Les « Entrepreneurs Verts » de SwitchMed : un incubateur à success stories

Janvier 25, 2017
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Produire du véritable chocolat à Ghardaïa, la porte du Sahara algérien, c’est là le pari fou que se sont lancés Rima et Hamou Boussadda, sœur et frère dans la vie et associés en affaire.

En réalité, c’est une série de défis qu’ils tentent de relever depuis deux années : valorisation des dattes molles, production de rob (sirop de datte) et de vinaigre, et transformation des noyaux en aliment de bétail.

Hamou, diplômé en sciences de biotechnologies végétales à l’université d’Alger, a constaté que d’importantes quantités de dattes étaient jetées du fait de l’incapacité des phoeniciculteurs de les commercialiser. « Les agriculteurs des palmeraies de la région ne parvenaient plus à vendre certaines qualités de dattes molles, tels la Bent Kbela et la Tajizawane. D’importantes quantités de fruits n’étaient plus récoltées. Une perte énorme avec le risque de perte de cultivars entiers », explique-t-il lors d’une rencontre à Ghardaïa.  

Un marché très intéressant s’offre ainsi à Rima et Hamou. Les Boussadda ont de la suite dans les idées. Ils sont persuadés qu’il est possible de valoriser des quantités de dattes plus importantes. « Un jour, nous avons eu l’idée d’enrober des dattes avec du chocolat. Mais contrairement aux autres confiseurs, nous avions décidé d’utiliser du chocolat belge de qualité supérieure ». Ainsi naquit la marque de chocolat Rima, en hommage à sa sœur qui l’a encouragé à lancer ce projet.

Hamou et Rima se lancent ensuite dans la production de rob et de vinaigre de dattes. En une année, les quantités totales de fruits valorisées passent de 20 à 150 tonnes fournies par des producteurs de plusieurs villes du Sud algérien. Rien ne se perd puisque même les noyaux sont utilisés comme aliment pour le bétail. 

SwitchMed

 

L’apport Switchmed

En 2015, la petite entreprise de Ghardaïa est retenue dans le cadre des « Entrepreneurs Verts », une action du programme de l’Union européenne Switchmed.

« Nous avons soumis un projet sur trois axes afin de parvenir à la standardisation de la production du vinaigre et du rob, l’élaboration d’un protocole de travail pour l’extraction d’huile de noyaux de dattes (matière utilisée par l’industrie cosmétique) et, enfin, la production de chocolat de qualité supérieure à partir de fèves de cacao », note le jeune entrepreneur.

Le dossier répond parfaitement aux critères arrêtés par Switchmed, à savoir le respect des principes d’économie circulaire, de développement local durable et de rentabilité. Hamou et Rima sont très optimistes, le processus avance bien puisque la convention portant désignation des experts est actuellement en cours de finalisation.

« Le Printemps » ou le juste retour à la nature

Partons plus au Nord, à Bejaïa, sur la côte de la méditerranée pour suivre d’autres « Entrepreneurs Verts » soutenus par Switchemed. C’est dans leur ville natale que Nardjess et Aniss Ouazane ont lancé leur projet de coloration naturelle de tissu. Financière de formation, Nardjess rencontre son époux lors d’une formation en aéronautique.

Mais pas question de piloter des avions, ils préfèrent se poser au « Printemps », l’atelier de confection de couettes créé quelques années auparavant par la maman d’Anis.

Les deux artisans travaillent à la commande. Les clients passent directement à l’atelier, choisissent le tissu et la taille de la couette puis reviennent la récupérer quelques jours plus tard. « La qualité de nos produits et les tarifs sont nos principaux atouts », dit Anis. Il tient à rendre hommage à son épouse qui a apporté une note de créativité et d’originalité à la petite affaire familiale. 

 

SwitchMed

 

En effet, Nardjess a constaté qu’il était possible de récupérer les chutes de tissu pour en faire d’autres produits qu’elle réalise dans un autre atelier. Sac de rangement, poupées, boites customisées, corbeilles, landaus, assises de chaises… son imagination n’a pas de limites.  « J’ai toujours aimé la couture. C’est une passion depuis mon plus jeune âge et j’avais enfin la possibilité d’en faire mon métier », note-t-elle.

Mais le travail du jeune couple est bridé par la qualité des tissus et les motifs disponibles sur le marché algérien. Avec la disparition de l’industrie textile nationale, l’essentiel du tissu provient de Chine. Selon Anis, « ce marché est le monopole de quelques importateurs peu soucieux des notions de qualité et d’esthétique ».

L’idée de produire leurs propres étoffes s’impose par elle-même. Et c’est là qu’intervient Switchmed. « Nous avons postulé au programme des Entrepreneurs verts afin d’acquérir des techniques pour imprimer nos tissus avec des colorants naturels. Les teintes naturelles sont disponibles en abondance localement. Elles sont extraites de l’indigo, la betterave, la grenade ou encore l’épinard ».

Le dossier qu’ils ont présenté comprend également des formations pour établir un business plan, apprendre les techniques du design et élaborer un processus de valorisation des chutes de tissu. Nardjess et Anis attendent avec impatience la désignation des experts chargés de les accompagner afin de réaliser leurs objectifs. Une autre success story en cours d’écriture grâce à l’apport de Switchmed. 

Pour en savoir plus :

Programme SwitchMed pour les éco-entrepreneurs http://switchmedentrepreneurs.eu/fr/

Site internet www.switchmed.eu

Facebook www.facebook.com/switchmed.eu?ref=br_rs

 

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Développement durable