La solidarité dans les veines : un étudiant syrien réfugié amorce des changements au sein de la communauté

Novembre 2, 2020
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Face à des situations extrêmes, de nombreuses personnes ont tendance à sombrer dans le désespoir et à s’apitoyer sur leurs propres difficultés. Cela n’a pas été le cas d’Osama Ahmad, un jeune réfugié syrien qui a décroché sa licence à Amman après avoir fui la Syrie il y a huit ans. Témoin des effets dévastateurs de la crise de la COVID-19 sur sa communauté d’accueil, le jeune étudiant s’est porté volontaire pour apporter espoir et soutien à ceux qui en avaient besoin. 

Dynamique et loquace, Osama Ahmad n’a rien à envier aux meilleurs conférenciers. Pourtant, au lieu de choisir la célébrité, le jeune homme a décidé d’utiliser ces compétences sociales à des fins altruistes et de s’engager dans plusieurs initiatives de bénévolat. « Même avant l’université, j’essayais toujours de venir en aide aux autres. Dès que trouvais une occasion d’aider, je la saisissais et je tendais la main aux personnes les plus démunies », se souvient le jeune réfugié syrien diplômé, en 2016, du programme EDU-SYRIA I, financé par l’Union européenne dans le cadre du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne, le Fonds Madad de l’UE.

Malgré la situation extrêmement difficile qu’il traverse depuis qu’il a fui la Syrie en 2012, le jeune homme a été une étincelle d’espoir et d’optimisme dans sa communauté d’accueil. Son optimisme a néanmoins été mis à l’épreuve lorsque la pandémie de COVID-19 a atteint la banlieue d’Amman, où il vivait depuis huit ans. « Ma soif d’aider était encore plus grande. Je me suis donc rapproché d’une ONG locale pour lui proposer mon aide. »

Osama savait que son aptitude naturelle à communiquer, qui lui avait tant profité dans le passé, pouvait être mise au service de sa communauté. « J’avais non seulement la même langue maternelle que les gens autour de moi, mais aussi la même culture étant donné que j’ai vécu la majeure partie de ma vie en Syrie. Cela me donnait un avantage pour venir en aide à d’autres réfugiés. » L’ONG a donc confié à Osama les tâches les plus « sensibles », qui consistaient notamment à se rapprocher des familles de réfugiés syriens isolées et non enregistrées vivant dans différentes régions de Jordanie. Après avoir établi un premier contact avec ces familles, Osama pourrait ainsi gagner leur confiance et les informer avec tact et dans un esprit de collaboration.

« Mon premier objectif était de trouver des moyens de prévenir la propagation du coronavirus et de garder l’épidémie sous contrôle », déclare-t-il, expliquant qu’il a sensibilisé les différentes familles syriennes à la distanciation sociale, à la règle des deux mètres de distance et à l’importance du lavage fréquent des mains à l’eau et au savon. Bien qu’élémentaires, un certain nombre de règles étaient encore méconnues des communautés locales. Osama était résolu à faire connaître cet « ennemi invisible » en insistant notamment sur la façon dont il se propage, les zones géographiques dans lesquelles il circule, ainsi que ses signes et ses symptômes. « Je leur ai expliqué qu’il est important d’éviter les endroits très fréquentés ainsi que le rôle des masques et des gants comme mesures préventives, tout en les informant constamment sur la situation et la propagation du virus. » Pour Osama, il était essentiel de préciser les raisons à l’origine de ces mesures pour que les communautés les intègrent.

En outre, le jeune homme a communiqué aux familles les coordonnées de la direction du ministère de la Santé et de la Protection civile, les encourageant à signaler tout cas suspect de COVID-19. « Je les ai également encouragées à demander des éclaircissements ou toute information dont elles pouvaient avoir besoin pour mieux se protéger elles-mêmes et leur communauté. » Devenu un partenaire de confiance au sein de la communauté syrienne locale, Osama a pu étendre la portée de son travail de bénévole en s’attaquant aux problèmes de résidence, de statut juridique et financiers des familles syriennes. « J’ai discuté avec toutes les familles pour déterminer le statut de résidence de chacun de leurs membres et les aider à régulariser la situation en cas de besoin en les orientant directement vers une assistance professionnelle ou en passant par les ONG locales auprès desquelles j’étais bénévole. »

Osama voulait aussi aider les communautés d’accueil, qui s’étaient montrées si accueillantes à son égard. « J’ai contacté Operation Mercy pour offrir mon ‘expertise’ en matière de sensibilisation des communautés, notamment grâce à mon expérience concernant la COVID-19. » Cette fois, il est allé à la rencontre de familles syriennes et jordaniennes dans l’intention de constituer une base de données spécifique sur les familles défavorisées qui avaient besoin d’un soutien financier. « Grâce à cette base de données, nous avons pu préparer et mettre en œuvre des programmes d’aide, notamment une aide en espèces de 70 dinars jordaniens (environ 88 euros) pour le ramadan, qui a eu lieu pendant la pandémie. Pour moi, il est primordial de tendre la main aux personnes les plus démunies et défavorisées, qu’il s’agisse de réfugiés syriens ou de Jordaniens vulnérables », estime Osama en insistant sur le fait que les deux communautés doivent être soutenues pour « renforcer la cohésion sociale et l’harmonie entre les personnes accueillies et celles qui les accueillent ».   

EDU-SYRIA

EDU-SYRIA est une série de projets toujours en cours et ayant débuté en 2015. Ces projets sont financés par l’UE via MADAD en réponse aux crises syriennes. Par conséquent, les principaux bénéficiaires sont les réfugiés syriens et les jeunes Jordaniens défavorisés. L’objectif ultime des projets est d’améliorer les conditions de vie de ces bénéficiaires en leur offrant des opportunités d’enseignement supérieur grâce à un ensemble de bourses accordées à des diplômés du secondaire depuis 2015.

EDU-SYRIA I a été initié fin 2015 grâce à un fonds de 4 millions d’euros qui a permis de financer 390 programmes accrédités par l’enseignement supérieur entre masters, bachelors et diplômes professionnels. Une deuxième subvention du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne – Madad a été accordée, d’un montant de 11 millions d’euros, a permis d’initier le programme EDU-SYRIA II en octobre 2016. Le projet était le plus important en Jordanie en termes de nombre de bourses d’études supérieures accordées, soit 1000 au total. Un complément de subvention d’un montant de 2,6 millions d’euros a été versé en 2019, permettant l’octroi de 200 bourses d’études supérieures supplémentaires. EDU-SYRIA III a été lancé en janvier 2020 avec un fonds de 15 millions d’euros. Les composantes/actions de cette troisième phase sont plus diversifiées et incluent notamment certaines la réintégration de jeunes adultes qui ont précocement quitté l’école. Au total, 2245 bénéficiaires entre Syriens réfugiés et Jordaniens défavorisés.  

Le Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne – Madad

Depuis sa création en décembre 2014, une part importante de l’aide non humanitaire de l’Union européenne aux pays voisins de la Syrie est fournie par le biais du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne, le Fonds «Madad» de l’UE. Ce Fonds apporte une réponse plus cohérente et intégrée de l’aide de l’UE à la crise et répond principalement aux besoins économiques, éducatifs, sociaux et sanitaires des réfugiés syriens dans les pays voisins tels que la Jordanie, le Liban, la Turquie et l’Irak. Le Fonds soutient également les communautés locales débordées et leurs administrations.  

Pour en savoir plus

Site web de la Délégation de l’UE en Jordanie

Site web EDU-SYRIA

Site web MADAD

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