela en valait la peine pour pouvoir présenter ces projets aux effets concrets dans le cadre de la campagne et de son concours ».

Les projets lauréats du concours « EyesOnEarth » ont été dévoilés dans une ambiance festive. Sur les huit projets qualifiés pour la finale, cinq d’entre eux ont été récompensés par ce concours pour lequel 225 projets étaient en lice (137 dans la catégorie « Innovation environnementale » et 88 dans la catégorie « Initiatives de la société civile ») dans les huit pays arabes de la région du sud de la Méditerranée : Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Palestine et Tunisie.

Le premier prix dans la catégorie « Innovation environnementale » a été remporté par le projet « The Other Dada » (l’autre Dada) d’Adib Daddeh, un ingénieur libanais qui travaille à la réhabilitation des forêts et des espaces verts de sa ville après s’être penché pendant des années sur le problème du déversement des eaux usées dans le fleuve de Beyrouth.

« Ce qui me motive vraiment, c’est d’être capable d’attirer les gens dans des zones désertes et dégradées et de les faire participer au nettoyage et à la plantation d’arbres. Ils savent alors qu’ils ont le pouvoir de changer les choses ». Adib espère maintenant recevoir davantage de soutien de la part de son gouvernement pour travailler sur les terrains publics que ce dernier a négligés.

Quoi qu’il en soit, ce prix représente pour lui « un pas en avant, un exemple qu’il partagera avec les gens ».

Dans la même catégorie, le deuxième prix a été décerné au projet « Pistachio Grafts » (greffons de pistachiers) de Kamel Ferrah, qui a débuté en 2019 et porte sur la plantation de pistachiers dans les zones du Barrage vert en Algérie afin de freiner l’avancée du désert vers le nord. « Les arbres présents dans ces zones ne portent pas de fruits et ne supportent pas les maladies, contrairement aux pistachiers qui sont résistants et plus productifs », a-t-il expliqué.

Vétérinaire de formation, Kamel a fait pousser 10 000 arbres jusqu’à présent. Il considère sa récompense comme « une reconnaissance du monde pour son travail et ses efforts ».

Dans la catégorie « Initiatives de la société civile », Othman Taleb et son équipe ont remporté le premier prix avec leur projet à but non lucratif « Akkar trail » (sentier de l’Akkar), qui vise à protéger les forêts du Liban et leurs environs grâce à des interventions rapides pour éteindre les incendies, en hausse depuis ces huit dernières années.

Othman et sa petite équipe disposent de moyens limités, tels que des drones et quelques outils, la question du financement demeurant leur principale difficulté. Il espère que cette récompense donnera « un coup d’accélérateur à son projet » et qu’il pourra agrandir son équipe par la suite.

Le deuxième prix de cette catégorie a été attribué à Mehdi Ben Sira pour son projet « Ocean Horizons », qui a attiré l’attention avec son idée, qui consiste à protéger le sentier qui longe le gazoduc transatlantique et traverse la province algérienne de Saïda, où réside Mehdi, en équipant ce sentier, en y aménageant des points d’eau et en préservant les espèces végétales rares qui y poussent.

Conscient que seuls 5 % des Algériens accueillent favorablement son idée, comme c’est le cas pour les projets environnementaux similaires dans les pays arabes, Mehdi considère que ce prix est plus qu’une simple récompense : « C’est l’image de notre gouvernorat que nous mettons en valeur ici. Je veux faire connaître au monde entier le gouvernorat de Saïda et ses lieux touristiques. Cela permettra à mon projet de prendre de l’ampleur ».

Le Palestinien Saad Hanani (24 ans) a remporté le dernier prix décerné par le jury et le comité de vote avec son projet « Furange », dont l’idée est d’exploiter l’écorce d’orange en extrayant la cellulose et en la transformant en fils et en vêtements.

Saad s’est dit à la fois heureux et surpris de cette récompense, car il avait du mal à croire qu’il avait remporté un prix après être passé à côté de ceux décernés dans la catégorie « Innovation environnementale ». « C’est la preuve que les jeunes palestiniens, malgré toutes les circonstances difficiles, peuvent participer, concourir et gagner », a-t-il déclaré.

D’autres projets ont figuré parmi les finalistes, mais n’ont pas eu la chance de recevoir un prix : le projet de protection du patrimoine local dans l’oasis de Timimoun, en Algérie, porté par Fadila Daldli ; le projet sur les semences (Association CEDAR) présenté par Hicham Chenaker, lui aussi originaire d’Algérie ; et le projet « REMER » présenté dans la catégorie « Innovation environnementale » par la Libanaise Margot Mrad, portant sur l’introduction de bactéries bénéfiques dans le sol pour le vivifier et améliorer sa fertilité.

Margot ne s’attendait pas à atteindre la finale, son projet n’étant pas lié aux forêts, contrairement aux autres. Par conséquent, elle s’est dite fière d’avoir participer au concours même si elle n’a pas remporté de prix.

Le concours EyesOnEarth fait suite aux deux campagnes précédentes menées par le programme EU Neighbours South : EyesOnGreen, consacrée à l’entrepreneuriat vert, et EyesOnBlue, aux problèmes liés à l’eau.

« Cette année, nous avons décidé de nous intéresser aux forêts, qui sont très importantes pour notre planète », explique Joumana Brihi, cheffe d’équipe du programme EU Neighbours South. La nouvelle campagne est alignée sur la stratégie de l’UE pour les forêts pour 2030, qui reflète l’engagement de l’Union européenne à protéger les forêts, à promouvoir leur gestion durable et à préserver leur biodiversité en tenant compte de l’atténuation du changement climatique.

Joumana explique à quel point elle est fière des projets qui ont été récompensés : « Les jeunes entrepreneurs sont de véritables acteurs du changement ; ils font la différence dans cette région, malgré les terribles difficultés que nous traversons ».

Les critères qui ont été utilisés par le comité d’experts pour évaluer les projets étaient « l’incidence sur les forêts, la réduction des émissions et le reboisement », comme le rappelle Joumana, avant d’ajouter : « mais nous avons aussi pris en considération les aspects sociaux, tels que l’ampleur de l’initiative ou du projet, son évolutivité, ainsi que les performances de l’équipe et sa capacité à sensibiliser le public ».

Les lauréats bénéficieront d’un soutien financier, mais, selon Joumana, le soutien le plus important est celui apporté aux niveaux de la communication, de la vision et de la collaboration.

La cérémonie de remise des prix s’est déroulée en présence de l’ambassadeur Christian Berger, chef de la délégation de l’Union européenne en Égypte, qui a remercié les entrepreneurs en ces termes : « Vous avez proposé des idées formidables. Vous préservez votre avenir et un peu le mien également. Je pense que nous devons tous travailler et redoubler d’efforts pour être sûrs de pouvoir réaliser les objectifs que le monde s’est fixés, à savoir réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre les objectifs climatiques ».

Christian Berger a ensuite évoqué le travail accompli par l’Union européenne en Égypte : « Nous sommes très actifs dans le domaine de l’environnement, notamment en ce qui concerne la question des énergies renouvelables. Étant donné qu’il y a beaucoup de vent, de soleil et de terres en Égypte, nous pouvons y installer des parcs éoliens et des panneaux solaires. Nous sommes heureux que cela devienne une réalité grâce à notre soutien. L’autre question concerne le traitement de l’eau. Je pense que ces deux aspects sont importants dans ce que vous avez fait dans le cadre de ce concours et dans ce que vous ferez par la suite ».

Convaincus que les forêts sont des « alliées puissantes et importantes » dans la lutte contre le changement climatique dans la région méditerranéenne, qui s’est réchauffée et compte quelque 180 millions de personnes subissant vagues de chaleur, incendies de forêts, sécheresses et pollution atmosphérique, le programme de communication sur la PEV-Sud et ses partenaires SwitchMed/MedWaves et l’Institut européen des forêts ont collaboré pour lancer ce concours.

 

Outre la présentation des résultats du concours et des projets lauréats, la cérémonie a également été marquée par les discussions menées dans le cadre de « TEDx Mahta AlRaml ». Douze personnes originaires d’Égypte, d’Algérie, du Liban, de Jordanie et du Maroc ont pris la parole pour parler de leurs expériences, de leur parcours et de leur vision de la protection de l’environnement, de l’adaptation au changement climatique et de l’entrepreneuriat.

L’écrivain et entrepreneur égyptien Mahmoud Mansi a évoqué « l’idée d’atteindre les objectifs sans nuire aux ODD, en formant les employés et les bénévoles, et non en les mobilisant, et en connaissant les besoins de l’endroit où l’on vit ». Ghaith al-Momani, de Jordanie, a parlé de l’expérience qui a débuté à Aqaba en ce qui concerne le tourisme écologique. Lahcine Majdoubi a quant à lui présenté son projet autour du vélo dans son pays, le Maroc, qui vise à promouvoir un mode de vie préservant l’environnement.

Nour Hazem, une participante originaire d’Alexandrie, ville menacée par la montée des eaux due au changement climatique, a mis l’accent sur le rôle des femmes dans la protection de l’environnement et sur la nécessité de les soutenir. « Au début, j’étais vraiment nerveuse, mais également très enthousiaste. L’UE nous a donné l’occasion de découvrir les projets d’autres personnes de différents pays et de dialoguer avec elles », a-t-elle déclaré à la fin de la cérémonie.

Les activités de l’UE ont suscité beaucoup d’enthousiasme chez les participants présents dans la salle. Des questions ont été posées sur l’UE et l’environnement par l’intermédiaire d’EU Jeel Connect, un réseau créé pour promouvoir les possibilités offertes par l’UE aux jeunes, le réseautage et la communication, qui est dirigé en Égypte par Ahmed Yassin.

Ahmed a participé aux programmes de sensibilisation qui ont eu lieu récemment dans des écoles égyptiennes dans le cadre de la campagne EyesOnEarth. Non seulement de nouveaux projets et initiatives ont vu le jour, mais des bénévoles et des représentants de l’UE se sont également mobilisés pour nettoyer des forêts et planter des arbres au Liban, en Tunisie et en Algérie. L’Égypte n’ayant pas de forêts, des programmes de sensibilisation ont été organisés dans des écoles.

Ahmed revient sur sa participation : « Les activités de sensibilisation dans les écoles ont été très dynamiques. Nous avons commencé par discuter avec les enfants, puis nous sommes passés à la pratique sur le terrain, avec la plantation d’arbres. Nous avons aussi essayé d’aborder les problèmes des déchets et de l’eau ».

La campagne a également été étendue aux médias sociaux, avec la diffusion de vidéos sur les huit pays du voisinage Sud destinées à présenter certains des projets financés par l’UE dans chaque pays, ainsi que des messages de sensibilisation sur les forêts. « Les médias sociaux sont notre meilleur atout pour sensibiliser en permanence le public », souligne Joumana Brihi, cheffe d’équipe du programme EU Neighbours South.

 

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